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Lutèce 2

 Cette  Plaquette  "Lutèce 2"  fait suite à la plaquette "Lutèce 1",
Elle traite de la bataille elle-même.
 
                                                                                

 CHAPITRE II        LA BATAILLE  DE LUTECE.

 Par Marc Terrasson

 

                    Depuis le XIXe siècle, les historiens situent l’affrontement sur la rive gauche, et chacun accepte sans examen cette version, disputant seulement de la position du marais qui arrêta les Romains à leur arrivée.

Pourtant, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle les commentateurs plaçaient l’ultime bataille au Nord de la Seine.

 

                  En 1985, une thèse de l’historienne Anne Lombard-Jourdan publiée au C. N. R .S. (5), rétablit l’interprétation d’une rencontre sur la rive droite. Même si l’on n’adhère pas à la totalité des conclusions de cette historienne médiéviste, l’hypothèse que l’on peut formuler en s’appuyant sur trois de ses affirmations donne une version des combats séduisante, et militairement plus intéressante que les narrations situant le dernier acte au Sud du fleuve : grâce à elle, on peut suivre pas à pas le texte de César et découvrir les différentes phases de la campagne, sans être obligé de faire appel aux imprécisions volontaires du proconsul, comme y invitent certains exégètes des Commentaires.

 

                            Nous examinerons successivement les thèses traditionnelles, les éléments nouveaux apportés par cette publication du C.N.R.S., enfin l’hypothèse, qui peut en résulter, d’une bataille sur la rive droite, plus vraisemblable du point de vue militaire, que les solutions ordinairement retenues.

 

A / Les versions officielles.

        

            Après la réunion de Decize (B.G. VII, 34), César envoie Labienus, avec quatre légions, réduire les Senons et les Parisii, pendant que lui-même, avec six autres, part pour Gergovie.   Labienus se rend à Sens, persuade, peut-être par la force, les Sénons de revenir à de meilleurs sentiments, et dépose ses bagages lourds à proximité de leur capitale, dans un camp placé sous la garde des jeunes recrues nouvellement arrivées.

Puis il monte à Lutèce en suivant un axe qui, aujourd’hui, est celui de la RN 7.

 

           Pendant ce temps, Camulogène, l’Aulerque Eburovice qui a reçu le commandement des cités révoltées du Bassin parisien, s’est installé à l’abri d’un « marais continu qui s’écoule vers la Seine » - perpetuam esse paludem quae influeret in Sequanam – et en a valorisé les défenses

         Ce marais correspond au confluent de l’Essonne pour Camille Jullian, Napoléon III et le Général Creuly, à celui de l’Orge pour Quicherat, et aux bouches de la Bièvre pour de Saulcy, Houssaye, Victor Duruy et Paul-Marie Duval. (6).

 

           Ne pouvant forcer la défense gauloise appuyée sur cet obstacle, Labiénus fait demi-tour, se dirige vers Melun, ramasse une cinquantaine de bateaux, jette un détachement dans la ville et s’en empare sans trop de peine, la majorité des hommes ayant rallié les troupes de Camulogène. Il rétablit les ponts coupés par les Sénons, passe sur la rive droite et retourne à Lutèce en suivant le fleuve et en ramenant les bateaux saisis. 

Puis il établit son camp vers Saint-Germain-L’Auxerrois. (7)

 

           A l’annonce de son retour, Camulogène quitte l’abri du marais (la Bièvre, l’Orge ou l’Essonne ?), coupe les ponts de la cité, brûle la ville et s’installe en face de la position de Labiénus (c’est-à-dire vers l’Institut).

C’est alors que parviennent au Romain des nouvelles alarmantes : César a quitté Gergovie et, contraint par la disette, a pris le chemin de la Province, les Eduens se sont révoltés, un soulèvement général est imminent, et les Bellovaques mobilisent.

 

           Devant la menace de deux armées ennemies - Camulogène et les Bellovaques - et la rébellion généralisée qui s’annonce, Labiénus comprend qu’il convient de changer ses plans.
 

 

 

La Bataille de Lutèce, version officielle, d’après les éditions Hachette (édition 1914).

 

 

           Comme il est «séparé de ses bagages par un grand fleuve » (B.G. VII, 59 : tum legiones a praesidio atque impedimentis interclusas maximum flumen distinebat) il juge que la priorité est maintenant de ramener son armée saine et sauve à Agedincum. 

 

            Il décide donc de repasser sur la rive gauche, et pour éviter une intervention gauloise durant le franchissement, monte une manœuvre d’intoxication : à la nuit tombée il envoie en secret ses cinquante bateaux l’attendre à six kilomètres en aval, laisse une demi-légion à la garde du camp, et donne l’ordre à l’autre moitié de remonter bruyamment le long de la Seine vers Charenton et Corbeil ; en plus, il envoie à grand fracas des barques dans la même direction pour faire croire aux Gaulois soit qu’il retraite vers Sens, soit qu’il projette de traverser la Seine en amont.

