Uxellodunum 1

    Partant du texte du livre VIII de César, alias Hirtius, selon lequel la bataille d'Uxellodunum aurait eu lieu  dans la région des Cadurques, capitale Cahors, et plus précisément à Cantayrac, localité voisine de Caussade (82), ce fascicule comprend, outre le texte d'Hirtius et un portait robot succinct, une information sur les découvertes des inventeurs du site et les nôtres, ainsi qu'une étude géologique de la zone .

 

 

 

UXELLODUNUM

Les opérations militaires

et  la géologie de Cantayrac  

   

"La connaissance se fonde sur des suppositions intelligentes  et non sur des certitudes incomplètes".

                                                                                                                                                                            Nicolàs Gomez Dàvila (1913-1994)        

                                                                                    

 

 


   Avertissement.     Ceci est le compte rendu établi par Claude Delas, Georges Donat et Marc Terrasson, à l’issue de plusieurs visites menées à Cantayrac, depuis 2006, en compagnie du R.P. Itard, de certains membres de l’Institut Vitruve, et d’amis intéressés.

             Comme une explication géologique du terrain est nécessaire pour comprendre le déroulement des opérations racontées par Hirtius, ce texte présente, après la relation de l’officier de César,  un survol de ce qu’ont trouvé les inventeurs et nous-mêmes, suivi d’une première  partie géologique ; puis, dans une deuxième partie,  une réflexion militaire sur la campagne césarienne de 51 dans le Quercy, et un constat de ce qu’on peut voir aujourd’hui à Cantayrac.  Enfin diverses précisions sont apportées dans les annexes du troisième fascicule.

 

  Carte de Cassini
        Cahors se situe au NO de la carte
 
 
Préambule
                             I      Les Anciens

 

LE TEXTE   D’HIRTIUS -Traduction Constans.

 

 

 

GUERRE DES GAULES, (VIII, 32 à 44)

 

 32. Mais Drappès et avec lui Luctérios, sachant que Caninius et ses légions étaient tout proches, et se pensant certainement perdus s’ils pénétraient sur le territoire de la Province avec une armée à leurs trousses, n’ayant d’ailleurs plus la possibilité de battre librement la campagne en commettant des brigandages, s’arrêtent dans le pays des Cadurques.

Luctérios y avait joui autrefois, avant la défaite, d’une grande influence sur ses concitoyens, et maintenant même, ses excitations à la révolte rencontraient auprès de ces Barbares un grand crédit : il occupe, avec ses troupes et celles de Drappès, la ville d’Uxellodunum, qui avait été dans sa clientèle ; c’était une place remarquablement défendue par la nature ; il en gagne à sa cause les habitants.

 

33. Caïus Caninius y vint tout aussitôt ; se rendant compte que de tous côtés la place était défendue par des rochers à pic, dont l’escalade, même en l’absence de tout défenseur, était difficile pour des hommes portant leurs armes, voyant, d’autre part, qu’il y avait dans la ville une grande quantité de bagages et que, si l’on essayait de fuir secrètement en les emportant, il n’était pas possible d’échapper non seulement à la cavalerie, mais aux légionnaires même, il divisa ses cohortes en trois corps et les établit dans trois camps placés sur des points très élevés ; en partant de là, il entreprit  de construire peu à peu, selon ce que permettaient ses effectifs, un retranchement qui faisait le tour de la ville.

 

34. A cette vue, ceux qui étaient dans la ville, tourmentés par le tragique souvenir d’Alésia, se mirent à craindre un siège du même genre ; Lucterios, qui avait vécu ces heures-là, était le premier à rappeler qu’il fallait se préoccuper d’avoir du blé ; les chefs décident donc, à l’unanimité, de laisser là une partie des troupes et de partir eux-mêmes, avec des soldats sans bagages, pour aller chercher du blé. Le plan est approuvé, et la nuit suivante, laissant deux mille soldats dans la place, Drappès et Luctérios emmènent les autres. Ils ne restent que quelques jours absents, et prennent une grande quantité de blé sur le territoire des Cadurques, dont une partie désirait les aider en les ravitaillant, et l’autre ne pouvait les empêcher de se pourvoir ;  ils font aussi, plus d’une fois, des expéditions nocturnes contre nos postes (castella). Pour ce motif, Caninius ne se presse point d’entourer toute la place d’une ligne fortifiée : il craignait qu’une fois achevée il ne lui fût impossible d’en assurer la défense, ou que, s’il établissait un grand nombre de postes (praesidia), ils n’eussent que de trop faibles effectifs.

 

35. Après avoir fait une ample provision de blé, Drappès et Luctérios s’établissent à un endroit qui n’était pas à plus dix milles de la place, et d’où ils se proposaient d’y faire passer le blé peu à peu. Ils se répartissent la tâche : Drappès reste au camp, pour en assurer la garde, avec une partie des troupes, Luctérios conduit le convoi vers la ville. Arrivé aux abords de la place, il dispose des postes de protection et, vers la dixième heure de la nuit, entreprend d’introduire le blé en prenant à travers bois par d’étroits chemins. Mais les veilleurs du camp entendent le bruit de cette troupe en marche, on envoie des éclaireurs qui rapportent ce qui se passe, et Caninius, promptement, avec les cohortes qui étaient sous les armes dans les postes voisins, charge les pourvoyeurs aux premières lueurs du jour. Ceux-ci, surpris, prennent peur et s’enfuient de tous côtés vers les troupes de protection : dès que les nôtres aperçoivent ces dernières, la vue d’hommes en armes accroît encore leur ardeur, et ils ne font pas un seul prisonnier. Luctérios réussit à s’enfuir avec une poignée d’hommes, mais il ne rentre pas au camp.
 
36. Après cette heureuse opération, Caninius apprend par des prisonniers qu’une partie des troupes est restée avec Drappès dans un camp qui n’est pas à plus de douze milles. S’étant assuré du fait par un grand nombre de témoignages, il voyait bien que, puisque l’un des deux chefs avait été mis en fuite, il serait facile de surprendre et d’écraser ceux qui restaient ; mais il n’ignorait pas non plus que ce serait une grande chance si aucun survivant n’était rentré au camp et n’avait apporté à Drappès la nouvelle du désastre ; néanmoins comme il ne voyait aucun risque à tenter la chance, il envoie en avant vers le camp ennemi toute la cavalerie et les fantassins Germains, qui étaient d’une agilité extrême ; lui-même, après avoir réparti une légion dans les trois camps, emmène l’autre en tenue de combat. Arrivé à peu de distance des ennemis, les éclaireurs dont il s’était fait précéder lui apprennent que, selon l’usage ordinaire des Barbares ils ont laissé les hauteurs pour établir leur camp sur les bords de la rivière ; les Germains et les cavaliers n’en sont pas moins tombés sur eux à l’improviste et ont engagé le combat. Fort de ces renseignements, il y mène sa légion en armes et rangée pour la bataille .Les troupes, à un signal donné, surgissant de toutes parts, occupent les hauteurs.Là-dessus, les Germains et les cavaliers, à la vue des enseignes de la légion, redoublent d’ardeur. Sans désemparer, les cohortes de tous côtés, se précipitent : tous les ennemis sont tués ou pris, et l’on fait un grand butin. Drappès même est fait prisonnier au cours de l’action.

 

37. Caninius, après cette affaire si heureusement menée, sans qu’il eût presque aucun blessé, retourne assiéger les gens d’Uxellodunum et, débarrassé maintenant de l’ennemi extérieur, dont la crainte l’avait jusque-là empêché de disperser ses forces dans des postes (praesidia) et d’investir complètement la place, il ordonne qu’on travaille partout à la fortification. Caïus Fabius arrive le lendemain avec ses troupes, et se charge d’un secteur d’investissement.

 

(…….38…….)

