Cette première plaquette décrit le site de Lutèce en -52 tel qu'on peut l'imaginer,
Le fascicule "Lutèce 2." .traitera le récit de la bataille proprement dite
Chapitre 1 La Bataille de LUTECE (Juin 52 avant J.C ou 701 de la fondation de ROME).
Par Claude Delas
Cette bataille n’est qu’un épisode de la Guerre des Gaules certes MAIS c’est la première fois que les Parisiens entrent dans l’histoire, hélas nous n’avons qu’un vague aperçu de ce qu’était Lutèce, avec le texte de Jules.
Astérix arrive à Lutèce
Obélix arrive à un carrefour dans Lutèce
PROLOGUE
Le Texte de CESAR (Traduction L Constans) livre VII Chapitres 57 à 62
57 Tandis que ces évènements se déroulent du côté de César ( note C.D. = Gergovie) Labiénus, laissant à Agédincum, pour garder les bagages, les troupes de renfort qu’il venait de recevoir d’Italie part vers Lutèce avec 4 légions. C’est la ville des Parisii, située dans une île de la Seine. Quand l’ennemi sut qu’il approchait, d’importants contingents venus des cités voisines se rassemblèrent. On donne le commandement en chef à l’Aulerque Camulogène : il était presque épuisé par l’âge, mais sa particulière connaissance de l’art de la guerre lui valut cet honneur. Ayant observé l’existence d’un marais continu qui déversait ses eaux dans la Seine et qui rendait l’accès de toute la région fort difficile, il s’y établit et entreprit de nous interdire le passage.
58 Labiénus commença par essayer de faire avancer des mantelets, de combler le marais avec des fascines et des matériaux de remblayage, enfin de construire une chaussée. Voyant que l’entreprise offrait trop de difficultés, il sortit de son camp à la troisième veille et reprenant le chemin qu’il avait suivi pour venir, arriva à Métlosedum. C’est une ville des Sénons située sur une île de la Seine comme nous venons de dire qu’était Lutèce. Labiénus s’empare d’environ cinquante embarcations, les unit rapidement les unes aux autres et y jette des soldats. Grâce à la surprise et la terreur des gens de la ville, dont un grand nombre d’habitants étaient partis pour la guerre, il se rend sans combat maître de la place. Il rétablit le pont que l’ennemi avait coupé les jours précédents, y fait passer son armée et fait route vers Lutèce en suivant le cours du fleuve. Les ennemis, informés par ceux qui s’étaient enfuis de Metlosédum, font incendier Lutèce et couper les ponts de cette ville ; de leur côté ils quittent le marais et s’établissent sur la rive de la Seine , devant Lutèce et devant le camp de Labiénus.
59 Déjà on entendait dire que César avait quitté Gergovie, déjà des bruits couraient sur la défection de Héduens et le succès du soulèvement général et les Gaulois dans leurs conversations, affirmaient que César avait été coupé (cf. note ci-après), n’avait pu franchir la Loire, et que contraint par la disette il avait pris le chemin de la province. Quand la trahison de Héduens fut connue des Bellovaques qui déjà auparavant s’étaient montrés peu sûrs ils se mirent à mobiliser et à préparer ouvertement les hostilités. Alors Labiénus comprenant en présence d’un tel renversement de la situation, qu’il devait complètement changer ses plans, songea non plus à faire des conquêtes et à livrer bataille à l’ennemi, mais à ramener son armée saine et sauve à Agédincum. Et en effet, d’un côté c’était la menace des Bellovaques, peuple qui était réputé parmi les peuples gaulois pour le plus valeureux ; de l’autre côté, Camulogène avec une armée prête au combat et bien équipée ; de plus les légions étaient séparées de leurs réserves et de leurs bagages par un grand fleuve. Devant de telles difficultés soudainement surgies, il voyait bien qu’il fallait chercher le salut dans une résolution courageuse.
60 Donc ayant réuni à la tombée du jour un conseil de guerre et ayant exhorté ses officiers à exécuter soigneusement et rigoureusement ses ordres il confie chacune des embarcations qu’il avait amenées de Metlosédum à un chevalier romain et ordonne qu’après la première veille on descende en silence le fleuve jusqu’à quatre miles de distance et que là on attende son arrivée. Il laisse pour la garde du camp cinq cohortes, celles qu’il jugeait les moins solides ; il ordonne aux cinq autres cohortes de la même légion de partir au milieu de la nuit avec tous les bagages en remontant le fleuve et de faire grand bruit. Il réquisitionne aussi des barques et les dirige du même côté à grand fracas de rames. Lui-même, peu après, sort en silence avec trois légions et gagne l’endroit où la flotte avait l’ordre d’aborder.
61 Là les éclaireurs ennemis – on en avait disposé tout le long du fleuve- sont surpris par notre arrivée car un orage avait éclaté soudain et ils périssent sous nos coups ; l’infanterie et la cavalerie sous la direction des chevaliers romains à qui Labiénus avait confié cette tâche sont transportées rapidement sur l’autre rive. A l’aube, l’ennemi apprend presque simultanément qu’une agitation inaccoutumée règne dans le camp romain, qu’une importante colonne remonte le fleuve, que du même côté on entend des bruits de rames, et qu’un peu en aval il y a des navires qui transportent des soldats d’une rive à l’autre. A cette nouvelle, pensant que les légions franchissent le fleuve en trois endroits et qu’effrayés par la défection des Héduens les Romains préparaient une fuite générale, ils divisèrent eux aussi leurs troupes en trois corps. Laissant un poste en face du camp et envoyant un petit détachement dans la direction de Metlosédum, avec mission de n’avancer qu’autant que l’auraient fait les embarcations, ils menèrent le reste de leurs forces à la rencontre de Labiénus.