 

            Puis il rejoint discrètement, avec trois légions et la cavalerie, les bateaux qu’il a envoyés à hauteur de Chaillot (B. G. VII, 60  ; il entame le franchissement après avoir supprimé – à la faveur d’un orage inespéré – les vedettes gauloises placées en surveillance le long du fleuve.

À l’aube, Camulogène est informé des différents mouvements repérés : il charge deux petits détachements de l’observation du camp romain et du contrôle des éléments qui remontent la Seine, puis se dirige avec le reste de ses forces vers le franchissement signalé en aval  (8).

Au lever du jour, il découvre l’armée romaine déjà rangée en bataille sur la même rive gauche que lui. Il prend ses dispositions de combat, se place à l’aile droite des troupes gauloises, face à la XII° légion de Marc Antoine et engage l’action.

 

Au premier choc la gauche celte rompt (B. G. VII, 62), et la VII° légion (l’aile droite romaine) se rabat derrière Camulogène, qui se fait tuer sur place avec une partie de ses soldats.

 

 
(5)  Ouvrage ciré ci-dessus.

(6)- P.M.Duval - Paris antique, des origines au III° siècle - Paris, Hermann - 1961.

(7).  Pour Camille Jullian et la majorité des historiens ; à Créteil, pour  J.Quicherat.

 
 
B /  L’étude de Madame Lombard-Jourdan.

 

Du mémoire de cette historienne, j’ai retenu - en plus du trajet de l’ancien bras mort, exposé ci-dessus par Cl. Delas - deux  propositions.

 

  -1). La première proposition concerne le parcours, à proximité de Lutèce, d’un rameau de l’ancienne route  Lyon - Chalon -  Meaux – Boulogne.

          La route passait à l’Est de l’île, sur le flanc des hauteurs de Charonne, Ménilmontant, Belleville, et des Buttes Chaumont, au dessus des laisses d’inondation, comme tous les chemins de l’époque (Cf. annexe5).

          Par le col de la Chapelle, elle rejoignait Saint-Denis – où une branche bifurquait vers Rouen - puis se dirigeait vers Amiens par Clermont ou Beauvais.

          De l’autre coté, elle sortait à la Porte Dorée, franchissait la Marne aux gués de Saint-Maurice, puis, par Maisons-Alfort et Bonneuil, rejoignait Brie-comte-Robert, Guignes et Nangis, pour continuer vers Provins et Troyes, ou bifurquer vers Sens par la région de Bray.

 
L’axe Nord-Sud (rue Saint-Martin, rue Saint-Jacques) n’existait pas dans la Gaule indépendante, à cause du marais Nord, justement,  et sans doute aussi du peu d’importance que présentait encore la cité des Parisii ; une bretelle partait de la vieille route et franchissait le marais – peut-être de la Nation jusqu’à l’emplacement de ce qui sera le pont Perrin – puis, après le « monceau » Saint Gervais, profitant des facilités offertes par les îles et par les ponts qui y avaient été construits, traversait le fleuve en direction d’Orléans. 

 

 

 

La vieille voie gauloise à proximité de Lutèce.

 

 

 

         Cela signifie qu’à l’origine, Lutèce n’était vraisemblablement qu’un petit oppidum sur une île du fleuve, percevant des péages sur les marchandises qui suivaient ou traversaient la Seine, et pas encore le gros carrefour commercial fluvio-routier de l’époque gallo-romaine.

Les axes Nord-Sud traversant la capitale sont une conséquence de la Pax Romana, et de l’importance administrative et commerciale prise progressivement par la ville.

 

          Labiénus,  partant de Sens avec ses quatre légions, aurait donc emprunté le chemin celte existant à l’époque, qui montait sur le plateau au Nord de Saint – Clément, passait à l’est de Sergines et de Compigny, et franchissait la Seine aux gués de Jaulnes, 3 kilomètres à l’Est de Bray (9). Il aurait pris ensuite à Maison-Rouge l’itinéraire de la RN 19 sur les plateaux Briards, et longé les marais de Seine sur les hauteurs Nord-Est de Lutèce.

 

Un chemin devait exister sur les rives gauches de l’Yonne et de la Seine, mais il paraît ne pas avoir eu d’intérêt économique pour les cités voisines, et n’avoir pas été développé avant la conquête, sans doute à cause des zones inondables et des confluents marécageux qu’il traversait.

 

 

 

 

 

La voie gauloise Agedincum-Lutèce.

 

 
(8). Ce qui prouve qu’il n’a pas été dupe de la manœuvre d’intoxication du Romain.         Cependant, celle-ci a probablement retardé sa prise de décision.