 

39. César était chez les Carnutes quand il reçoit coup sur coup plusieurs lettres de Caninius l’informant de ce qui avait été fait concernant Drappès et Luctérios, et de la résistance à laquelle s’obstinaient les habitants d’Uxellodunum.  Bien que leur petit nombre lui parût méprisable, il estimait cependant qu’il fallait châtier sévèrement leur opiniâtreté, afin que l’ensemble des Gaulois n’en vînt pas à s’imaginer que ce qui leur avait manqué pour tenir tête aux Romains, ce n’était pas la force, mais la constance, et pour éviter que se réglant sur cet exemple, les autres cités ne cherchassent à se rendre libres en profitant de positions avantageuses : car toute la Gaule, il ne l’ignorait pas, savait qu’il ne lui restait plus qu’un été à passer dans sa Province, et s’ils pouvaient tenir pendant ce temps-là, ils n’auraient ensuite plus rien à craindre. Il laissa donc son légat Quintus Calénus, à la tête de deux légions, avec ordre de le suivre à étapes normales ; quant à lui, avec toute la cavalerie, il va rejoindre Caninius à marches forcées.

 
40. Son arrivée à Uxellodunum surprit tout le monde ; quand il vit que les travaux de fortification entouraient complètement la place, il jugea qu’à aucun prix on ne pouvait lever le siège ; et comme des déserteurs lui avaient appris que les assiégés avaient d’abondantes provisions de blé, il voulut essayer de les priver d’eau. Une rivière coulait au milieu d’une vallée profonde qui entourait presque complètement la montagne sur laquelle était juché Uxellodunum. Détourner la rivière, le terrain ne s’y prêtait pas : elle coulait, en effet, au pied de la montagne dans la partie la plus basse, si bien qu’en aucun endroit on ne pouvait creuser des fossés de dérivation. Mais les assiégés n’y avaient accès que par une descente difficile et abrupte : pour peu que les nôtres en défendissent l’abord ils ne pouvaient ni approcher de la rivière, ni remonter, pour rentrer, la pente raide, sans s’exposer aux coups et risquer la mort. S’étant rendu compte de ces difficultés que rencontrait l’ennemi, César posta des archers et des frondeurs, plaça même de l’artillerie sur certains points en face des pentes les plus aisées, et ainsi il empêchait les assiéges d’aller puiser l’eau de la rivière.

 

41.Alors ils se mirent à venir tous chercher de l’eau en un seul endroit, au pied même du mur de la ville, où jaillissait une source abondante, du côté que laissait libre, sur une longueur d’environ trois cents pieds, le circuit de la rivière. Chacun souhaitait qu’il fût possible d’interdire aux assiégés l’accès de cette source, mais César seul en voyait le moyen : il entreprit de faire, face à la source, pousser des mantelets le long de la pente et construire un terrassement au prix d’un dur travail et de continuelles escarmouches. Les assiégés, en effet, descendant au pas de course de leur position qui dominait la nôtre, combattent de loin sans avoir rien à craindre et blessent un grand nombre de nos hommes qui s’obstinent à avancer ; pourtant, cela n’empêche pas nos soldats de faire progresser les mantelets et, à force de fatigue et de travaux, de vaincre les difficultés du terrain. En même temps, ils creusent des conduits souterrains dans la direction des filets d’eau et de la source où ceux-ci aboutissaient ; ce genre de travail pouvait être accompli sans aucun danger et sans que l’ennemi le soupçonnât. On construit un terrassement de soixante pieds de haut, on y installe une tour de dix étages, qui sans doute n’atteignait pas la hauteur des murs (il n’était pas d’ouvrage qui permît d’obtenir ce résultat), mais qui, du moins, dominait l’endroit où naissait la source. Du haut de cette tour, de l’artillerie lançait des projectiles sur le point par où on l’abordait, et les assiégés ne pouvaient venir chercher de l’eau sans risquer leur vie : si bien que non seulement le bétail et les bêtes de somme, mais encore la nombreuse population de la ville souffraient de la soif.

 

42. Une aussi grave menace alarme les assiégés, qui, remplissant des tonneaux avec du suif, de la poix et de minces lattes de bois, les font rouler en flammes sur nos ouvrages. Dans le même temps, ils engagent un combat des plus vifs, afin que les Romains, occupés à une lutte dangereuse, ne puissent songer à éteindre le feu. Un violent incendie éclate brusquement au milieu de nos ouvrages. En effet, tout ce qui avait été lancé sur la pente, étant arrêté par les mantelets et par la terrasse, mettait le feu à ces obstacles mêmes.

Cependant nos soldats malgré les difficultés que leur créaient un genre de combat si périlleux et le désavantage de la position, faisaient face à tout avec le plus grand courage. L’action, en effet, se déroulait sur une hauteur, à la vue de notre armée, et des deux côtés on poussait de grands cris. Aussi chacun s’exposait-il aux traits des ennemis et aux flammes avec d’autant plus d’audace qu’il avait plus de réputation, voyant là un moyen que sa valeur fût mieux connue et mieux attestée.

 

43.  César, voyant qu’un grand nombre de ses hommes étaient blessés, ordonne aux cohortes de monter de tous les côtés à l’assaut de la montagne et de pousser partout des clameurs pour faire croire qu’elles sont en train d’occuper les remparts. Ainsi fait-on, et les assiégés, fort alarmés, car ils ne savaient que supposer sur ce qui se passait ailleurs, rappellent les soldats qui assaillaient  nos ouvrages et les disposent sur la muraille. Ainsi le combat prend fin et nos hommes ont vite fait, ou d’éteindre l’incendie, ou de faire la part du feu.

La résistance des assiégés se prolongeait, opiniâtre, et bien qu’un grand nombre d’entre eux fussent morts de soif, ils ne cédaient pas : à la fin, les ruisselets qui alimentaient la source furent coupés par nos canaux souterrains et détournés de leur cours. Alors la source, qui ne tarissait jamais, fut brusquement à sec, et les assiégés se sentirent du coup, si irrémédiablement perdus qu’ils virent là l’effet non de l’industrie humaine, mais de la volonté divine.     Aussi, cédant à la nécessité, ils se rendirent.

 

44. César savait que sa bonté était connue de tous, et il n’avait pas à craindre qu’on expliquât par la cruauté de son caractère, un acte de rigueur ; comme, d’autre part, il ne voyait pas l’achèvement de ses desseins, si d’autres, sur divers points de la Gaule, se lançaient dans de semblables entreprises, il estima qu’il fallait les en détourner par un châtiment exemplaire.

En conséquence, il fit couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes et leur accorda la vie sauve, pour qu’on sût mieux comment on punissait les rebelles. Drappès, qui, je l’ai dit, avait été fait prisonnier par Caninius, soit qu’il ne pût supporter l’humiliation d’être dans les fers, soit qu’il redoutât les tourments d’un pareil supplice, s’abstint pendant quelques jours de nourriture et mourut de faim. Dans le même temps Luctérios, dont j’ai rapporté qu’il avait pu s’enfuir de la bataille, était venu se mettre entre les mains de l’Arverne Epasnactos : il changeait, en effet, souvent de résidence, et ne se confiait pas longtemps au même hôte, car, sachant combien César devait le haïr, il estimait dangereux tout séjour de longue durée : l’Arverne Epasnactos, qui était un grand ami du peuple Romain, sans aucune hésitation le fit charger de chaînes et l’amena à César

 

         D’après A.Brenet, de l’Institut Vitruve, le texte d’Hirtius, bien que moins littéraire  que celui de César, doit être considéré comme un compte-rendu militaire, qui vise à la précision des sept premiers livres du Bellum Gallicum, avec peut-être une tendance à utiliser des superlatifs, là où César aurait employé un mot simple.

           Il est possible cependant, que le récit soit plus clair dans la deuxième partie de la campagne, qu’en ce qui concerne les incidents des premiers jours. Cela peut tenir au fait, qu’officier d’état-major du proconsul, Hirtius – s’il est venu à Uxellodunum, ce qui n’est pas prouvé – n’aurait  assisté qu’à la partie du siège, postérieure à l’arrivée de César.

            Pour l’exégèse précise de ce passage du livre VIII, on peut se reporter au livre des RR PP. Noché et Itard,

Face à César, le dernier bastion gaulois - Printex, Paris, 1993. pages 41 à 119. 

 
 
Commentaire :
                                  
                           De ce texte il ressort que le site doit impérativement présenter toutes les propriétés qui suivent :
 

Portrait-robot simplifié.

 

- Uxellodunum est situé dans le Quercy.

- Sur une hauteur naturellement fortifiée, sans falaises autour, avec des pentes rocheuses difficiles à gravir et, par endroits, des pentes douces.

- Entouré de collines élevées.

- Une vallée en V baigne cette hauteur sur trois cotés.