62 Bataille de Lutèce.
Au lever du jour, tous les nôtres avaient franchi le fleuve, et on voyait en face la ligne ennemie. Labiénus, adressant la parole à ses soldats, les exhorte à se souvenir de leur valeur, si souvent éprouvée et de tant de glorieuses victoires, enfin à se conduire comme si César en personne, lui qui maintes fois les avait menés à la victoire, assistait à la bataille ; puis il donne le signal du combat. Au premier choc, à l’aile droite où avait pris position la septième légion, l’ennemi est enfoncé et mis en déroute ; à gauche où était la douzième, les premiers rangs ennemis avaient été abattus par les javelots mais le reste opposait une résistance farouche et pas un n’eût pu être soupçonné de songer à fuir. Le chef ennemi Camulogène était là auprès des siens et les encourageait. Mais tandis que la victoire était encore incertaine, les tribuns de la septième légion, ayant appris ce qui se passait à l’aile gauche, firent paraître leur légion sur les derrières de l’ennemi et la portèrent à l’attaque. Même alors personne ne lâcha pied mais ils furent tous enveloppés et massacrés. Camulogène partagea le sort commun. Quant à ceux qui avaient été laissés en face du camp de Labiénus, ayant appris qu’on se battait, ils allèrent au secours des leurs et s’emparèrent d’une colline mais ils ne purent soutenir le choc de nos soldats victorieux. Ils se mêlèrent donc aux autres gaulois qui fuyaient et ceux que les bois et les collines ne se dérobèrent pas à notre poursuite furent tués par nos cavaliers; cette action terminée Labiénus retourne à Agédincum où avaient été laissés les bagages de toute l’armée puis avec ses troupes il rejoint César.
Note à propos de "coupé "(Cf texte ci-dessus) :
La traduction de L.Constans semble incomplète, est-ce une omission ou voulu ?. Le texte latin retenu par Constans plus une note infra-paginale n’est pas forcément la version retenue pour sa traduction ? Un sieur Justin Bellanger a proposé "…affirmaient que César n’avait pu ni s’ouvrira un chemin ni passer la Loire", Maurice Rat également
La traduction de L.Constans se termine bizarrement. Comme on va en discuter, il y a difficultés pour la traduction et Constans n'était probablement pas en accord avec celle de sbires de l’Empereur d’où cette pirouette soulignée par une note infra-paginale mal ficelée : on ne peut traduire les deux ablatifs latins sans faire une périphrase.
La suite vient d’un condensé des propos du professeur Guy Texier en 2009 :
texte de latin pp de cette première phrase du chapitre 7 –53 : … et secundo Galliae motu rumore adferebantur Gallique in coloquiis interclusum itinere et Ligeri Cesarem inopia frumenti coactum in provinciam contendisse confirmabant.
traduction du Professeur Guy Texier que nous soutenons Ce n’est pas du mot à mot à cause de ces deux ablatifs itinere ainsi que Ligeri qui forment, avec un seul verbe, interclusum, une figure de style latine, inadaptable en français tel quel. La Voici :
Déjà on entendait dire que César s’était retiré de Gergovie, déjà des bruits couraient concernant la défection des Héduens et le succès du soulèvement de la Gaule et les Gaulois, dans leurs conversations, assuraient que César avait sa route coupée et se trouvait dans l’incapacité de passer la Loire et que contraint par la disette, il avait pris la direction de la province.
PREMIERE PARTIE = LE CADRE ou LE SITE
Avec l’aide de la Géologie-Géographie-Topographie actuelle et des données de l’histoire, pour éclairer le texte de César, nous avons essayé d’aider le lecteur à « voir » le site de la Bataille (2ème partie).
C’est une des motivations de l’intérêt qu’y a porté Claude Delas
LUTECE dans PARIS en l’an 2000
La première carte est un extrait, légèrement équipé, de la carte en relief de l'IGN
Carte de PARIS vers 1750 par Cassini
Légende L = Lutèce---------B = Lieu supposé de la Bataille--------G = Gué de St Maurice
a = hopital St Louis---b= Ecole militaire avec en face l'ile des cygnes (y.c. la tour Eiffel)-----c L'église du 15ème---d =l'hopital de la Salpétrière---e= l'étoile ---f = la défense -----g= les Champs Elysées---h = La Bastille---K = la place d'Italie au dessus du Moulin Croulebarbe sur la Bièvre.
en bleu les cours d'eau cités -- observez la divergence entre le bras mort, naturel et le Grand égout "amélioré par l'homme
en marron le périphérique en 2000
en rouge l'enceinte de Philippe Auguste 1225-1245 commencée sur la Montagne Ste Geneviève avec les pierres des catacombes ,finie au nord à la limite des marécages du Bras Mort
Le lecteur pourra voir un peu plus loin, avec le paragraphe sur les îles Maquerelle, la carte de St Victor réalisée vers 1550 avec l'enceinte de Charles V et les îles maquerelle encore doubles, qui sont sous l'esplanade de la Tour Eiffel.