    

 
 
 
 

-2). Deuxième proposition de Madame Lombard-Jourdan : la basse-Yonne était une rivière très difficile à franchir surtout au printemps, époque des crues (10), ce qui sous-entend qu’aucun pont n’existait à Sens ni à Montereau. D’après Madame Lombard-Jourdan, c’est l’Yonne, le maximum flumen qui sépare Labiénus de son dépôt d’Agedincum, où il décide de ramener ses troupes.

Qu’il n’y ait eu de pont sur l’Yonne ni  à Montereau, ni à Sens est plausible : Montereau, s’il existait, n’était sans doute qu’un village adossé à la rivière et l’on y date de l’époque d’Auguste l’aménagement d’un gué sur l’Yonne.

 

 En ce qui concerne Sens, la ville gauloise d’Agedincum est positionnée par les archéologues au quartier Saint-Paul, limite Sud de la ville actuelle, au bord de la Vanne. Celle-ci n’ayant pas encore été ponctionnée pour l’alimentation en eau de Paris, avait un débit beaucoup plus important qu’aujourd’hui. La rive gauche de la basse-Yonne, qui a changé de lit plusieurs fois aux époques historiques, était marécageuse et parsemée de bras vagabonds.

Les deux gués utilisés quelques siècles plus tard (en aval, au barrage à hauteur de Sainte Colombe, et en amont, à l’écluse près de la ferme de Champ Bertrand) devaient, s’ils existaient déjà, être inaccessibles à cette période de l’année.

 

 
 

(9). C’est semble-t-il, ce tronçon que suivra quelques années plus tard, la voie d’Agrippa de Lyon à Boulogne par Auxerre et Meaux, avec un tracé s’écartant parfois de quelques hectomètres de celui du vieux chemin gaulois, redressé, en plus, par les lignes droites chères aux arpenteurs romains.

 

(10)- A la même date, César nous dit que l’Allier était grossi par la fonte des neiges, et ne serait pas guéable avant l’automne (VII, 36).

 

 

 

_4). De ces trois affirmations :

 

Celle qui concerne le bras mort de la Seine est certaine, attestée par la géologie de l’Ile de France, par nombre d’écrits, et par tous les architectes ayant à prendre en considération le sous-sol parisien de la rive droite.

 

La seconde est probable. Aucun texte n’existe, à notre connaissance sur le tracé exact des routes celtiques, et s’il est plausible que les géomètres latins aient – lorsque cela leur était pratique - utilisé les anciens chemins gaulois pour jalonner les voies gallo-romaines, on ne peut rien extrapoler des vestiges routiers que l’on date des premiers siècles de notre ère.

      En effet, les impératifs stratégiques qui ont présidé au tracé des premières voies romaines n’ont probablement pas coïncidé avec les nécessités commerciales des cités de la Gaule Chevelue, et les axes ultérieurs ont été commandés par la défense du Limes,  l’administration des provinces, et les nouveaux besoins du négoce de l’Empire.

      Par contre, l’archéologie et les textes connus situent sur les plateaux et à mi-pente des vallées, les axes de communication protohistoriques qui évitent soigneusement les bas-fonds inondables et les zones marécageuses.

       La route Agedincum-Lutetia empruntait donc vraisemblablement les plateaux sur le tracé de la RN 19 et évitait tous les terrains fangeux.

       Plus tard, la paix romaine et l’installation de la ville des Parisii sur la rive gauche, amenèrent la construction d’une voie qui passait par la rue Mouffetard, la place Saint-Médard, les avenues des Gobelins et de Choisy, l’intervalle entre Vitry et Orly, puis franchissait l’Orge à Juvisy et l’Essonne à Corbeil.

 

Quant au troisième principe, il est plausible, compte tenu du gros débit de l’Yonne et des crues capricieuses qui affectent cette rivière à la fin de l’hiver et au printemps. Le fait qu’il soit difficile de dater les premiers ponts de Montereau et de Sens n’implique nullement qu’ils existaient avant la conquête. 

            Au contraire, les travaux d’approfondissement du lit de l’Yonne à hauteur du confluent, en novembre 1971 (11), ont apporté un éclairage nouveau sur cette question:

Les dragages ont remonté, mélangées au sable et à la vase, 3.928 pièces de monnaies. 

Mille quatre cent cinquante deux  d’entre elles s’avérèrent inutilisables du fait de leur mauvais état de conservation ; les autres couvrent une période allant de l’indépendance au règne de Gratien, à la fin du IV° siècle.

               Les spécialistes admettent aujourd’hui que la présence de tels dépôts dans un lit de rivière, marque la présence d’un gué difficile, et représentent les offrandes propitiatoires offertes par les passants  pour se concilier les divinités du fleuve (12).

 

  

(11)- Réflexions sur l’origine des ponts de Montereau…par G.R. Delahaye. Bulletin de la société d’histoire et d’Archéologie de Provins N° 138- 1984.