- Une (ou des)rivière(s) guéable(s) coule(nt) au pied des pentes de l’oppidum

- Une source unique jaillit à l’extérieur des remparts, hors de portée des armes de jet romaines placées sur la rive extérieure, Cette source s’est tarie pendant le siège, sans que les assiégés n'en devinent la cause. Les affouillements de César, s'il en reste des traces, sont hors de vue des assiégés.

- Sous cette source, une pente et, au bout de la pente, de ce côté-ci de la rivière, une esplanade de 90 mètres de diamètre.

- Des affouillements , destinés à tarir la source, ont été exécutés par les romains, hors de vue des assiégés.

- Des emblavures à une quinzaine de kilomètres.

 

                          Un portrait robot, beaucoup plus complet, se trouve dans le fascicule Uxellodunum 3, sous la plume du C.B. Réveille.

 

 2                                Les nouveaux =  Les Trois mousquetaires (cf introduction générale)  plus 2 acteurs essentiels :

 

      En compagnie du Général Terrasson, le R.P. Itard rédacteur du livre FACE à CESAR,  notre maitre de recherche.

                                  

 

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

plus l'Adjudant chef en retraite Michel Bissay, sans qui nous aurions erré sans findans le camp militaire.

 

                                

 

 

I -      ETAT DES CONNAISSANCES ACQUISES SUR

UXELLODUNUM / CANTAYRAC  ET  RECHERCHES

EFFECTUEES PAR LES AUTEURS

 

 

(Georges Donat

Ingénieur civil des Mines)

         version :1/10/2010

      

 

       Même si, à l’initiative de Napoléon III,  des noms sont reconnus officiellement, l’emplacement des sites où se sont déroulés les combats opposant les Gaulois à la conquête romaine reste incertain aujourd’hui. Les textes qui nous sont parvenus sont peu nombreux ; le plus important, quantitativement et qualitativement est  «  La Guerre des Gaules », œuvre de Jules César très détaillée et  descriptive des conditions dans lesquelles les opérations ont été menées par l’armée romaine.

         César, très surveillé par des informateurs du Sénat et de ses ennemis politiques , ne pouvait guère s’éloigner de la vérité; tout au plus peut-on le soupçonner parfois dans sa relation, de se mettre en valeur le plus possible et d’être plutôt discret  sur ses échecs et ses  revers .

          C’est pourquoi on ne répètera jamais assez qu’un site pour être crédible ne doit pas présenter d’incompatibilité importante avec le texte césarien.

 

           Les auteurs des études présentées dans le site " Cesargaulois " se sont intéressés, entre autres,  au siège d’UXELLODUNUM, dernier acte de la résistance gauloise en  -51 avant JC. Il  est mentionné au livre VIII de la « Guerre des Gaules » et a été probablement  rédigé après les Ides de Mars par Hirtius, officier de César, qui aurait été sollicité par les amis de ce dernier                             

    Accessoirement un texte d’Orose écrit au Véme siècle AC et visiblement très inspiré par la prose d’Hirtius, ne présente pas les garanties de crédibilité de cette dernière.

  

         En 1950 alors qu’il commandait le camp militaire de Caylus, le capitaine Fernand Reveille reçut la visite du R.P. Noché, professeur de lettres et auteur de  plusieurs ouvrages sur la Guerre des Gaules : le Père avait été alerté par un de ses confrères quercinois sur une légende locale évoquant la fin de la relation du siège d’Uxellodunum.

En fait, plusieurs légendes furent contées aux visiteurs par de vieilles gens du pays : les mains coupées , le rocher de Bernacus , le lac des Noyades , la chapelle de St Alby ,…….. 

Cette visite incita le capitaine à creuser le texte d’Hirtius et de proche en proche à explorer le  terrain où des concordances troublantes lui apparurent au cours des années.

Ces concordances devenant progressivement des évidences  il alerta le RP Noché qui reprit intérêt à la question en collaboration  avec le RP Itard, jésuite comme lui, et natif de la région  en l’occurrence de BACH , localité voisine de Cantayrac  .

Tout cela aboutit à deux publications :

-         en 1958  dans la Revue Historique de l’Armée, qui dans sa présentation liminaire de l’article, qualifie l’argumentation du Commandant Réveille de « sérieuse et méritant des appuis officiels pour être validée ».

-         en 1993 un livre de 573 pages écrit par les RRPP Itard et Noché, passant au crible les divers sites cadurques proposés dans la littérature pour Uxellodunum, et mettant en évidence la suprématie indiscutable de Cantayrac sur ses concurrents anciens, bien  que ceux-ci aient -  surtout en ce qui concerne PUY d’ISSOLUD ( validé récemment par les archéologues officiels ) et CAPDENAC ( concurrent  malheureux ) - fait l’objet de nombreuses fouilles et publications . En effet, sur plusieurs points importants détaillés par les Pères,  ils ne sont pas compatibles avec le récit d’Hirtius.

 

       Les RRPP Itard et Noché, le Cdt Réveille seront appelés dans ce qui suit « les Inventeurs ».

Nous (les Auteurs : Marc Terrasson et Claude Delas avec la collaboration de Georges Donat et les apports du Professeur Texier, du RP Itard, du Cdt Boyer et de l’Adjt. Chef Michel  Bissay) avons été frappés par l’argumentation honnête présentée par les deux publications précitées, et surtout par le fait que toute la description d’Hirtius est lisible sur le terrain dans les moindres détails, pour peu qu’on examine attentivement et sans préjugé le texte latin qui nous est parvenu.

                                                                                                       

                 

Nous avons effectué de nombreuses vérifications des assertions des  Inventeurs, et certaines en compagnie du RP Itard en personne. Nous avons  cherché à les compléter, bien que le temps ait passé et que le promontoire-citadelle  ait été le théâtre de multiples tirs d’artillerie ( le lieu est un camp militaire  voué à cet usage depuis I886), surtout en ce qui concerne la position des camps romains, et les expliciter lorsque la possibilité en est apparue.

        En particulier une étude géologique détaillée du contexte  karstique régional et local , présentée dans le chapitre suivant permet de comprendre en les expliquant de nombreux points du récit d' Hirtius    concernant l'alimentation en eau des défenseurs gaulois .

 

 

 

 

     DESCRIPTION  DU  SITE

 

                Comme l’écrivent les Inventeurs, Cantayrac est un lieu-dit à la frontière du Lot et du Tarn et Garonne, situé à 25 Km à vol d’oiseau au sud est de Cahors dans le terrain militaire de Caylus.

         Avant d'aborder dans le chapitre suivant une étude géologique détaillée , une description géographique  permet  de présenter les lieux . Les eaux qui forment la rivière LERE ont isolé du plateau calcaire du Causse de Limogne un long promontoire orienté NE-SW. L’extrémité   sud occidentale de ce promontoire  forme ce que les géographes appellent un éperon barré. La limite NE  de cet éperon est affectée par un thalweg  créant ainsi un col relativement étroit après lequel le promontoire se fond dans le reste du plateau. L’altitude de ce promontoire oscille entre 285 et 266 m , celle de la vallée entre 231 et 216 m .

         Ce promontoire, site proposé pour l’oppidum, est petit (moins de 30 ha), doté de défenses naturelles mais il ne s’agit pas d’une citadelle d’aspect inexpugnable. .

L’abrupt des pentes ne présente pas de rochers à pic ;  ce sont des pentes raides, raboteuses, sans falaise continue, mais impliquant une montée difficile pour un assaillant lourdement armé, surtout s’il est sous le feu ennemi.

La faiblesse des défenses de cet éperon réside dans le coté NE qui doit être "barré" par des fortifications artificielles, car le thalweg qui le ferme ne saurait, seul, arréter la charge d'une armée romaine.

      Une vallée continue, encaissée, enserre le promontoire sur trois côtés. Elle comporte deux cours d’eau , intermittents aujourd'hui : au nord le «  ruisseau de Cantayrac », au sud le  « Poux Nègre » qui coulent au fond de la vallée . Ces deux ruisseaux se rejoignent à l’ouest du promontoire pour former la rivière LERE.

La vallée a donc une forme de boucle enserrant étroitement la croupe de Cantayrac.