PROLOGUE
Le texte qui suit est un propos de C Delas en complément de la conférence du Général Terrasson qui a été prononcée en 1999 à l’Assemblée Générale de l’Institut Vitruve, dont l’essentiel se trouve en deuxième partie
Quelques unes des considérations sur Paris ne sont pas indispensables pour suivre la Bataille de Lutèce. Elles m’ont semblé intéressantes pour mieux saisir nos commentaires sur cet évènement. César est le premier à mentionner Lutèce et ses habitants, les Parisii. Il cite le nom de la ville 3 fois dont une avec le qalificatif d'oppidum ( à son sens)
Chapitre I
A propos des Parisii ou Parisiens :
Les données sont rares. Elles sont Gauloises, ce qui n’est pas synonyme de Parisiennes. Il semble admis que les plus anciennes viennent de la nécropole d’Adamville à St Maur dans la boucle de la Marne, trouvée en 1887 et qu’elles soient Parisiennes. Rien ne prouve que celles de Nanterre trouvées en 2000 soit Parisiennes pas plus que celles de Bobigny situées sur la bretelle de la route de l’Etain. Elles permettent toutes, néanmoins aux archéologues d’avancer des dates pour le début de l’occupation gauloise du secteur soit : au plus tôt au IIIème siècle avt J.C. Pour Nanterre j'ajouterais que cett ville gauloise est à 23km à vol d'oiseau de Adamville et fort loin des Senons, leurs anciens suzerains soit au moins 60 km par la route ou l fleuve . Cette ville peut appartenir, certes aux Parisii, mais aussi à la puissante tribu des Aulerques à laquelle appartient le général en chef Camulogène, d'Evreux.
Je mentionne également que lors de la coalition, Vercingétorix taxe les Parisiens pour 8 000 guerriers comme les Pictons de Tours mais moins que les Bellovaques qui s'en fichent. Les Aulerques dont certains sont alliés des Héduens, sont taxés pour 40 00 hommes, lesquels n'iront que d'une jambe et s'enfuiront dès que le vent tournera.
Les 2 nécropoles citées ci-dessus ne peuvent pas être Lutèce car elles ne sont ni sur une île de la Seine ni à coté d’un marécage continu impénétrable et à Bobigny en outre, la viande que les habitants consommaient dans cette dernière, était du porc plus ou moins cuit, ce qui convient moins bien pour des nautes.
Les Parisii, venus du Nord auraient été accueillis jadis (1 siècle ou 2 avt J.C.) par les Sénons. Ces Parisii formaient une modeste tribu de nautes, qui a pris de l’importance et fait sécession par rapport à leurs suzerains et voisins, les Senons (César, Livre VI, 3 et 4) et Lutèce est une de leurs villes. Ce ne devaient pas être de bons fantassins ou cavaliers
N.B 1. . Strabon parle de Lutèce en copiant Poseidonios et disant que Lucotoccia ( Géographie IV, 4 ,1) était leur capitale. Lutèce était une ville nouvelle, stratégique pour nos nautes, sans commentaire. Lutèce a été appelée comme cela par César puis par les Romains qui, eux, s’installèrent sur la colline au sud de l’île et habitèrent Lutèce jusque vers l’an 300 puis l’appelèrent alors Paris sous l’Empereur Julien. Elle était en outre au bord de 3 axes routiers : les routes de Lyon à Boulogne, matérialisées dès le 1er siècle par la Rue Mouffetard puis la route de l’Etain qui passait par St Maur et une autre route d’Orléans à la Picardie . La ville ne deviendra importante que sous Clovis vers l’an 500, lorsqu’il en fait sa capitale.
N.B. 2. Selon des sources non recoupées, les Parisiens qui étaient installés à St Maur , dans la boucle de la Marne juste avant de rejoindre la Seine, plus de 100 ans auparavant, ne se seraient installés à Lutèce que peu de temps avant la guerre.
Chapitre II Le Site
La cité de Lutèce est en aval de Melun-Metlanodunum ou Metlosedunum.
La cité d’Agédincum est identifiée comme notre Sens d’aujourd’hui dont nous reparlerons plus loin.
1 / Une présentation du site à l’époque :
Mes propos sont dominés par la Géographie et l’environnement laissant au Général Terrasson le coté plus militaire et historien, mais ses propos m’ont servi de base, avec son accord, ainsi que le texte retenu de Mme Lombard-Jourdan, mentionné ci-après
La seule description que nous ayons pour notre sujet est celle de César, très brève. Heureusement on peut compléter son récit, précis, de la Bataille de Lutèce car non seulement il y a des données romaines ultérieures mais aussi des intangibles géologiques et des permanents de la géographie, ainsi ce que nous rapporte l’histoire de Paris.
Un peu de Géologie ou géographie physique:
Ceci aidera le lecteur à se mettre dans le contexte :
Depuis que la Loire, il y a un peu plus d’un million d’années, à l’époque de l’Acheuléen, a pris son indépendance de ce qui va être la Seine lors de l’érosion de la faille de Briare/Gien, le fleuve Seine a considérablement maigri. Au lieu de l’apport de la Loire,un gros fleuve on a celle du Loing. Du coup les venues d’eau qui alimentent la Seine se réduisent à celles de l’Yonne, qui passe à Sens alors capitale des Senons. Le lit du fleuve s’est cependant encaissé, suite à la remontée des terres correspondant à la raison de la séparation d’avec la Loire, il y a un peu plus de 1 million d’années. Ceci entraîne des pentes raides pour les rives des affluents et parfois des petites zones de marécages de crue dans les bas de ces rivières encaissées, ou aux confluents.