 
(12) Des bacs existaient en général à proximité des gués : Ils n’étaient utilisés, en basses eaux, que par les riches qui pouvaient acquitter les droits de passage, mais par presque tout le monde lorsque le gué devenait impraticable par hautes eaux, en raison du danger représenté par le courant, et le volume d’eau charrié par la rivière.

C’est à ces moments-là  que les plus pauvres (ou les plus avares) devaient se résoudre à donner une offrande aux dieux des eaux, puis à risquer le passage à gué.

              Le début du cinquième siècle marque donc, soit la perte de crédibilité des dieux aquatiques dans le panthéon gallo-romain de la région – peut-être sous la pression du christianisme – soit plus probablement, la construction d’un premier pont sur l’Yonne, entre Sens et le confluent, ou plutôt à hauteur de Montereau.

 

 

C/ La Bataille de Lutèce telle qu’elle s’est déroulée. ( ?)

Si l’on retient comme postulats ces trois propositions, la bataille qui en découle devient intéressante et beaucoup plus vraisemblable que les hypothèses de Jullian, de Quicherat ou de Victor Duruy.

 

                 Labiénus arrive donc par Nangis et Brie-Comte-Robert, passe la Marne aux gués de Saint-Maurice - ou un peu en amont, pense Cl. Delas - et s’installe sur les hauteurs de Ménilmontant, par exemple vers le Père-Lachaise. Il trouve, obstrués et fortifiés, les passages permettant de traverser le marais derrière lequel s’est retranché Camulogène. Il tente de forcer le franchissement, mais, ne pouvant y parvenir, il repart de nuit en catimini, et oblique vers Melun.

 

Il ramasse une cinquantaine de bateaux sur la Seine, prend la ville, rétablit les ponts, et revient par la rive gauche (en suivant le fleuve et, en gros, le tracé de la RN 7).

 

Camulogène, qui espérait sans doute être débarrassé des Romains (Cf. annexe 6), est prévenu de leur retour sur l’autre côté du fleuve. Devant la menace qu’ils font peser sur la ville – non défendue au Sud par un obstacle infranchissable, comme elle l’est au Nord par le marais - le Gaulois coupe les ponts et incendie l’île de la Cité.

Labiénus arrive devant Lutèce, s’aperçoit que les ponts sont coupés et que la ville est brûlée.

Il place probablement un détachement de couverture sur la Montagne Sainte-Geneviève, face à la Cité et à Saint-Germain-des-Près, et va installer son camp vers la Salpêtrière.

 

      Et c’est alors que lui parviennent les nouvelles inquiétantes, et que le légat, changeant ses plans, décide de ramener ses troupes à Sens, avant que l’intervention des Eduens n’y détruise son dépôt, et que l’arrivée des Bellovaques ne rende, en Ile-de-France, sa situation intenable.

       Car en passant sur la rive gauche, il a fait un pas de clerc : il est séparé de Sens par l’Yonne en crue – le maximum flumen dont parle César – infranchissable à cette saison, et il lui faut résoudre les problèmes liés à deux traversées de la Seine, car il doit maintenant franchir ce fleuve à deux reprises, une fois entre Paris et Montereau, et une deuxième fois à Jaulnes,  en amont du confluent avec l’Yonne.

 

        Camulogène – qui veut pouvoir suivre les déplacements du Romain et intervenir sur un éventuel franchissement du fleuve sans se faire piéger derrière le marais (dont les sorties sont rares et ne laissent s’écouler les troupes que lentement), prend les devants, sort de la « Tutela. » et s’installe face à Labiénus, vers la gare de Lyon, afin de le marquer de plus près.

            Il dispose, vers Sens, d’une route à circulation rapide (pour un chemin gaulois, s’entend) qui lui permettra de devancer, à l’endroit du franchissement, le lieutenant de César qui  n’a, sur la rive gauche, qu’une mauvaise piste très lente à cause de ses nombreux passages fangeux.

 

 

La Bataille de Lutèce : Le déroulement.

 

 

            Or, si les Romains ne craignent pas une rencontre en rase campagne avec une troupe de barbares, même supérieure en nombre, ils redoutent les combats où des éléments extérieurs apportent une aide à l’adversaire :

-         les embuscades en terrain difficile,

-         les franchissements de rivière en présence de l’ennemi,

-         les assauts contre une position bien fortifiée,

-         les surprises en formation de route lorsque la colonne s’étire dangereusement

Ils les craignent au point, soit d’abandonner la partie (Labiénus devant la Tutela quelques jours auparavant, ou César devant le camp gaulois lors du siège d’Avaricum : B. G.VII, 19), soit de n’exécuter leur mouvement qu’après avoir mis au point un leurre destiné à attirer ailleurs les forces adverses (César au franchissement de l’Allier en quittant Decize : B. G. VII, 35, ou avant l’assaut de Gergovie : B. G. VII, 45).

