Cet épisode de la Guerre des Gaules éclaire l'état des 3 Gaules après Alésia. La civilisation romaine peine à s'imposer à la civilisation gauloise . Rome s'en sort en fabriquant le monde gallo-romain, un monde qui a imposé un modèle administratif . Epaulé par l'Eglise catholique,ce monde va passer à travers les troubles des invasions germanico -slaves La Noue 1er Juin 2016 La Gaule après Alésia ,
L’Affaire des Ponts de Cée , qui va suivre est un épisode anodin dans la Guerre des Gaules avec le génial JULES CESAR . Cet épisode donne une idée de la Gaule à la fin du Règne de Jules César en moins 51, 2ans avant que ce dernier ne franchisse Le RUBICON, et un an après la défaite de Vercingétorix à ALESIA. Il n’y aura plus de grands épisodes guerriers ensuite en relation avec l’assimilation des Gaulois .
La Civilisation des Romains s’implante difficilement car celle des Gaulois était de bon aloi ; c’ était donc un os sérieux à digérer. Les Romains avaient pour principal atout le sens de l’organisation + la discipline + les apports grecs dont l’écriture. Heureusement pour eux, les Romains avaient mis à bas la religion décadente des Druides qui cimentait depuis longtemps les Gaulois et palliait au manque d’écriture. Le catholicisme a pu se répandre en Gaule sans problème majeur. Son enseignement et sa pratique spirituels et ternaires, étaient plus faciles à être assimilés par les Gaulois que par les Romains, très matérialistes ..
Après Alésia, du côté de Compiègne il y a eu un dernier sursaut guerrier des Celtes avec Corréos et les Bellovaques, que César a maitrisé avec brio. A cette occasion il règlera ses comptes avec Ambiorix et ses Eburons. Le territoire de la Gaule reste cependant infesté par des mercenaires dont la guerrilla est le mode de vie et dont on va trouver à Uxellodunum un exemple type. Ensuite les Empereurs Auguste et Tibère auront le mérite de constituer une civilisation gallo-romaine et Constantin comprendra que l’Eglise sera susceptible d'être le ciment du nouvel ordre. Si on suit l’esprit de Pierre Lance dans son livre ALESIA – un choc de civilisation - l’arrivée du message catholique dans une Gaule spirituelle déboussolée par l’extinction des Druides s’est produite au bon moment ; les deux religions , pour ce que l’on en sait, avait de nombreux points communs dans le quotidien dont des dieux secondaires remplacés par des saints.
Pour illustrer le tohu bohu qui accompagne ce changement nous allons vous raconter :
La bataille des Ponts de Cé.
Ce détail de l’histoire vient nous éclairer ou illustrer sur ce que les historiens nomment la Pax Romana qui a suivi Alésia ;
Voici « l’affaire des Ponts de Cé », telle que la raconte Hirtius, au livre VIII (chapitres 24 à 29) de la Guerre des Gaules (les sept premiers livres ont été écrits par César lui-même, mais le dernier a été rédigé par Hirtius, probablement son « chef d’Etat-major »). Au printemps - 51, César était parti mettre à la raison les Bellovaques (Beauvais), puis les Eburons (Liège en Belgique) lorsque son légat Caninius, qui, avec deux légions avait hiverné chez les Rutènes (Rodez) – avec sans doute une légion vers Périgueux – apprend que le chef des Andes (ou Andégaves, qui habitent l’Anjou) Dumnacus ou Dumnacos, assiège dans Poitiers Duratios, le Picton chef de la majorité de ce peuple et fidèle à Rome. Caninius, avec ses deux légions de jeunes légionnaires, monte vers Poitiers, mais voyant le nombre des ennemis, il préfère ne pas risquer la bataille et s’installe sur un lieu naturellement fortifié proche de la ville ; puis il appelle à l’aide le légat Fabius, qui venait de participer à la bataille contre les Bellovaques, et avait reçu l’ordre de descendre ensuite en Aquitaine. Celui-ci annonce son arrivée avec deux légions et demie, et une grosse cavalerie. Dumnacus, à la nouvelle de l’arrivée de Fabius, ne voulant pas être pris entre d’une part ce dernier (dont Hirtius ne nous dit ni où il était, ni en quel point de la Loire il avait l’intention de la traverser – ni s’il l’avait déjà fait), et d’autre part Caninius qui devait se trouver vers Chatellerault, et troisièmement les troupes de Duratios, dans Poitiers . Dumnacus donc, préfère rentrer chez lui, abandonne le siège et remonte vers l’Anjou. C’est alors que, requis par Caninius, Fabius apprenant que l’angevin a levé le siège, se doute qu’il retourne en Anjou, et va s’efforcer de l’intercepter vers le passage de la Loire. Il y a 2 passages pour une armée soit les Ponts de Cée au sud d’Angers soit le pont de Saumur en amont, Hirtius ne dit rien sur le choix. Dès qu’au cours de sa progression, Fabius apprend la proximité du Gaulois, il lance ses éclaireurs puis sa cavalerie avec mission de retarder l’armée gauloise pour avoir le temps de passer la Loire. " Le lendemain" (l’action de ses cavaliers lui a donné le temps d’amener son infanterie), il fait donner l’ensemble de ses troupes sur la colonne de Dumnacus. Celui-ci est battu et ne doit la vie qu’à une fuite vers le Finistère. C’est le résumé de ce qu’on peut tirer du récit de Hirtius.