La cuvette parisienne, qui est en fait un delta ou lac interne, assez contemporains de la séparation d'avec la Loire, est plutôt due à la dissolution du gypse sous – jacent, irrégulièrement réparti, laissant des buttes témoins ou des hauteurs.Elle est bloquée au sud comme au nord par des collines calcaires et vers l'Ouest par les terres qui ont remonté et il faudra du temps à notre petite Seine pour les éroder. Au temps des Romains comme des Gaulois, elle continue son remodelage, suite à la perte des eaux de la Loire et l’Allier et du transfert du cours principal dans le lit actuel, délaissant son ancien lit. Ceci souligne que dans notre delta le niveau de l'eau submergeait toute la cuvette, en constituant un lac qui a érodé par son courant le vieux lit vers l'Ouest pour arriver à Rouen au niveau des marées hautes et donc la fin du Mascaret.
Pour le lecteur moins familier du texte de César je rappelle :au livre VII Chap LVII et LVIII : Lutèce est une ville des Parisii, située dans une île de la Seine…Camulogène …ayant observé l’existence d’un marais continu ( perpétuam esse paludem ) qui déversait ses eaux dans la Seine… rendait l’accès de toute la région fort difficile.
N.B.. En latin, du Gaffiot on tire que palus- paludis est un marais ou un étang ou lac, alors que palustrem … est réservé à marécage.
- Chap LVIII - Labiénus commença par essayer de faire avancer des mantelets, de combler le marais avec des fascines et des matériaux de remblayage, enfin de construire une chaussée…
Plus près de notre temps, la cuvette de Paris, illustrée sur la photo de début du texte, je me répète, qui est née principalement de la dissolution du gypse sous-jacent, est entourée par des collines surtout au nord et était devenue un hybride entre lac et marais ; elle était alors une cuvette qui s’est asséchée progressivement en bourbier ou marécage. (Définition du mot marécage dans le Petit Robert = lieu inculte et humide dans lequel s’étendent des marais ) . J’ajouterais : avec des îlots naturels créés lors des crues dans les parties haute et des marais dans les parties basses.
Le méandre de la proto-Seine qui longeait ou léchait Montmartre en suivant approximativement le tracé des grands boulevards est progressivement comblé faute de force du courant d’eau, laissant la place à des terrains fangeux. De fait ce méandre est plutôt l’ancien lit du fleuve qui formait une boucle normale et qui s’est ensablé, peut-être à la suite de dissolutions nouvelles et d’un mouvement de terrain au moment de l’assèchement. Cela milite pour qu’entre les deux lits, il y ait eu, vers Les Halles actuelles, un endroit plus haut qui a pu servir de cantonnement à Camulogène
La Seine s’est contentée depuis les millénaires précédents, d’améliorer son cours actuel longeant la Montagne Ste Geneviève et même en créant des îles comme cela est classique; du coup le Marais se trouve alors, comme maintenant, sur la rive droite et au nord du fleuve. Ce marais/marécage par place débute juste après le confluent avec la Bièvre pour finir à l’Alma où la Seine retrouve son ancien lit avant les hauteurs de Chaillot. Le marais est bordé au nord par l’ancien lit de la Seine ou bras mort .Depuis le temps des Gaulois le Marais a peu évolué (en 2000 ans contre 1 400 000) sauf par l’action des hommes. A l’époque sous Camulogène le terme de continuum palus dénote de l’eau courante dans le bras moribond, étalé, en court de comblement, ce qui favorise l hypothèse de l'existence de passages possibles par des endroits propices et aménagés qui seront barrés par Camulogène.
En 1985, une thèse de l’historienne Anne Lombard-Jourdan publiée au C. N. R .S. (1), rejoint les conclusions géologiques ci-dessus, et décrit le bras mort de la Seine qui butait sur les hauteurs de Charonne, Belleville, Montmartre et Chaillot (Cf. annexes 1, 2 et 3)
En – 52, ce n’était plus qu’un marécage partant de l’Arsenal, et aboutissant place de l’Alma, et qui recevait les eaux de pluie ruisselant des collines, et les sources des hauteurs
- Ruisseau de Fécan, vers Bercy, formé dans le bois de Vincennes du ru de Montreuil et de celui des Orgueilleux.
- Ru du Pont Perrin, vers le Faubourg Saint-Antoine.
- Ru de Ménilmontant.
- Sources de Montmartre. (Cf. annexe 4)
Le marais s’écoulait lentement des deux côtés vers la Seine, et chaque crue l’inondait.
Son assèchement commença par l’Ouest au XII° siècle ; puis on y creusa « l’Egout de Paris », encore à ciel ouvert au XVII° siècle
(1)- A. Lombard-Jourdan - Aux Origines de Paris, La genèse de la rive droite jusqu’en 1223 - Paris, Editions du CNRS - 1985
Le bras mort de la Seine.
(Atlas de Paris - Evolution d'un paysage urbain -Parigramme, 1999)
A cette époque, cinq ponts le franchissaient :
- le pont Perrin, à la Bastille, avec les routes de Meaux et de Troyes.