              Labienus se trouve justement devant le deuxième cas : Camulogène, se déplaçant plus vite que lui, peut le suivre sur la rive droite de la Seine, puis celle de l’Yonne, et lui infliger des pertes sévères lors de la traversée : la facilité des déplacements par les plateaux des rives droites permettra à l’avant-garde de l’Aulerque de détruire les ponts de la Seine – et, s’il en existe, de l’Yonne – et de retirer les barques loin du fleuve ou de son affluent.

 

            Pour éviter ce danger, le Romain médite de passer au plus tôt sur la rive droite, avant l’arrivée des Bellovaques. La traversée effectuée, la menace se limiterait alors soit à une bataille rangée (celle-ci n’est pas obligatoire, Camulogène pouvant très bien rentrer à l’abri de la Tutela et le laisser passer) qu’il envisage avec sérénité, confiant dans la capacité manœuvrière et la valeur de ses soldats, et dans sa propre science tactique (13), soit à des tentatives de harcèlement durant la progression, dangereuses seulement pour les groupes isolés, ou en cas de négligence des chefs.

 

 Le problème de Labiénus devient alors le suivant : « Comment passer sur la rive droite de la Seine, au mieux sans me faire attaquer pendant le franchissement, au pire en gagnant le temps nécessaire à l’établissement d’une tête de pont capable de contenir les Gaulois jusqu’à la fin des passages ? »

 

 Pour le résoudre, il monte une manoeuvre destinée, si possible à attirer l’ennemi loin de l’endroit où il compte, de nuit, traverser la Seine, ou au minimum à le diviser et gagner les délais qui lui permettront de ne recevoir, au point de débarquement, et avec un certain retard, qu’une partie des forces gauloises.

 

              Vers 21h 30, il envoie silencieusement les cinquante bateaux qu’il a ramenés de Melun (et qu’il avait sans doute camouflés dans le marais situé à l’embouchure de la Bièvre) l’attendre à six kilomètres en aval (B. G. VII, 60), c'est-à-dire camouflés dans les bras situés au Sud-Est de ce qu'on appelle - par esprit gaulois, dit Claude Delas -  l’ancienne île Maquerelle (Cf. annexe 7).

Puis il partage en deux la plus jeune de ses légions, en laisse une moitié à la garde du camp, et donne à l’autre l’ordre de prendre vers minuit, à grand tumulte, le long de la Seine, la route Gare d’Austerlitz – Juvisy en direction de Corbeil.   A hauteur de cette troupe, les barques réquisitionnées sur place remonteront bruyamment le fleuve.

 

          Enfin, il sort en silence de son camp avec trois légions et la cavalerie et, par les boulevards Saint-Marcel, Port-Royal, Montparnasse, en passant par l’hôpital Necker et l’avenue de Suffren, il retrouve ses bateaux à hauteur de la tour Eiffel, et embarque à l’abri des îlots occupant ce qui sera plus tard, au temps de Louis XIV,  l’île Maquerelle (Cf. Annexe 7).

A la faveur de l’orage, il traverse – soit vers le Trocadéro, soit un peu plus en aval, estime Cl. Delas, vers le Point-du-Jour - liquide les postes de surveillance gaulois placés sur la rive droite (B. G. VII, 61), établit une tête de pont, probablement à hauteur de Passy, et fait traverser ses troupes.

 

          Au jour, il livre bataille, sans doute dans la plaine d’Auteuil, (14) contre des Gaulois qui commettent l’erreur de désobéir aux ordres de Vercingétorix et d’accepter un combat rangé en terrain découvert  (B.G., VII, 62). Comme prévu, la discipline des troupes romaines, leur capacité manœuvrière, leur expérience des affrontements en Gaule, et ses propres qualités tactiques permettent au légat de César de remporter la victoire.

 

(          Les Gaulois se font tuer ou se débandent ; les survivants se réfugient sur une hauteur qui est peut-être celle de Montmartre.

          

           Labienus reprend la route de Sens, en contournant par le Nord le marais protecteur de Lutèce, et en récupérant son camp à hauteur de Bercy, et la moitié de sa quatrième légion peut-être vers  Charenton. 

 
 
 
(13) C’est une attitude que l’on retrouve à plusieurs reprises dans l’Histoire de France : chez Bonaparte avant la bataille des Pyramides, Kléber à Héliopolis, Bugeaud à Isly…etc.
 

(14) A l’ouest de l’actuel Hippodrome, ou vers le Pré Catelan ? Au Jardin d’acclimatation ?à la limite vers la place des Ternes ? (Cf. annexe VIII.)

 
 
 

D/ En conclusion :

 

           En l’état actuel de nos connaissances, cette version est la plus vraisemblable, la seule qui explique de façon logique la conduite des protagonistes.  

          Le jour où de nouvelles données modifieront ce que nous savons des déplacements de Labiénus, nous pourrons peut-être écrire autrement cette page de notre Histoire.