        Une bonne partie de celle-ci a fait l’objet de tirs d’artillerie, suivis de passages au scraper, et le sol a été bouleversé  considérablement. Heureusement certains secteurs ont été épargnés, et l'art du géologue, plus sensible à ce qui se passe en dessous du niveau du sol qu'en surface, a été d'un apport précieux pour retrouver la trace des positions romaines.

 

 

              LES DECOUVERTES DES INVENTEURS

 

         Ceux-ci ont constitué un dossier lumineux pour tout lecteur de bonne foi et  malgré le temps écoulé depuis des recherches datant de plus de cinquante ans, illustrant parfaitement les points principaux du dossier d’Hirtius . Nous nous sommes attachés à en retrouver le plus grand nombre sur le terrain lorsque le temps écoulé n’en avait pas fait disparaître les traces.


       Tout d’abord l’aspect général du site.

           L’oppidum est entouré par une vallée au fond de laquelle coule une  rivière. Cela n’implique pas un seul cours d’eau profond  l’enserrant sur  trois côtés.
           C’est la vallée  qui forme boucle, selon Hirtius. Elle est parcourue par deux cours d’eau qui se rejoignent en enserrant l’oppidum.

Ces rivières ont une eau courante avec un débit plus ou moins  important en fonction de la saison et donc de la pluviosité  . Le chapitre géologique suivant, de Claude Delas,  détaille les raisons de cette fluctuation .Nous avons constaté ce fait lors de différentes  visites.
          Il  y avait une source antique accessible aux assiégés, située en contrebas des remparts et très au-dessus de la vallée. Elle est sèche  maintenant et on y a trouvé des poteries gauloises
antérieures à la période gallo  romaine.
            La région à blé  susceptible de nourrir les troupes gauloises  ne peut être que la plaine de   Caussade. Nous avons effectivement reconnu sur les  bords de la Lère (Monteils au  lieu-dit Roussal) une prairie pouvant avoir  été le camp de Drappès avec aux abords deux collines pouvant masquer les  attaquants romains. Il est situé à environ 15 km (dix mille  pas selon  Hirtius) de l’oppidum.
             Les camps romains installés en hauteur, successivement avaient été moins nettement  positionnés. Nos explorations géologiques sur le terrain appuyées sur les considérations militaires et tactiques  développées par Marc Terrasson, ont apporté des éléments importants qui seront présentés plus loin  par ce dernier.

 

         NOTRE APPORT

 

      Les auteurs de cet essai sont les interprètes d’un groupe composé de militaires, de géologues et de latinistes. Outre la vérification des principaux arguments développés par les Inventeurs, ils ont examiné l’hypothèse selon laquelle UXELLODUNUM serait à CANTAYRAC, à la lumière de leurs spécialités respectives, sans procéder à la moindre fouille archéologique, mais en collant attentivement au récit  d’Hirtius ainsi qu’en recherchant les indices encore visibles sur le terrain

     Pour les nombreux objets récupérés antérieurement par fouilles, on se reportera aux publications des Inventeurs.

.

       La géologie apporte un éclairage décisif et nouveau sur les phénomènes liés à la nature karstique du substratum et donne un fondement solide à l’explication du régime variable et intermittent des cours d’eau occupant la vallée ; elle permet surtout de décrire le mécanisme par lequel César a pu priver d’eau  les défenseurs gaulois.

 

       Pour l’art militaire, il faut insister sur le fait que le récit d’Hirtius est, dans la tradition des Commentaires de César , un  texte essentiellement  tactique et guerrier  et qu’il doit être  validé sous cet éclairage, ce que beaucoup d’archéologues et historiens officiels  se permettent de ne pas faire .

A l’occasion de nos expéditions sur le terrain, on a pu mieux circonscrire et préciser la position des camps romains.
Par contre-coup, l’extension de la citadelle gauloise, évidente dans son principe du fait de l'augmentation du nombre des habitants gaulois, a été confirmée par la détermination du  camp  (dénommé dans le fascicule 2 " camp du Promontoire ") établi par Caninius pour bloquer une sortie voire une échappée totale des troupes gauloises en direction de Jamblusse. Nous en avons repéré un mur, (avant ? ou arrière ? par rapport à la Citadelle gauloise ?). 
  L’arrivée des troupes de Drappès a nécessité l’extension de cette Citadelle. Cette extension a vraisemblablement été protégée par un rempart édifié rapidement (troncs d’arbres, branches entrelacées avec bourrage intérieur en pierrailles et terre) , rempart dont il ne peut rester de traces aujourd’hui.
Le camp principal d’Aubrelong ainsi  que divers vestiges des autres camps romains ont été également repérés. Les Inventeurs avaient exploré en détail la hauteur d'Aubrelong et semblent y avoir repéré des vestiges de circonvallation  ainsi que  "la ligne avant du camp" .
Nous avons creusé ce point , comme on le verra plus loin . Il est intéressant de noter qu'à proximité se situait le lac des Noyades ( nom correspondant à une légende orale rapportée par le Commandant Réveille ) comblé  récemment à la suite de travaux militaires, ainsi que le confirme l'Adjudant Chef Bissay .
L'existence de ce lac, visible sur les relevés disponibles à l'IGN, conforte l'hypothèse de l'implantation à Aubrelong du camp principal des Romains puisqu'il pouvait
- à l'abri d'attaques gauloises - servir à l'alimentation en eau de la cavalerie  .

 

        La lecture du texte d’Hirtius  faite sur le terrain  avec un œil attentif à l’art militaire, permet  d’expliquer le mouvement des troupes romaines durant toute la durée du  siège, et induit un commentaire éclairé des opérations décrites par le collaborateur de César, commentaire qu’on pourra lire au chapitre III dans le fascicule "Uxellodunum 2".

 

 

 

 

                      

I I /   Les possibles apports de la géologie

                                  

 au  Site de Cantayrac

 

 

Première version :15 Mai 2006                                                                                  par Claude Delas

Version présente  7 Dec 2009                                                               Ingénieur civil des Mines

 

            Au delà de la Géologie, l’histoire est passionnante :  Deux bandits de grands chemins ou des résistants, l’un de bonne famille du coin, l’autre un aventurier, des comparses possibles de Vercingétorix, se font piéger par les « forces de l’ordre », sur les terres des Cadurques

                Ils s’installent donc, non pas dans un nid d’aigle imprenable, MAIS, comme de vrais réfractaires, dans une forteresse confortable, à l’écart de la grande route, mais pas trop loin, et d’accès  peu pratiqués, avec plein d’échappatoires, de l’eau et une petite population de soutien.     Ils y mettent même leurs butins, dit Hirtius.

 Le RÊVE pour des brigands.

                                               ET si César n’avait pas sur-réagi à cette petite provocation lointaine, ils auraient gagné.

 

C’est le dernier épisode important de La Guerre des Gaule ; ensuite César va parader en Aquitaine, probablement avec une partie de ses troupes, avant d’être absorbé par La Guerre Civile. Les futurs soulèvements Gaulois sortent de nos objectifs.

 

 

 

         Carte Géologique de Cantayrac  Uxellodunum au 1/50 000ème

 

 






























bleu clair =  calcaires grumeleux / rognoneux du callovo- oxfordien

bistre = calcaire du bathonien .

 à la limite bleu-bistre il y a un épisode argileux, imperméable  qui va se retrouver dans nos régimes aquifères. J'en reparlerai de nombreuses fois; notez que dans le fond des  deux rivières, il se termine soit à la chapelle de St Alby, soit à la Tour

 

 

                          Ne prenez pas le géologue de terrain pour un magicien ; c’est comme le sourcier, il est le familier des pierres, des accidents, des anomalies. Il a consulté les documents et a compris l’empilement des couches, il sait les regarder, mais comme l’ancien médecin de famille il n’est pas « spécialiste ». Je serai le vieux médecin de famille , avec bon sens, sans ambition.

 

Dans la suite j’aurai le rôle ambigu du géologue  et du militant pour la  connaissance du site.

 

Notre site est situé près de Jamblusse, dans le Camp militaire de Caylus, au S.E. de Cahors, au Nord de Montauban.

 

 
 
 
 
 
 
 
                                                                                                 Carte du site de Cantayrac    d’ après un fond IGN     - Carte N° 2 -
 

                                      en vert les failles utiles ; en orange les vestiges ; en noir les observations.