- le pont Saint-Martin, à la mairie du X° arrondissement, conduisant à Senlis.
- le pont Saint-Lazare ou pont Saint-Denis, à hauteur du métro Château d’eau.
- le pont du Roule, devant l’église Saint Philippe, avec la route de Mantes.
- le ponceau de Chaillot, place de l’Alma.
L’existence de ce marais, que les gallo-romains avaient baptisé la « Tutela », empêcha le développement, sur la rive droite, de la ville gallo-romaine qui s’installa sur la montagne Sainte-Geneviève.
Ce marais constitue l’abri derrière lequel Camulogène attendit Labiénus et ses légions. C’est ce que pensaient les auteurs anciens jusqu’à la Révolution : Raoul de Presle au XIV° siècle, ou André Théret au XVI°.
Par la suite, « l’Egout » disparut, masqué par l’urbanisation, et le souvenir s’en perdit. Il fallut attendre André Maillard en 1931 (2), Michel Roblin en 1951 (3) et Madame Lombard-Jourdan en 1985 pour ressusciter cette particularité géomorphologique du bassin de Paris, qu’officialisa Jean Favier, en 1997, dans son livre sur l’histoire de Paris (4).
Il est instructif de comparer cette carte plutôt pré- historique avec celle, un peu plus loin de la crue de 1910 et les projections de l'administration pour le futur. Regardez.
(2). A.Maillard, L’expédition du Général romain Labienus contre Lutèce en l’an 52 avant Jésus Christ. Etude apportant une solution entièrement nouvelle au problème de l’implantation des camps et du lieu de la bataille ; Paris, Jouve et Cie, 1931.
(3). M.Roblin, Le terroir de Paris aux époques gallo-romaine et franque, Paris, Picard, 1951.
(4) Jean Favier ; Paris, 2000 ans d’histoire ; Fayard, Paris 1997.
Un peu d’histoire pour éclairer le passé
Sous Philippe-Auguste, à partir de 1190, le Louvre (anciennement Loup ou Loewer) a été construit sur la rive droite pour défendre la ville contre les Normands dont les invasions depuis 885 hantent les esprits ; ses fondations étaient 3 m plus bas que le sol d’aujourd’hui ainsi que les remparts associés. Ceci délimite par ricochet, la zone la plus saine, plus ou moins marécageuse du temps de Camulogène. Il serait la continuation, selon Lorànt Deutsch dans son livre "Métronome" du "Loewer" franc construit vers 476 du temps de Ste Geneviève et de Childéric pour "taquiner" les Parisiens. Cela confirme que à cette époque, face au Vert Galant il y avait de la terre ferme ( inondable sans doute) ce qu'indique la carte ci-dessus.
Le roi élève des remparts en commençant par le Sud, en 1190 et finit par le Nord 22 ans plus tard, après avoir créé les Halles et les Archives Royales. Cela peut être interprété comme un signe que vers le nord la ville avait encore, à cette époque, une défense naturelle avec ce qui restait des marais du Bras Mort et que l'urgence était de se défendre des arrivées du Sud.
Quant à la ville au Nord de la Seine, avec les remparts, les eaux ont,depuis du mal à s’écouler. Après l’épisode perturbé du changement de dynasties royales et l’arrivée des Valois vers 1350 sous Jean II le Bon, on commence des premiers travaux d’assainissement. En particulier sur la Rive droite ou dans le Marais on privilégie ce qui va s’appeler Le Ruisseau de Ménilmontant et plus tard le Grand Egout, débutant sous les coteaux de Ménilmontant et se jetant dans la Seine après l’Alma. Ce fossé, fini d’être couvert au XVIII ème, emprunte le trajet du vieux bras sauf vers la fin si on suit les cartes de St Victor et Cassini. Cet égout a un petit pendant qui part de la Bastille pour arriver au pont d’ Austerlitz. Ces 2 égouts drainent aussi des rémanences du bras mort et des ruisseaux qui arrivent des collines du nord en les égouttant. L’espace entre la Seine et le bras mort ne sera vraiment bien asséché et récupéré que sous le Baron Haussmann, lors de l’établissement d’un réseau d’égouts modernes et la construction de l’Opéra et des grands immeubles. Le baron profitera des pierres du rempart de Philippe Auguste déjà détruit sous François 1er, formant des buttes bâties qu’il utilise comme comblement et soubassement avec les concours importants pour moi du topographe Deschamps qui dresse le premier nivellement de Paris et de l’ingénieur des Ponts et Chaussées Eugène Belgrand qui réalise un véritable réseau de drainage, ce qui permettra de créer le tout-à-l’égout, tant dans les nouveaux quartiers que dans le vieux Paris remodelé.) Ces apports techniques permettront le succès de l’entreprise où on n’a jamais manqué de conseillers (dernier en date le conseil Siméon.) et de critiqueurs (derniers en date Hugo, Zola qui, vivant dans l’aisance, disaient regretter les taudis médiévaux du centre ville).
Une autre anecdote : La Tour St Jacques fait partie d’un ensemble dont la construction débute sous Charlemagne ; son ancienne base est le sol actuel du premier étage de l’édifice : cela suppose des modifications sérieuses des sols que je ne connais pas.