Voyons maintenant la géographie et la chronologie de la campagne : Ci-dessous une carte de France précise la géographie de cette partie de La Gaule dont il est question
en noir Fabius , en vert Caninius, en tirets violets César
- 1 - Fabius, qui vient de Beauvais, et descend vers le sud sans se presser en enregistrant la reddition des cités qu’il traverse (d’après Jullian : Rouen, Evreux, le Mans) quand il reçoit la lettre de Caninius, coupe au plus droit, et prend la route vers Poitiers. - 2 – Dumnacus, prévenu de l’arrivée prochaine de Fabius, décide de lever le siège et de rentrer chez lui. Il doit aller vite pour échapper à Caninius qui va le poursuivre, et pour ne pas se faire intercepter avant la Loire par les troupes de Fabius qui progressent sur la route de Poitiers. Il a deux possibilités pour traverser le fleuve : Saumur ou Angers, mais la première risque de l’amener trop près du corps romain qui descend vers le Poitou. Nous rappelons le texte de Hirtius sur cette partie: ….n’avait pas encore fait sa jonction avec Caninius ; cependant s’appuyant sur les renseignements de ceux qui connaissaient le pays, il s’arrêta de préférence à l’idée que l’ennemi poussé par la peur gagnerait la région qu’effectivement il gagnait. En conséquence il se dirige avec ses troupes vers le même pont et ordonne aux cavaliers de se porter en avant des légions mais en conservant la possibilité de revenir au camp commun sans avoir à fatiguer leur monture. Ils se lancent à la poursuite de Dumnacos , conformément aux ordres reçus, surprennent son armée en marche et se jetant sur ces hommes en fuite, démoralisés, chargés de leurs bagages, ils en tuent un grand nombre et font un important butin. Après cette heureuse opération, ils rentrent au Camp
Chap 28 La nuit suivante Fabius envoie sa cavalerie en avant avec mission d’accrocher l’ennemie et de retarder la marche de l’armée entière en attendant son arrivée. Pour assurer l’exécution de ses ordres Q. Atius Varus , préfet de la Cavalerie, homme que son courage et son intelligence mettait hors pair, exhorte ses troupes et, ayant rejoint la colonne ennemie …. Chap 29 … plus de douze mille hommes …sont massacrés et on capture tout le convoi des bagages. Chap 30 Caninius se lance à la poursuit de Drappès et Luctérius…
Reprise des Commentaires : - 3 – Fabius apprenant la levée du siège, devine que l’Ande va essayer de rentrer chez lui et va essayer de l’arrêter avant qu’il n’ait franchi la Loire, ou au franchissement du fleuve. Suivant l’endroit où il se trouve en apprenant cette nouvelle, soit il continu vers Angers soit il infléchit sa route vers Saumur pour couper la route des Gaulois à Doué. Quelle que soit sa décision, si l’Ande essaie de franchir la Loire à Saumur, il est sûr de l’arrêter (sa cavalerie, qui bat l’estrade autour de sa colonne, le renseignera). - 4 – Une partie des Angevins, habitant l’Est de la province, a pu filer vers Saumur pour rejoindre leurs familles vers Chinon, Bourgueil, ou Baugé. Certains ont sans doute été capturés par les éclaireurs de Fabius – que ce dernier ait traversé à Angers ou à Saumur - qui a ainsi appris que le gros des troupes était encore au sud de la Loire. - 5 - On pourrait penser que le Romain n’avait pas encore passé la Loire et qu’il a arrêté l’Angevin en se plaçant sur la rive droite, mais le texte dit au contraire . - 6 – Finalement, on peut éliminer la possibilité d’un franchissement des Gaulois à Saumur avec une interception à l’ouest de Chinon sur la rive gauche de la Vienne, car si Dumnacos a été assez prudent pour quitter Poitiers à l’annonce de la mise en route de Fabius, il n’a pas eu l’inconséquence de tenter le passage sous le nez du même Fabius qui risquait d’arriver dans cette zone avant lui, ou en même temps. - 6 – Nous pensons donc que le Gaulois a piqué sur Angers, et que c’est l’endroit où Fabius avait traversé et rassemblé son armée dans un solide Camp. la bataille s’est bien déroulée au sud de la Loire, sans doute sur la route de Doué à Ponts-de-Cé, l’effectif angevin devait être important, puisqu’il avait dissuadé Caninius de l’attaquer, et la colonne gauloise s’allongeait donc, avec les chariots, sur plusieurs kilomètres.
7 César n’était pas là et son scribe non plus , d’où les à peu près du texte dont Hirtius connait le maniement. 8 César était, pendant ce temps , chez les Eburons pour les anéantir ainsi qu’Ambiorix et essayer de laver l’affront reçu à Tongres, vers Liège 3 ans plus tôt avec l’anéantissement de la XIV ème légion et la mort de ses 2 légats Titurius et Cotta et et les déboires de Cicéron dont il porte une part de responsabilité. Il n’arrivera à Uxellodunum qu’une fois la bataille engagée
Ensuite il n’y a aucun écrit ou vestige archéologique désignant les lieux du passage ou de l’affrontement. Résumons ce qu’il en reste en mentionnant quelques vieilles légendes locales à ce propos rapportées par le Général Terrasson :
« Dumnacos a été rattrapé par Fabius entre Brissac-Quincé et Murs-Erigné (Il venait de Poitiers par Loudun et Doué la Fontaine). Et même si César n’était pas présent à cette bataille, il n’en reste pas moins que Dumnacos a échappé aux Romains en s’esquivant vers l’ouest par le cours de l’Aubance, (ce qui est fort possible), qu’il a traversé la Loire avec quelques fidèles à Murs-Erigné, et – avant de s’enfuir au fond de l’Armorique - s’est réfugié, pour soigner ses blessures et celles de son escorte, dans un ermitage de druides (1) situé au lieu-dit qui sera plus tard appelé la Roche aux Moines (à cause de cet ermitage, et non des moines de l’abbaye de Saint Nicolas d’Angers,) ».
Les prémices de la Bataille d’Uxellodunum sont en route
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