 

 

 

            L’auteur fait sienne l’hypothèse décrite par le Commandant F Réveille et les R.P. Noché et Itard que l’oppidum d’Uxellodunum, tel que décrit par Hirtius dans le Bellum Gallicum, est bien au site de Cantayrac, tel qu’ils le décrivent dans leur livre  Face à César, le dernier bastion gaulois  -  1993.

Il recommande la lecture du début du mémoire du chef de bataillon Réveille ( c.f. Uxellodunum 3), commandant du camp de Caylus. C’est le véritable inventeur vers 1950 du site  auquel le R.P. Noché a participé, ensuite.

Le point de départ du Commandant - ce qui m’a fasciné - est constitué par les ultimes légendes du secteur qu’il a récoltées  alors à Bach et Vaylats, deux  patelins juste au Nord,  qui parlent du Rocher de Bernacus et de la légende des mains coupées. Le lecteur  devrait les méditer  car elles sont à l’origine  de l’engouement de notre commandant pour ce site : la faille druidique dont je reparlerai  et qui est la faille signalée sur la carte, passe par le rocher de Bernacus, que  le Général Terrasson a escaladé, puis coupe la prairie de la Chapelle de St Alby, avec la table druidique des R.P., comme le montre la photo ci­­-après, et arrive à notre source gauloise tarie­­- sans commentaire druidique de ma part.

 

 

 

 

 

 
 
 
au premier plan , le Père Itard qui s'appuie sur la "table druidique" selon lui, qui est le morceau tombé du plan de la faille que nos amis observent en la cachant.

 

Je vais donc , après cette digression, regarder l’assistance possible du Géologue dans le décryptage des observations et de ses implications dans les Interprétations.

 

Sources   :   Outre le livre précité et le mémorandum du commandant Réveille, les écrits de Hirtius dans le B.G., j’ai pris en compte les publications de Félix Trombe ( Traité de Spéléologie ) et diverses articles d'Albert Cavaillé. J’ai également utilisé les cartes du secteur : IGN, Géologiques du BRGM, Etat Major , Cassini, Plans Cadastraux, Images de Google Earth.

 J’ai éclairé la compréhension de ces documents par des visites sur place en compagnie du Père Itard, du Général Terrasson, de Philippe et Simon Terrasson, du chef de Bataillon Boyer, de l’Adjudant-chef en retraite Bissay, de Georges Donat et Paul et Philippe  Roux  etc, chacun y étant allé de remarques pertinentes.

 

 

            J’ai pris conscience,  progressivement, et à la suite du Commandant Réveille, que les écrits d’Hirtius sur Uxellodunum n’avaient pas la clarté de ceux de César (même sur la bataille de Lutèce que ce dernier n’a pas vécu.)

On peut même se poser la question de la présence d’Hirtius sur le site. Il a très bien pu en faire un récit ou synthèse d’après les Archives de César sans avoir été physiquement présent.

 

 

 Il est donc temps de passer à mon sujet :  L’environnement et la Géologie .

 

 

D’après Hirtius : Uxellodunum est  en pays cadurque donc il peut être dans les Causses de Limognes, au Sud-Est de Cahors , au S.O. de Jamblusse… Il peut donc être sur le promontoire de Cantayrac, dans un pays pauvre de causses calcaires à hydrographie karstique.

 

 

 

  I /   Histoire

L’histoire géologique du pays, pour ce qui nous concerne, peut se résumer ainsi ; cette parenthèse est mon plaisir car est éloignée du sujet, mais sans cette vision, je ne peux expliquer le double régime karstique, ni pourquoi , sauf à être spéléologue averti, on ne peut comprendre nos Pous et la Lère.

 

 

I - I  ---  GENERALITES 

   

  A la fin de l'ère primaire, le Massif Central était l’élément émergé dominant  tel  les Alpes aujourd’hui mais en cours de pénéplanisation.

            Au permo-trias, suite à la subsidence de la bordure Ouest, la sédimentation a repris avec l’épisode classique des débuts des cycles importants. Ce sont les dépôts détritiques en tous genres de ce permo-trias vieux de 230 millions d’années, dont les houilles de Carmaux – Decazeville.

   Notre région s’individualise à l’Ouest de Capdenac sur le Lot, qui est encore dans le Massif Central et de Puy d’Issolud qui est à la frontière du pays arverne, voire dedans (cf Uxellodunum 3). La mer jurassique chaude et peu profonde dépose des calcaires en grande quantité avec des alternances d’argiles indiquant des pulsations climatiques et/ou des variations de l’érosion. Cela fait la grosse masse des Causses, avec Rocamadour, Caylus, Cahors

Remarque :  Au Jurassique inférieur on notera l’épisode argileux, épais du Toarcien car il sert de base à la plupart des élément karstiques du Quercy. Par comparaison avec les sites concurrents, à Caylus il est déjà trop profond On notera aussi qu’à Puy d’Issolud, la source Loulié lui doit son existence, comme beaucoup d’autres sources.

 Vous noterez  la fin du Bathonien avec son épisode argileux, correspondant sur  la carte géologique, à la limite du brun et du bleu, importante pour notre cas.

 

            Cette situation va perdurer jusqu’au début du Crétacé avec l’ouverture de l’Atlantique. Il y a arrêt  de l’enfoncement voire une légère surrection des terres.  Le peu de sédiments nouveaux que l’on trouve sont d’origine lacustre ou fluviale et les premières rivières se creusent, en particulier le Lot et la Dordogne qui coulent dans de vastes vallées. Le premier régime karstique commence. Ce processus va continuer pendant le Tertiaire , soit un temps assez long pour les hommes,  où l’érosion va modeler le paysage, avant le dépôt des sédiments tertiaire, argileux ;

 

            Les Pyrénées impriment alors leur marque avec élévation des terrains et  tout un cortège des compressions, distensions, failles NW/SE et souvent de cisaillements comme le faisceau de Vaylats. Les vieilles rivières s’enfoncent dans les anciennes vallées, ou deviennent souterraines.

 

 

II –1

 

- NORD de CAYLUS                 Les Causses de Limogne caractérisent cet endroit. Il me manque une bonne coupe géologique pour étayer mes dires. Le lecteur  n’aura que la coupe que j’ai déduite des annexes de la Carte Géologique ( voir plus loin dans  CROQUIS   ).

 

On notera les aspects caillouteux des pentes renforcés par le caractère « rognoneux » des bancs des calcaires en plaquettes du Callovien et par la compression. Les coupes de l’autoroute illustrent l’augmentation des alternances argileuses vers le Sud  et en remontant dans la série avec de moins en moins de falaises importantes.

 

Remarque : de ce fait, les places fortes militaires ne sont que peu vers le Sud ; du coup les grands régimes karstiques chers aux spéléologues sont au nord ; au sud c’est un réseau diffus et qui existe dans notre secteur, très contrôlé par les failles.

 

On notera, toujours sur les CROQUIS un peu plus loin, que le pendage des couches est assez régulier de l’ordre de 3° OSO avec quelques ondulations pyrénéennes . Ce pendage est plus fort  que la baisse des altitudes, ce qui fait que les affleurements sont de plus en plus jeunes vers l'Ouest-Sud-Ouest.

 

Vers Cantayrac nos failles de coulissements latéraux ne sont pas toujours bien orientées par rapport aux tenseurs à cause des interactions Pyrénées /Massif Central . Il en résulte des zones de broyage dans les bancs calcaires et des crochons de failles; ajoutons la nature grumeleuses des calcaires sommitaux à Cantayrac, le climat contrasté du secteur avec gel en hiver, chaleur sèche en été et vous comprendrez, et les commentaires de Hirtius, et la pauvreté végétale et humaine  de ce secteur où l’Armée a pu s'installer. En dessous de la Coupe des CROQUIS, j’ai noté quelques observations, utiles pour un lecteur mi-averti .

 

Je voudrais ajouter deux traits importants dans ce type de terrains, liés aux dépôts calcaires :

Le premier : ces roches peuvent se faire percer par des eaux, d’autant plus lorsqu’elles sont chargées en gaz carbonique, et ceci peut se voir déjà sur une période historique.

Le deuxième :  les bancs de calcaire massif, d’excellentes pierre de taille, sont dures à creuser : au pic on estime qu’un homme ne fera pas avancer son front de taille de plus de 50 cm par jour.