J’ai reporté sur les cartes du début de ce texte l’essentiel de ce qui précède. Les données que l’on avait de Paris sous Louis XIV complètent bien les données de la carte de l’enceinte de Philippe Auguste. La carte ci-après, parue dans le Figaro, complète également l’image. Mon couplet sur le XIX ème siècle vient simplement éclairer la complexité de la situation topographique ou géographique du nord de la Seine pour la reconstitution du Grand Lutèce de Camulogène
Ci-après : une digression sur des confusions, selon moi, entre l'époque de César et celle de l'Empire romain qui la suit et que je schématise par les 2 vignettes en introduction, tirées d'Astérix et la Serpe d'or avec Lutèce comme thème. Camulogène (VII- 58) a fait incendier cette agglomération en bois et paille et il ne reste rien . Ce que l'on voit sur ces vignettes sont des constructions mixtes, pierre et bois, donc postérieures. On croit savoir que les Romains se sont mis sur la rive gauche et ont construit ainsi la ville nouvelle. Cela pour mettre le lecteur en garde dans les hypothèses qui mélangent les 2 époques. J'ai par ailleurs beaucoup d'admiration pour l'érudition dont font preuve Uderzo et Gosciny dans leurs B.D.
Revenons à la Géographie
Je ne m’étend pas sur la zone rive gauche qui a peu bougé hors activités humaines, qu’on connaît mieux et qui n’est que peu concernée par Lutèce : les Romains s’y sont installés dès le début de leur occupation permanente ( attestée dans Astérix !). Leur domaine déborde ce qui sera le périmètre de l’enceinte de Philippe –Auguste; ils ont créé le Cardo rue St Jacques, rue St Denis/Martin ou route d’Orléans à St Denis en traversant le fameux Marais par une voie romaine et des débuts de route, ainsi que vers Lyon avec le val de la rue Mouffetard, vers Chartres avec la rue Lecourbe etc. Leurs constructions sont en pierre calcaire qu’ils trouvent facilement dans le sol local et ils font de grandioses monuments dont le forum vers les rues Soufflot / St Jacques. A part le Cardo, ils ne s’installent pas sur l’autre rive et le Marais leur sert de défense.
A l’est des hauteurs qu’ont occupées les Romains et après Montparnasse on descend dans les plaines alluvionnaires de Vaugirard / Grenelle, inondables lors des crues. On devine que la marche des 4 miles dont il sera question plus loin entre ‘Austerlitz ‘et Grenelle, sera facile, de nuit, à sec. Il n’y a là que de la végétation naturelle avec des chemins en bon terrain. En effet 1000 ans plus tard il est reporté qu’avec l’accroissement de la population, la plaine de Vaugirard était un village de fermes prospères et d’habitations de riches bourgeois, ce qui permet de penser que cela n’était pas un marais sous César. Je ne vois pas de problème pour compliquer la marche sauf en arrivant sur la Seine où ce devait être plus fangeux, mais il y avait là les origines limoneuses de l'île des Cygnes de Louis XIV avec ses abris.
N.B. La rive de la Seine d'aujourd'hui le long de cette plaine, n’a rien de naturel ; elle a été refaçonnée plusieurs fois et même récemment, en particulier vers le quai Branly avec l’ancienne île des Cygnes . Cette dernière, crée en 1676 est constituée par l’île Maquerelle à laquelle le roi Louis XIV adjoint en amont les îles des treilles, en aval l’île aux vaches, de Jérusalem, Lonchamp. La nouvelle entité est séparée de la terre par un canal peu profond qui sera comblé sous la Révolution. Elle est à ne pas confondre avec l’île aux cygnes actuelle. Cela correspondait au temps de César à une sorte de delta compliqué allant de la rue de l’Université au pont Bir Hakeim, navigable à petite dose.
La rive droite vers l’Alma ou confluent avec le Bras mort, le Grand Egout a aussi une allure bizarre avec un coude artificiel. Pour mémoire le percement du petit tunnel de l’Alma a été un casse-tête long à résoudre par les ingénieurs du XXème siècle. L'enceinte de Louis XIII se bloque vers l'Ouest à la Concorde d'aujourd'hui car on arrive dans un coin de la Tutela encore marécageux. Le bras mort de la Seine semble arriver vers l'Alma et le grand égout plus au N.O. Sur la rive gauche, en intrados , il y avait un chapelets d'ilôts, au moins cinq qui finiront par faire, après les îles Maquerelles, le Quai Branly d'aujourd'hui et l' Esplanade de la Tour Eiffel.
Remarque sérieuse : certains voudraient mettre le marais dont parle César soit sur l’Essonne soit sur la Bièvre ce qui leur permettrait de modifier les trajets de Labiénus . Or:
-pour la Bièvre : l’embouchure est fangeuse, il y avait sûrement, car habituel, un petit marécage mais y aller vivre avec plusieurs de milliers d’hommes relève du cirque.
-quant au marais de l’Essonne, il y en a un vers Malesherbes, mais vers Corbeil on est en présence d’un cours d’eau plutôt encaissé et c’est là que passe la N5 et la A7.
Intermède
Pour illustrer les propos ci-dessus je vous propose de regarder à nouveau la carte publiée par le FIGARO le 12 Jan 2009, qui se veut alarmiste pour l’administration intéressée (principe de précaution instauré par Chirac), qui représente la crue de 1910 et sa extension future possible .Elle aide à imaginer le Paris d’alors.
On retrouve bien en bleu foncé la plaine de Vaugirard, on perçoit le bras mort et le Marais, les hauteurs où Camulogène a pu s’abriter dans le marais soit le IIème arrondissement puis les superficies protégées par l’enceinte de Philippe –Auguste, le Louvre.