          Pour le moment, l’étude des versions traditionnelles achoppe sur des questions qui restent sans réponses acceptables du point de vue militaire :

 

1)- Pourquoi Camulogène, s’il est chargé de défendre Lutèce, irait-il s’exiler derrière l’embouchure de l’Orge, de l’Essonne ou même de la Bièvre ?

 

 2.)-  Pourquoi, si le Gaulois s’est retranché derrière un de ces trois marais de confluent, Labiénus ne le déborde-t-il pas par l’ouest, prenant la ville au passage ?

- Par négligence ? C’est une curieuse négligence que celle qui, pour éviter une manœuvre bien connue, et facile pour une troupe entraînée, inciterait le romain à faire cent kilomètres à pied (Melun, aller et retour) !

-  Parce que quelque chose l’a empêché de manœuvrer ? César nous l’aurait expliqué.

   

3)- Si la première position de Camulogène sur la rive gauche est destinée à couvrir Lutèce, pourquoi, sachant  qu’il pouvait être débordé sur sa droite, l’Aulerque n’a-t-il pas – contrevenant aux instructions de Vercingétorix – avant tout coupé les ponts  et brûlé la ville ?

 

4) - Pourquoi Labienus, en revenant à Lutèce par la rive droite, irait-il s’enfermer à Saint-Germain-l’Auxerrois, derrière le  marais du bras mort dont il évaluera instantanément les inconvénients  puisqu’on annonce l’arrivée des Bellovaques, et qu’avec ce renfort, les Gaulois peuvent l’assiéger sur sa position, et le massacrer lorsqu’il qu’il tentera d’en sortir ?

 

5)- Si la position de Labiénus se situe à Saint-Germain-l’Auxerrois et celle de Camulogène entre la Montagne Sainte-Geneviève et Saint-Germain-des-Près, qu’est-ce qui empêche le Romain de faire rapidement retraite vers la Seine en amont de Montereau ? Son avant-garde peut couper les ponts jusqu’à cette ville et, s’il en existe, ceux de l’Yonne jusqu’à Sens.

         Lui-même, avec ses quatre légions, ira plus vite que les Gaulois, obligés, soit de faire un détour par la RN 20, soit de franchir successivement les marécages inondés de la Bièvre, de l’Orge, de l’Essonne, du Loing  et, en finale, l’Yonne.

 

 

         6)- Pourquoi Labiénus, qui n’a pu franchir le marais (de la rive gauche) derrière lequel s’était soit disant abrité     Camulogène, irait-il - maintenant qu’il est sur la rive droite, et qu’il a décidé de rentrer à Sens - traverser vers Chaillot pour livrer une bataille, face au soleil levant, le dos au fleuve, avec, entre lui et ses bagages de Sens, successivement l’armée  de  Camulogène, ce fameux marécage infranchissable, et – sans parler du Loing, de l’Essonne et de l’Orge éventuellement, suivant le marais qu’on choisit - l’Yonne sur les bords de laquelle il peut être devancé par les Eduens révoltés, et les Sénons qui vont les suivre ?

     - Pour ne pas revenir sans livrer bataille, de peur qu’on ne l’accuse de pusillanimité ? Labienus n’a plus rien à prouver dans ce domaine : la nouvelle situation l’oblige  à rentrer à Sens, et il avait probablement reçu de César des directives pour le cas où la situation générale s’aggraverait.

 

7)- La  disposition de la courbe de la Seine donne à celui des deux adversaires qui se retrouve sur la corde de l’arc (la rive gauche), l’avantage de pouvoir manœuvrer "sur lignes intérieures courtes".

 Le Gaulois et le Romain ont dû être, chacun de leur côté, conscients du parti qui pouvait être tiré de cette situation.

Quelle raison aurait poussé le légat de César, s’il avait déjà été en position sur la rive droite, lui qui était quand même un des meilleurs tacticiens du corps expéditionnaire, à prendre le risque d’ajouter aux difficultés d’un franchissement à proximité de l’ennemi, l’offre à l’adversaire d’une intervention rapide ?

 

                    Non, cette version est la seule qui – en dépit du caractère laconique du texte - soit géographiquement explicable, et militairement plausible. 

                                                                                                             

 

 

 

ANNEXES  de la deuxième partie.

 

 

V.  /   La vieille route gauloise dans Paris.  (D’après Madame Lombard-Jourdan)

 

(Venant de Saint-Maurice)

- Porte Dorée.

- Rue de Picpus.

(Tangente la Place de la Nation par le Sud-Ouest).

- Rue des Boulets.

- Rue Léon Frot.

- Rue de Saint-Maur.

(Longe le mur arrière de l’Hôpital Saint-Louis) 

(Franchit les voies derrière la gare de l’Est)

- Rue Philippe de Girard.

(Passe le col entre Montmartre et les Buttes Chaumont)

- Porte de la Chapelle.

 

La route se divise ensuite : une branche vers l’Ouest en direction de Rouen,

                                          et une, plein Nord, vers Amiens, par Clermont ou Beauvais.