 

II   2   

 

Je rappelle aussi l’histoire de la rivière de Jamblusse, alias la Lère : Cette rivière est probablement contemporaine du premier Lot. D’abord souterraine au N.E. aujourd’hui, elle marque la vallée du ruisseau de Cantayrac qui coïncide avec une ancienne faille, par une série de résurgences dont je citerais les  dernières en tant que telles vers l’aval.

La source de Saint  Alby, qui était vraisemblablement déjà maigre et asséchée du temps de César, marque une position de la vallée aux temps anciens, peut-être Crétacé avec une hydraulique différente et à 40 m au dessus du ruisseau actuel. Elle domine la petite plaine de la Chapelle de ST Alby qui est dans notre banc d’argiles de la fin du Bathonien, un bon endroit pour creuser un fourfoul de quelques mètres qui ira rencontrer la régime aquifère du dessous. L’entrée du tunnel-source est un peu vaste et sa base est recreusée comme le montre la photo du Commandant Réveille, ou de l'Adjudant chef Bissay pour le débit actuel ; d’abord ce débit a pu être bien plus sérieux au Crétacé mais également  l’homme a pu aménager l’endroit ( ce que peuvent avoir fait à un certain moment les soldats de César ). Jusqu’à son extrémité, aujourd'hui réputée à 110m de l'ouverture, le tunnel reste praticable et ventilé

 La résurgence du Moulin de la Veyrière, un peu plus bas était le début de la Lère navigable au Moyen Age. Avec son industrie du verre au XVIIème siècle, on peut également la penser ancienne puisque le sable ne pouvait provenir que de la résurgence.
 
Le moulin de Broze qui est l’actuelle source de la Lère, ci-contre, belle rivière permanente à truites et qui n’est que la rivière de Jamblusse. Cette dernière ressort en arrivant sur l’argile du Tertiaire qui est venu  buter sur les calcaires jurassiques à cause d’une faille style  faisceau de Vaylays, ou pyrénéenne..
 
 

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Le Pous blanc : aujourd’hui il est devenu vert de mousse, signe que son activité est déclinante mais il reste toujours éruptif. Il a été exploré par Cavaillé selon le Père Itard, et est fort complexe, sans aération (indice de son coté éruptif et sporadique). Il alimente le ruisseau du Poux Nègre

Le Pous nègre : c’est plutôt une source ou une fausse résurgence, en amont de l’emplacement de La Tour. C’est une bonne source qui draine les sédiments au dessus du banc d’argiles au sommet des calcaires massifs du Bathonien, et procure les terrains des jardins des ermites du siècle dernier.

Le bassin de la Lère est assez vaste : au nord il est relayé par celui du Lot. On y trouve Crouzelles qui est à remarquer pour la résurgence  de la Lère, de l’Ordre de Malte à 320 m d’altitude. Il existe encore un peu plus vers Varaire le puits gaulois de Varadeto sur la voie romaine de Divona (Cahors) à   Rodez, qui marque l’emplacement de l’ancien Varaire que signalent les Tables de Peutinger . Cette halte importante a dû être abandonnée à la suite du passage des Grandes Compagnies lors des guerres de Cent ans, et est aujourd’hui un simple croisement de sentiers.

 

Au Sud de Jamblusse il y a des hauteurs qui participent aux écoulements du Pous Nègre. La vallée de ce ruisseau, profonde et en V et très encaissée , et donc géologiqement jeune et active, est aujourd’hui quasi à sec sauf en période de fortes pluies ou d’orages. C’est aussi le siège de deux « fourfouls » que César aurait fait creuser et qui auraient eu l’effet inverse. En fait la résurgence du Pous blanc a le même aspect que celle du Moulin de la Veyrière mais est des plus capricieuse et éruptive ; son alimentation doit avoir affaire à des trop-pleins, des siphons , sujet que je ne maîtrise pas. Celle du Pous nègre un peu plus bas est plus calme et régulière. Son activité a retenu l’attention des ermites du XIXème avant l’arrivée de l’Armée, et grâce à la solitude du coin.  L’état actuel de leur moulin et du pont en aval - peut-être refait sur l’emplacement d’un pont ancien, voire gaulois - montre que notre Pous nègre est toujours une rivière à considérer bien qu’elle se soit bien enterrée depuis  César

 

 

III--- ROLE des FAILLES

 

III-1  Il y a les vieilles failles, hercyniennes, quasi E-W qui contrôlent la direction du Lot  et pour nous celui du Ruisseau de Cantayrac alias la Lère sèche, en amont car elle coule sous terre  depuis longtemps et est le domaine des spéléologues.

 

III- 2  Il y a surtout les failles « pyrénéennes » et pour nous le réseau ou Faisceau de Vaylats. Le lecteur peut consulter la Carte Géologique ci-avant pour les visualiser. Ces failles sont en gros perpendiculaires aux précédentes et donc NO-SE. Ce sont des failles en relais, avec des crochons, à faible rejet verticaux mais à effet de coulisse horizontale très marqué. Elles  sont un peu obliques par rapport aux tenseurs des pressions, ce qui a entraîné de la fissuration et dislocation dans les bancs calcaires.

            Dans ce Faisceau de Vaylats, je singulariserais 3 + 1  failles qui concernent notre domaine.   

 

1        --La Faille du Moulin de Veyrière  que soulignent les 2 brusques coudes du ruisseau de Cantayrac alias la Lère sèche. Avec la résurgence un peu plus loin vers 212 m d’altitude. Aux temps des rois, dit-on, c’était la source de la Lère navigable. La source est toujours là, elle est devenue intermittente mais réelle en saison humide. Le moulin a encore fonctionné pendant la dernière guerre et aurait également pu fonctionner début 2009.

2        La Faille de Saint Alby qui semble passer à 20 m au NO de la source du même nom et souligne un décrochement horizontal que les vues de Google Earth me font évaluer à 200m. La source, située à 244m d’altitude, a du être très active il y a longtemps, avec son tunnel de plus de 170 m vers 1900, mais déjà du temps de César elle n’était qu’un filet d’eau comme  aujourd’hui-  La faille se dirige ensuite, comme le tunnel, sur l’Aven, dont la base est  10 à  20 m plus haut que le tunnel. Ce tunnel semble directement lié à la faille et non à la pente régionale. Il y a eu des complications après la caverne dite "du stalactite" située à une centaine de mètres de l’entrée, puis une venue d’argile vers 110m bloque les venues d’eaux  mais laisse passer de l’air. Il se pourrait que le toit du tunnel ait été fragilisé par des évènements externes, voire les coups de pics romains

Donc quelque part sous terre, les eaux du Sud de Jamblusse, qui ne sont pas dans le Poux Nègre et qui alimentaient la Source Tarie, ne pouvant plus sortir par le tunnel, doivent se débrouiller pour rejoindre la Lère.

3        -- La Faille de La Table Druidique qui se détache sur les versants du Ruisseau de Cantayrac ,   passe , plus au Nord Ouest vers ce qui peut être le Rocher de Bernacus, là où la légende locale place l’endroit où l’officier de César coupa les mains des 1500 défenseurs, après leur reddition. Ce rocher est un complexe calcaire qui domine la route de 20 bons mètres avec un sommet plat, comme le dit la légende ; la faille continue vers le SE et traverse le promontoire de Cantayrac vers la Source Tarie  puis La Tour.

La résurgence  un peu humide ( que l’Equipe Réveille a découvert enfouie grâce à la perspicacité d’un gamin qui avait constaté que sur cette zone débroussaillée, le coin était plus vert)  serait notre fameuse SOURCE GAULOISE TARIE  .  Vu le peu d’érosion qu’elle a provoquée, son débit artésien devait être modeste mais réel, mais érosion il y a, ainsi qu’un tuf en contre-bas et du sable qui indiquerait une interaction avec le vieux régime karstique.

4        --A l’ouest de la cote 305 sur le champ de tir et après notre MUR, il y a un thalweg, bord possible de l'emprise gauloise, mais qui semble marquer la zone de broyage due à une faille de coulisse, liée au Faisceau de Vaylats.

 

IV Le système karstique     

 

            Voici une présentation rapide de la question :

 

L’installation du système de dissolution / érosion karstique a débuté dès la première émersion réelle au début du Crétacé, façonnant les rivières d’alors comme l’ancien Lot, l’ancienne Dordogne, notre Lère. Ce système a été rajeuni au tertiaire lors du soulèvement des Pyrénées.