En fait le dessin est approché car la crue de 1910 avait atteint la gare St Lazare. Le bleu clair est encore plus poétique, étant non seulement lié à la topographie soit 1,2 m plus haut mais influencé par les travaux hydrologiques sur la Seine en amont de Paris et dans Paris. Mais ce document est saisissant pour sa correspondance avec ce qui précède, en particulier la carte de l'Atlas de paris - 1999 .
N.B. Je présente ce dessin pour illustrer comment le présent s’inspire du passé et insister sur la permanence, à l’échelle humaine, des conditions géologiques. Ce qui va aider à imaginer Lutèce, jeune ville de moins de cent ans à l'époque.

La Bièvre
Carte du Figaro
Environnement lointain
Il reste encore des points de géographie à présenter pour situer les marches Lutèce –Melun de Labiénus et ses camps
Ces données géologico-géographiques sont inspirées des données de L’IGN ainsi que de leur carte en relief de l’Ile- de- France ainsi que de données historiques sur Paris y compris celles tirées du livre de Jean Favier. Je me suis aussi inspiré de données récupérées sur Internet et relatives à Lutèce et au Paris ancien dont le sol n’était pas très différend de celui qu’a foulé Labiénus
Les données sont rares hors le texte de César et l’histoire postérieure à la Bataille est utile pour se replacer dans le contexte, d’où ma démarche.
. César, dans ce récit (B.G.VII, 57-62), ne donne aucune précision topographique, à l’exception des noms de ville, Sens, Lutèce et Melun et des mentions aval et amont concernant la Seine. En particulier, il n’indique ni les itinéraires empruntés par Labiénius (rive droite ou rive gauche), ni la position du marais qui arrêta les Romains, ni le lieu de l’ultime affrontement. : Dans la plaine de Grenelle pour Jullian ; à Issy les Moulineaux pour Saulcy et nombre d’historiens ; à Ivry pour Quicherat, Vitry pour le général Creuly, et à Courbevoie pour Sieglerschmidt, qui identifie avec Meudon la ville de Mellodunum, autre graphie de Metlosédum sur certains manuscrits.
1 Certains ont proposé le site de Provins pour avoir été Agédincum : A part sa rose ramenée par un croisé qui l’a rendu célèbre, il n’y a pas de fleuve à cet endroit et c’est très au nord. Nous ne retenons pas l’hypothèse.
2 Par contre Mr Larcher d’après Internet mentionne que la capitale des Senons a été taxée en - 590 pour fournir des guerriers à Sigovèse ainsi que la prise de Sens en + 435 par Mérovée. L’Yonne coule juste à l’Ouest et vaut pour le maximum flumen que mentionne César. La vieille ville médiévale est sur la rive droite avec un plan romain. Les arènes sont du même coté. Pourquoi ne seraient-elles pas sur l’emplacement du camp romain de Labiénus ?
C’est cette hypothèse Agédincum = Sens que nous retenons.
Nous allons donc présenter une carte avec les 2 rives de la Seine,
D’abord un croquis ci-après déduit de la carte Michelin pour éclairer la suite:
En Vert la route gauloise dite de l’Etain dont il a été question plus haut. On en verra une autre version dans Lutèce 2 qui passe plus au NE de Melun. La route de l’Etain était la route majeure Lyon-Boulogne qui passait par Reims, et ne passait ni à Montereau ni vers Melun ; pourquoi pas ? je n’y étais pas .
En Orange et Violet les 2 routes actuelles A6 et N7 mentionnées.
A l'aller initial Labiénus est sur la rive droite , au deuxième essai il est sur l'autre rive
Rive droite de la Seine :, Depuis Sens situé à l’Est de l’Yonne, la route de l’Etain traverse la Seine petite rivière par 2 gués encore connus vers Bray, puis va à Brie-Comte-Robert, ayant passé l’Yerre facilement et gagne le gué de St Maurice pour traverser la Marne. Une bretelle un peu plus en amont de la Marne permet aussi de passer la Marne plus à l’Est de Lutèce en profitant de la passe de Rosny sous Bois ou de Villemomble, sinon la route classique passerait vers ou sous Belleville..
Rive gauche Après Melun la Seine reçoit plusieurs affluents sérieux :
L’Essonne à Corbeil. La N7 comme la A6 souligne le point de franchissement naturel qui se trouvait dépourvu de défenseurs lorsque Labiénus y passe. Il y a une petite dépression marécageuse aujourd’hui juste à l’Ouest crée par la chicane de Corbeil, mais sans possibilité d’être une barrière militaire ni un passage (comme le disaient nos érudits du XIXème siècle).
L’Orge à Juvisy, est une rivière sans histoire, avec des coteaux à pentes comme dans les livres. D’ailleurs aujourd’hui tout est construit.
La Bièvre après être passée à l'Ouest de la place d'Italie, se jetait dans la Seine vers le Pont d’Austerlitz, sans histoire, avec le classique petit bourbier de crues à la jonction. Aujourd’hui son lit sert d’égout, parfois sous 18 m de terres de comblements. Le confluent, même marécageux, n'a pu être un abri pour des milliers d’hommes.
Annexes
. I / Le Tracé du bras Nord de la Seine.