 
 

    VI.  /  L’échappée de Labienus à Melun.         Un calcul des délais.

 

a) – Les Trajets :   Lutèce  – Melun, et Melun – Lutèce.

                              Sur la rive droite :   52 Kilomètres  =  au minimum deux jours.

                              Sur la  rive gauche : 57 Kil. de mauvais chemins  =  trois jours.

 

b) – Ramasser les 50 bateaux,

     - Construire le pont de bateaux,

     - Franchir le bras séparant l’île de la berge,

     - Prendre la ville,

     - Reconstruire les ponts,

     - Faire passer l’armée (20.000 hommes, plus les impedimenta)……=…..( ? )

 

En tout, c’est l’affaire d’une dizaine de jours

 

La disparition subite des Romains a pu faire croire à Camulogène que ceux-ci étaient partis rejoindre César, rebutés par le caractère infranchissable de la Tutela, et/ou rappelés par le proconsul à la suite de sa défaite à Gergovie.

La réapparition imprévue du légat sur la rive gauche, explique peut-être le sentiment d’improvisation qui semble - d’après le texte - marquer les réactions de Camulogène à la fin du chapitre LVIII.

 

 

VII. / Le lieu-dit "Ile Maquerelle". voir aussi dans Lutèce 1, la carte aux temps de François 1er

 

C’est la portion de la rive gauche comprise entre le pont de l’Alma et celui de Bir-Hakeim.
Elle devait, au temps de César, être remplacée par plusieurs îlots laissant, sur la rive basse, des chenaux dans lesquels le Romain a pu - discrètement - embarquer ses troupes.

Par la suite, les îlots ont été réunis et le bras Sud-Est du fleuve a été comblé ; il courait à l’emplacement des artères actuelles :

-         Début de l’avenue Rapp,

-         Fin de la rue de l’Université,

-         Avenue S. de Sacy,

-         Avenue Gustave Eiffel,

-         Avenue Octave Gréard,

-         Rue Jean Rey.

L’actuel quai de Branly marque la rive Nord-Ouest de l’ancienne Ile Maquerelle du moyen-age, plus tard "île des Cygnes" sous Louis XIV, qui est aujourd’hui totalement intégrée à la rive gauche.

 

 

VIII. / L'emplacement  de l’ultime affrontement.

 

             Après avoir établi sa tête de pont vers Passy, et ne pouvant  se former en bataille en amont de son point de franchissement, à cause de l’étroitesse du terrain entre la Seine et la colline de Chaillot, Labienus fait passer ses légions derrière la colline, et les y dispose face au nord, en mesure  de recevoir les forces de Camulogène.

             Le franchissement terminé, sans attendre, il entreprend aussitôt sa progression, en formation lui permettant de prendre instantanément son dispositif de combat (15).

             A l’arrivée de Camulogène, il s’arrête,  redresse son ordre de bataille, se place à l’aile droite, la place d’honneur, à la tête de sa VII° légion, et reçoit la charge gauloise.

 

          L’affrontement s’est certainement déroulé entre Auteuil et Montmartre, et c’est peut-être sur cette hauteur, ou sur la colline de Chaillot, que les vaincus survivants se sont réfugiés.

A l’est du méridien de Montmartre, le terrain ne permet plus aux Gaulois de se déployer (aux Romains non plus d’ailleurs), et César dit que Camulogène a rangé son armée en bataille et s’est placé à l’aile droite : le choc s’est donc passé sur un terrain permettant de déployer deux armées de dix à quinze mille hommes chacune.

 

 

IX ./ Pourquoi Camulogène  est-il allé se jeter dans la gueule du loup ?

Contrevenant ainsi aux ordres de Vercingétorix, d’éviter les batailles rangées.

 

Plusieurs hypothèses :

 

1° /  Camulogène dirigeait une coalition, son autorité était donc limitée par celle des chefs des cités confédérées, et l’envie de « casser du Romain » devait être forte, dans ces bandes gauloises surexcitées par l’annonce de la victoire de Gergovie.

 « Je suis leur chef, il faut bien que je les suive ! » avait naguère ironisé un colonel de parachutistes, devant le tribunal jugeant le putsch des généraux en1962.

 

2° /  Probablement aussi, parce qu’il n’a pu comprendre que très tard ce qui se passait réellement : A la guerre, le problème n’est pas d’avoir le renseignement, c’est de trier le bon, parmi tous ceux qu’on reçoit.

        Le bruit qui courait de la fuite de César vers la Province après la défaite de Gergovie, a pu lui faire penser, au début,  que Labiénus voulait l’attirer vers Chaillot, pour franchir la Seine en amont de Lutèce, et filer au plus vite vers Agédincum.