        Je ne parlerai pas du mécanisme de la karstification, qui sort de nos propos et je renverrai le lecteur vers la publication de A Cavaillé dans le bulletin de la société du Tarn et Garonne.

 

 ci-dessous la base des calcaires en plaquettes ou crête militaire

 

 

    Comme le montre la coupe 4 , entre le Bathonien et le Callovien, on a un épisode argileux d’environ cinq mètres d’épaisseur, avec en dessus et en dessous des calcaires plutôt massifs favorables à une dissolution type karst,

 Au dessus il y a un épisode moins marin, avec les calcaires graveleux en plaquettes. Cette série débute au dessus de la « source tarie » comme à la « Citadelle » ; elle n’est pas favorables aux écoulements type karstique ; plus molle son apparition marque la crète militaire du promontoire.

            Le banc d’argile de cinq mètres joue un rôle essentiel dans l’hydrologie. Il est à la base des puits de Varadeto (gaulois), de la résurgence de Crouzelle de l’ordre de Malte, des abreuvoirs de Jamblusse  et des citernes de Cournoulas. Il affleure vers la tour supposée , la source dite Poux Nègre et la chapelle de St Alby.

Les spéléologues ont bien analysé la question et ont déterminé deux systèmes karstiques, l’un fermé  sous pression fonction de l’altitude, ayant du CO2, qui se manifeste par des sorties éruptives, mais d’alimentation réduite et donc intermittentes et l’autre ouvert à l’air libre alimenté très largement dans le bassin de la Lère, dont fait partie le tunnel-source de St Alby, lequel est ventilé et coule en permanence. Notre source tarie est passée de l’un à l’autre sous l’action des Romains.

 

Deux clefs à cette séparation : les deux phases de karstification et le fameux banc d’argile.

 

 

 

 

La photo ci-contre illustre les gros bancs calcaires du Bathonien qui ont servis aux ermites d'avant l'installation des militaires, pour chenaliser l'eau de leur moulin dont on devine le bief .

 

 

 

 

Ceux que les explications géologiques rebutent, pourront lire celles du commandant Réveille plus accessibles en s’inspirant des système de plomberie dans un immeuble

 

     

 

 

 V     QUELQUES   POINTS   PARTICULIERS

 

            V –1   L’AVEN   

 

                                   Outre un puits à l’Ouest de la source tarie et trois mètres plus haut, il y a l’Aven, 10 à 12 m plus haut que la Source, qui n’est pas lié à une doline, n’a guère d’alimentation en surface et ne  présente pas de trace d’érosion locale . Une mesure de M.Bissay lui donne une profondeur de 19 m sans eau au fond. Vu les altitudes comparées de l’Aven et de la source, ce fond est plus bas que celui de la source ; Cela a été un réservoir  de bonne capacité non jaillissant, mais était-il déjà percé du temps de Jules ? ou en communication avec la source ?    C’est une véritable interrogation car il se trouve dans le prolongement de la faille de St Alby.

 

 

 

 

            V – 2           Le PROMONTOIRE   de  JAMBLUSSE

                                   Il manque trop  d’ingrédients – suivant les portraits-robots  – à ce promontoire pour qu’il soit l’Oppidum d’Uxellodunum.. Mais il a deux caractéristiques qui font de lui un lieu vivable :

               a ) comme je l’ai déjà mentionné il y a de l’eau en bonne quantité, même aujourd’hui.

            b) les convois de bêtes peuvent y accéder de trois cotés, à l’inverse de Cantayrac. Ceci est bon pour un village, mais moins bon pour une place de sûreté.

 

Mais son importance souterraine est indéniable, car c’est le nœud du système karstique. Le spéléologue Valette l’a pénétré,  selon le Père Itard qui a transcrit  certains de ses propos, mais je ne l’ai pas rencontré

Il serait rentré par une ancienne résurgence sèche qui se trouve à une centaine de mètres de la route  de Jamblusse à Varaire, dans le versant nord de la petite vallée de la Lère sèche ? Nous n'avons pas trouvé ce point d'entrée , faute de temps , lors de notre visite en Avril 2006, et le Père nous a dit que les spéléologues l’avaient soigneusement dissimulé. Cette Lère sèche, car souterraine, draine les terres du Nord de Jamblusse, alors que le Poux Nègre reçoit les eaux du Sud de Jamblusse.

 

 

V –3   LES REMPARTS et LES RUINES

 

J’empiète sur le domaine du Général Terrasson ; qu’il me le pardonne.

 
Voilà en quoi le géologue se manifeste :

 

                 Le promontoire jurassique et calcaire de Cantayrac- Jamblusse  est formé vers Jamblusse de calcaires massifs à passées argileuses. En aval, comme je l’ai déjà mentionné, apparaissent vers les sommets, les calcaires en plaquettes plus friables et plus argileux. Le lecteur pourra admettre que la limite des 2 formations, telle qu’elle figure sur la Carte Géologique, correspond à la crête militaire du promontoire sur la photo ci-avant  et donc vers l’oppidum. Le promontoire est donc naturellement  couvert par des cailloutis calcaires avec  peu de terres argileuses que  les grosses pluies emmènent plus facilement. Les hivers sont à averses et les été à chaleurs fortes qui réduisent les argiles en poudre. Dans le Poux Nègre, de régime torrentiel, les gros bancs de calcaires s’individualisent, comme le montre la photo, surtout lorsque les ermites les ont bricolés au XIX ème siècle.

Pour faire ici un bon rempart il faut , sauf si on a du temps , oublier la technique des plaines avec creusement d’un fossé et érection d’un agger surmonté d'un vallum.  Caninius a du s’adapter, de même que Fabius et Luctérios.  Les gaulois d’avant avaient pu profiter de l’affleurement de la barre calcaire de la source pour asseoir leurs remparts ; ce qui  impose cette forme de haricot.

   Une interprétation : Vu la faible durée des opérations et le fait qu’il n’y avait pas une activité guerrière impressionnante après la destruction des convois de l’armée gauloise , nous pensons plus avoir affaire à des nouveaux  remparts faits d’arbres abattus et entrelacés, plus des buissons d’épines noires, qu’à des remparts conventionnels, ou des murs,  sauf pour les anciennes constructions de la place gauloise de la Citadelle, et certains points névralgiques des camps romains sur Aubrelong et Cournoulas.

   A son départ César a donné l’ordre de raser Uxellodunum. : sont brûlées les constructions en bois et sont rasées soigneusement les constructions gauloises en pierre ( la citadelle en particulier ) ; en outre il a sans doute interdit de ré-occuper les lieux.

 

            On conçoit que notre travail de recherche ait pu être  ingrat.  Nous partions de l’idée que là où il y a nettement plus de pierres éparses ou sous forme de murets, il faut bien regarder, c’est peut être là qu’il y avait des constructions en pierre.

 

Qu’avons nous trouvé ?, ainsi que les découvreurs qui nous ont précédés :   

Sur le promontoire, Le père Itard nous parle les restes de la citadelle  et des deux villas . Je vous renvoie à son livre.

Il y a sur les hauteurs d’Aubrelong  ( Arbre long pour Cassini, Operus long en  langue d’Oc pour Réveille - Itard ) qui dominent celles de Cantayrac, d’indiscutables fortifications avec des murs d’au moins 1,40 m de largeur, qui sont éligibles pour un camp important, d’autant que l’eau  n’est pas profonde, comme le montrent les  restes des citernes actuelles. Le lecteur trouvera en annexe dans l'article de F.Réveille une photo de ce mur (Fascicule Uxellodunum 3).

            Il en est de même pour le Pech Sec ou l’on retrouve les fondations d’un gros mur, surtout le long de l’ancienne voie gauloise vers le Sud, avec un « castellum » qui domine le résurgence du Moulin. Mais comme déjà , en 1610, la métairie existait, avec, en plus, un moulin à vent ( pour monter l’eau ? ) les restes datant du temps de César posent questions.

 

            Sur Malabro rien n’a été vu, hors vers la rivière, mais ce secteur dans sa partie haute a été le domaine des champs de tir depuis 1866.