- Port de l’Arsenal,
- La Bastille,
(Entre le canal Saint-Martin et les boulevards : Beaumarchais, Filles du Calvaire, et du Temple).
- Place de la République,
(Entre les rues : Paradis, de la Victoire et Saint-Lazare, au Nord,
Château d’eau, des Petites Ecuries, de Provence, et Richer, au Sud)
- Le parvis de la gare Saint-Lazare, et le lycée Condorcet.
(Entre la rue de la Pépinière au Nord, et le boulevard Haussmann au Sud)
- Place Saint-Augustin.
- Place de l’Alma.
I bis / La Seine avec l'Ile des Cygnes en particulier.
Les quais actuels ne sont pas représentatifs de leurs aspects au temps de César : il y avait des crues non maîtrisées, des rives en conséquence. ce n'est que progressivement que les choses ont évoluées en particulier vers la plaine de Vaugirard- Grenelle. Aujourd'hui entre le pont de l'Alma et son Zouave et le Pont de Passy- Bir Hakeim la rive gauhe est faite d'un quai bas domaine du port et de la SNCF et d'un quai haut domaine des habitants avec le Quai d'Orsay puis le Quai Branly qui datent de 1820. Avant, cela faisait parti du fleuve comme vont le décrirent les lignes suivantes:
Carte de Paris de St Victor vers 1550 avec les fortifications de Charles V
Légende
A = endroit où le Bras Mort se sépare des remparts de Charles V comme de ceux de Louis XIII
B = l'Alma C = L'île Maquerelle
D = Ce qui sera l'Ecole militaire
L'Ile des Cygnes de Louis XIV
Certains lui conservent son nom ancien de l'Ile Maquerelle ( par esprit gaulois ?) dont les 2700 m² en face de l’Ecole Militaire au moyen âge ne cadrent pas avec les 2ha environ des cartes de l’époque de Louis XIV-Louis XV ( carte de1760 par Deharme ou Jouvin). L’île démarrait alors au pont de l’Alma pour aller jusqu’au pont de Passy.
Il ne faut pas la confondre avec l’île aux cygnes actuelle, plus au sud.
La carte de St Victor qui date des environs de 1525 illustre Paris, l'enceinte de Charles V, les 2 morceaux qui feront l'île des cygnes, ce qui reste du bras Mort et ce qu'est le Grand Egout qui rejoin le Seine après l'Alma
Point Géologique
Alors un peu de sédimentologie : on est dans un méandre avorté d’un fleuve, suite à la disparition des eaux de la Loire et la remontée des terres. et vers ou après le confluent du bras mort et dans une courbe bien marquée. Ledit fleuve est sujet à des crues sérieuses.
Dans une telle courbe les eaux vont coté de Chaillot, la rive droite . La progression de l’érosion est bloquée par les collines calcaires. Dans l’intrados, l’ancienne plaine alluviale ou champ de Mars au sens large, est au niveau de l'emplacement de la future Tour Eiffel un endroit fangeux impraticable sauf pour des chasseurs, elle se débrouille des crues et des courants et des alluvions. Dans le fleuve on a une barre de méandre, trop étroite sur 1,5km de long pour être continue. Ce sont essentiellement des éléments lourds (sables fins à moyens qui la composent). Ayant en tête que les 30 m de dénivelé de la Seine hors effet de marée et de crue avec la mer, font que les courants sont faibles, les épisodes argileux sont fins et sans importance. Mais les problèmes de pollutions de la ville,déjà, sont bien présents.
Histoire récente
On imagine aisément qu’avant l’ officialisation de l’île des Cygnes par Louis XIV dans son ordonnance du 16 Octobre 1676 la consolidation du système en une seule île était terminée utilisant les matériaux adéquats trouvés sur place avec un aménagement progressif. Les textes médiévaux, d’après Internet, parlent de l’existence de 5 îles , la plus en amont, l’île des Treilles étant vers l’actuel pont de l’Alma, ensuite l’île Maquerelle au droit de l’Ecole militaire, puis l’île aux vaches puis l’île de Jérusalem puis enfin l’île de Longchamp. Les premières cartes connues, datant du milieu du XVI ème siècle, montrent qu’ il n’en restait que 2 indépendantes sous François Ier, les 3 autres ayant été anastomosées dans les 2 autres par l’homme, avant que vers 1750 elles ne soient réunies pour devenir l’Ile des cygnes en 1676 . La carte de Deharme de 1763 la décrit parfaitement. Cette île fut à son tour soudée à la rive sous Napoléon 1er, pour être recouverte par les quais actuels hauts et bas. Ces travaux n’ont pas été remis en cause par la crue de 1910 dont les inondations ont été plus sérieuses vers Grenelle qui a été moins bien traité.
Lutèce
Alors qu’en était-il au temps deLabiénus ?
Les choses n’ont pas de raison d’avoir changé autrement que par l’action humaine.
J’opte pour une solution paisible avec peu d’activités sur cette rive autre qu'une activité paysanne ou de chasse/ pêche ). Labiénus a trouvé sur la rive gauche un dédale de passages ou canaux plus ou moins étroits entre des îlots sableux qui borde cette zone basse qui devient plaine vers l'Est - La rive droite est marquée par les collines de Chaillot, de Passy. Mais on sait que vers le Louvre, le sol ancien se situe sous 6 mètres de remblais, que vers la Tour Eiffel, il en est de même ( je ne possède pas d'information précise )