        L’orage de la nuit, en plus, a joué contre les Gaulois, et a participé à la manœuvre d’intoxication du Romain, en brouillant la surveillance des guetteurs, faussant les évaluations d’effectifs, et retardant les comptes-rendus : Lorsque enfin, Camulogène a vu clair dans la manœuvre de Labiénus, il a sans doute crû avoir le temps d’intervenir sur un  franchissement en cours d’exécution, et ne trouver sur la rive droite qu’une portion désorganisée de l’armée romaine.

         Ajoutés au temps perdu en supputations, les délais de transit jusqu’à la zone des passages, l’ont fait déboucher devant trois légions déjà formées en bataille sur la rive droite.

C’est en voyant la défaite de son aile gauche, que l’Aulerque a peut-être décidé de se faire tuer sur place.

 
Ce vieux chef gaulois a probablement préféré mourir les armes à la main, dans l’honneur de la guerre, que d’être un fugitif méprisable.

 

Camulogène aurait dû, lorsqu’il apprit que les Romains avaient franchi la Seine, repasser derrière la Tutéla, faire surveiller Labienus par sa cavalerie, puis, une fois le Romain engagé sur le chemin de Sens, harceler sa colonne et profiter de toutes les occasions pour lui causer des pertes en hommes et en matériel.

Il devait même, s’il disposait d’un volume suffisant de cavalerie, faire le vide devant le Romain, au moins jusqu’aux gués de Jaulnes : c’étaient les ordres de Vercingétorix.

 

 

(15).  En effet, il a décidé de rejoindre ses bagages, et l’arrivée des Gaulois n’est pas obligatoire : ils peuvent retourner derrière la Tutéla, et surveiller simplement sa marche vers Sens, attaquant les traînards et les petits détachements qui s’éloignent du gros de la troupe.

 

 

X ./  De quelles légions était composé  le corps d’armée de Labiénus ?

 

 

      César annonce la Sept, qui aura la place d’honneur, à l’aile droite,

               -  la Douze, recrutée en 58, qui tiendra l’aile gauche,

               - une jeune légion que Labienus juge inapte à soutenir un combat sérieux, et qui devait donc être composée de recrues récentes : il la laisse sur la rive gauche.

                -Reste une légion correctement aguerrie - puisqu’il la préfère à la légion de jeunes pour tenir la place du centre dans son ordre de bataille -  mais dont il ne nous donne pas le numéro.

 

                De ces deux derniers corps, le second était soit une vieille légion  (la Neuf) soit une des légions recrutées entre 58 et 57, et il ne reste que la Onze  (16).

 L’autre, la jeune légion qui restera au camp, portait un des numéros Un, Quatorze bis, Six bis, ou Quinze (17), tous corps d’un an de service environ.

 

                  César ayant emmené six légions, avait certainement gardé deux vieilles (Les Huit et donc Neuf) sur les trois de son corps expéditionnaire, deux corps du début de la campagne (Dix et Treize, il les nomme à Gergovie), et deux jeunes, laissant à son lieutenant une vieille (Sept), deux corps de cinq ou six ans de service (Les Onze et Douze), et une légion de recrues.

 

               La légion qui combattit au centre de la ligne romaine dans la plaine d’Auteuil, était donc la Onze : Labienus se mit à l’aile droite avec la Sept, sa propre légion, donna la deuxième place d’honneur à Marc Antoine, le cousin de César, avec la Douze, et plaça la Onze entre les deux.

Le centre romain ayant tenu, pendant que la gauche romaine (la Douze de Marc Antoine) se faisait enfoncer, et que la Sept, à droite, mettait l’aile gauche gauloise en déroute, ce centre n’était sûrement pas formé de jeunes recrues, mais de légionnaires aguerris, commandés par un chef compétent.

               Accessoirement, Labienus n’a peut-être pas été fâché que le jeune cousin de César, qui venait de débarquer de Rome, et que le proconsul lui avait sans doute imposé, prenne une petite raclée.

               Le proconsul cite, avec Labienus, trois légats : son cousin Marc Antoine, qui commande la Douze, et, sans autre précision Trebonius et Munatius Plancus.

L’un de ces derniers a probablement dirigé, sur la rive gauche, les deux manœuvres de diversion, et assuré la sécurité du camp, l’autre a commandé le centre de l’acies ; César est muet sur l’attribution  respective des rôles.

 

 

(16) César nommant la Huit à Gergovie, et la Sept à Lutèce, il ne reste que la Neuf, sur les trois vieux corps ramenés d'Aquilée en 58.

Quant aux légions recrutées au début de la campagne, la Dix et la Treize étant en Auvergne, et la Douze sous les ordres de Marc Antoine, il ne reste que la Onze, puisque la Quatorze a très certainement, avec la Six, été détruite à Atuatuca à l’hiver 54/53 (Cf. L’armée de César en Gaule).

 

(17)  La Première est probablement la légion de Cisalpine envoyée par Pompée, la Quinze et les deux bis sont les trois légions recrutées en Gaule par les légats du proconsul en 53 (B.G., VI, 1).

 

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