            A la combe de Cahors les découvreurs nous ont décrit des fortifications ; maintenant les travaux du Génie ont tout chamboulé.

 

 

 

 

            A Cournoulas, au milieu des constructions du XIX ème en ruines, Paul Roux est tombé sur un Mur militaire , le long d’une parcelle et bloqué, comme le mur de terre à redans, dit romain, sur les deux chemins de limite des parcelles.

 

 

 

Comme on le voit sur le schéma de  Réveille en Annexe, on a à gauche le parapet,la partie la plus haute puis le comblement central pour pouvoir enfoncer les pieux, puis le chemin de ronde; ceci implique que le Camp était à droite, au NE.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C’est d’ailleurs en nous servant du plan cadastral d’origine et en le commentant que nous avons compris que  seuls les restes de constructions romaines devaient s’intégrer dans ce plan et que Paul Roux, qui suivait le vieux chemin du parcellaire, en s'enfonçant dans les épines,  est tombé dessus.

 

Je commente :

 

            En ce qui concerne notre hypothèse pour le Camp 2  nous avons trouvé (voir plus loin ) les résidus d’un mur épais de 2 à 3 mètres de terre avec trois redans espacés de 70m qui pourraient très bien être les traces des fortifications romaines ( mur du camp 2 ou circonvallation ou les deux) mais les déprédations anciennes par des gens avides de pierres  pour Jamblusse, comme pour  la voirie, plus les exactions des bulldozers des militaires,  limitent nos espoirs de trouver une vraie preuve. Pour notre gouverne, ce mur a dû servir de limite cadastrale et s’est donc normalement arrêté aux deux chemins de servitude qui réunissent les parcelles.

Notons que ces deux chemins ont dû avoir un passé :  le principal, remis en état par le Génie et qui devait prolonger le grand chemin du Camp 2 ( à 45° du N.S.) va jusqu’à  St Alby et descend la pente en biais. Son mauvais état avait fait que nos anciens avaient opté pour le chemin parallèle vers la cote 305 avec un double coude, ce que le Génie a ignoré.

Mais le fait des constructions récentes ( post­-­révolutionnaires, et pré-1866)  ,  plus l’abondance de bonnes pierres ,  plus la présence d’eau peu profonde et de citernes enterrées, liées au fameux banc d’argile de Jamblusse, nous ont mis sur la piste. En outre le vieux chemin vers Caylus qui donne accès facile à l’eau, et le vieux lac des Négadouires vont dans le même sens.

 

                               
Une citerne , le long du chemin, éventrée par un bulldozer
 
 
 
 
 
 
 

Les restes des deux murs militaires ou supposés tels, à 70 m du chemin de Caylus, nous ont renforcés dans nos idées pour la position du Camp de barrage du promontoire.

 

            Sur le supposé oppidum gaulois, les remparts ne sont pas décelables, ce qui n’étonne pas, même au dessus de la source tarie, comme le mentionne Hirtius : c’est la seule fois qu’il mentionne ce fait.

 

            J’avais pensé, lors de notre première visite   que le sommet du banc calcaire au dessus de la source, à la crête militaire, avait pu servir d’assise à ces remparts. Après la deuxième visite je n’avais remarqué aucun indice sérieux, hors des anomalies pierreuses de la Géologie, sauf vers la Citadelle  proche de l’extrémité SO du promontoire, située sur un même banc rocheux  et dont les murs ont été arasés. Il y a bien les traces que m’a montrées le Père Itard et qui seraient les soubassements de la porte de sortie vers la plaine, mais ...?   Deux autres indices qui ne valent que l’importance qu’on leur attribue : la présence anormale de débris rocailleux vers la source, et l’existence actuelle de nombreux murets dans ce secteur où ils ont servi pour parquer les moutons, de même que pour faire les deux cabanes de bergers ; ce qui irait en faveur d’anciens murs. Il y a aussi l’aven et deux puits qui militent en faveur d’une occupation, et non attribuables à des fantaisies de la Nature.  Dans le texte de l'article de F.Réveille , en annexe, il y a 2 photos qui illustrent ces considérations.

 

Remarque : comme ce banc souligne la crête militaire, on peut concevoir qu’un simple mur en pierres sèches servant d’appui à une palissade en bois, rustique, ait suffit pour faire une bonne protection en général, mais ce qui se conçoit sur les flancs nord et sud,serait improbable ici, au vu des pentes assez douces de l’extrémité du promontoire ; donc le Seigneur local a dû les  améliorer quelque peu.

 

 

VI    LES CROQUIS 

 

 

 

 

1 Coupe lithologique du promontoire de Cantayrac     déduite de la Carte Géologique ;

 

les couleurs sont celles de la Carte : bistre pour le  Bathonien

                                                           bleu foncé puis clair  pour le callovien puis l’oxfordien

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Section Géologique – dessin imaginé pour le môle de Cantayrac, vu du Sud

 

 

 
commentaires :

1 -Le tunnel, à sortie probablement aménagée, est une résurgence ancienne à 40m au dessus de la vallée actuelle du Ruisseau de Cantayrac, lui-même un fantôme de la Lère sous-jacente. La galerie avait plus de 170m de long en 1800. Elle est obstruée aujourd’hui par des venues d’argiles et de sable dès 110m L’entrée du tunnel est 20m en aval de la Faille de St Alby puis le tunnel , vers 110 doit se retrouver dans la zone brisée de la faille , qui était l’ancien drain d’alimentation par écoulements karstiques de cette vieille résurgence de la Lère, écoulements, originaire du Sud de Jambusse, qui coulaient autrement sous César et dont une partie faisaient la SOURCE  TARIE. Le réceptacle d’alimentation vers 320m d’altitude est en ligne avec notre source gauloise. En 1923 le tunnel avait encore 170 m de long avec , vers le fond une faible section, de 0 ,5 à 1m et qui se continuait en boyau ( voir livre du père)

2         -Creuser un tel tunnel aurait demandé au rythme de 0,5m à 1m par jour, plus de 200 j. , alors qu’Hirtius ne compte pas plus de 6 semaines au total.

Mais les venues d’argiles et de sables sont peut-être et en partie, le résultat tardif des travaux des Romains dans le tunnel naturel car leur travaux ont du affaiblir le toit de la galerie.
 

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                        Les «  croquis » qui précèdent, illustrent mes connaissances et mes propos, ainsi qu’une possible explication du captage de la source gauloise. Cela est très rudimentaire mais doit suffire à notre hypothèse. Ils sont repérés dans le texte.

            J’ai de la peine à imaginer que les habitants de l’époque – à Jamblusse - ignoraient la source de St Alby, mais j’admets sans peine que Drappès, et même Luctérios n’aient pas été dans le coup. Et César était un fin limier et savait faire parler les locaux.

 

Cependant César n’était pas sûr de son affaire, car comme dit notre Général, dans le cas contraire, il ne se serait pas lancé dans la construction de la Tour.  Il a dû ou pu être renseigné par un transfuge qui lui aurait fait découvrir ce fameux tunnel de St Alby qui faisait il y a 200 ans encore plus de 180m et qui reste ventilé bien que réduit à  110m.

 

 

Les fameux filets d’eau d’Hirtius sont impropres pour décrire un régime souterrain, mais ils peuvent se comprendre si on se met dans la peau des légionnaires qui ont rampé dans le noir, et qui rapportent à leur chef – Hirtius ou un autre – qu’il y a des filets d’eau qui tombent du toit, - peut-être dès la caverne du stalactite – qu’ils les ont agrandis, et qu’après une petite panique dans l’obscurité, cela s’est calmé. Autrement, comme dit le Général, les légionnaires ne se seraient pas aventurés à perforer de plein fouet un courant d’eau important et sous pression, soit un risque de mort certaine. Hirtius, non mineur vu ses commentaires et surtout s’il n’était pas là, n’a pas dû comprendre grand chose dans les rapports des soldats et les interprétateurs /traducteurs du XIX ème siècle, tout aussi ignorants des réalités, en ont profité..

            Je renvoie ici le lecteur au texte du commandant Réveille qui n’avait pas de réflexe géologique, mais a essayé de comprendre en assimilant le massif à un immeuble dont les habitants  du bas veulent couper l’eau à ceux du haut. Ils percent une des arrivées  bien choisie, pas la leur.     Je salue le bon sens de ce militaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 

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