a - Alésia - introduction

Introduction (par Claude Delas) revue par Georges Donat

Les considérations suivantes ont trait au site d’Alésia mais n’ont pas pour but de discuter du problème de la bataille qui fait l'objet de multiples controverses. Cependant elle sera évoquée dans le fasicule Alésia - la bataille. Ces considérations visent à examiner ou commenter les rares passages de César dans son récit sur ce qui s’est passé immédiatement auparavant. C'est à dire valider le trajet d'arrivée . Ces propos sont le fruit de discussions entre amis, avec en particulier le Général Terrasson et Georges Donat.

Deux réflexions ont contribué à ces considérations:

J’ai été impressionné par deux livres, le premier publié en 2006 par Alessandro Barbero, italien historien et romancier: Le Jour Des Barbares, Andrinople 9 Août 378 qui plagie le deuxième livre, le plus ancien, celui de l'historien romain Ammien Marcellin, écrit pour son public des années 400 et qui a trait en particulier à la Bataille d’Andrinople en 378, d’une importance primordiale pour le monde romain en en présageant la fin. Si le premier est, pour moi, d’une lecture facile, le second est plus rébarbatif comme le sont ceux de la même époque. J’ ai senti les différences entre les 2 époques romaines ( 0 – 400) avec relâchement de la discipline par rapport à celle des légions de César et modifications de l’armement diminuant les séquences de corps à corps.

Mais j’ai surtout ressenti l’importance qu’il y a à se mettre dans son siècle vu la différence entre les deux récits, l’ancien et le moderne, qui pourtant relatent la même chose. Le texte de Ammien Marcellin est clair et instructif mais difficile à lire, car non écrit pour nous.

Je suis également impressionné par les énigmes de Stonehedge et Carnac, 2 sites pré-celtiques qui ont laissé des vestiges importants pour les archéologues mais aucun texte ou signe pour les interpréter. Cela a pesé dans notre acceptation du site proposé par André Berthier.

J’ai choisi de raconter Alésia dans ses préliminaires, jusqu’au champ de bataille en me servant uniquement des textes, essentiellement ceux de Jules César, et des cartes topographiques, surtout actuelles. Le lecteur pardonnera les redites tout au long de l’exposé, ce n’est pas toujours du superflu selon le sujet à éclairer.

César est au début peu prolixe sur les opérations qui ne se déroulent pas à son honneur; il changera de débit ensuite, lorsque la situation sera rétablie à son avantage. J’ai du m’appuyer sur des cartes actuelles, des documents d’époque n’existant plus ou pas pour étayer mes propos. Nous avons appuyé, fidèles à nos discussions avec le Général Terrasson et ses confrères, nos supputations sur le fait que César, comme tout grand général, raisonnait logiquement et comme un romain de son époque soucieux de magnifier Rome  et lui-même.

Il était bon tacticien mais avait en face de lui Vercingétorix, également grand chef de guerre, avec une autre logique et une autre civilisation, ce qui lui a permis de surprendre souvent son adversaire romain.

Désolé pour les archéologues,notre but n’est pas de décrire un site mais de savoir comment on y va; nous ne questionnerons donc pas les vieilles pierres qui sont muettes, les vieux fossés agricoles sans pièce de monnaie. Je fais une exception pour la mention par Dion Cassius que Alésia avait été UNE, sinon LA grande cité sainte des Celtes, deux siècles auparavant. Ce à quoi le site d’Alésia doit donc convenir, ce qui est le cas de Chaux des Crotenay.

Pour ce qui peut intéresser les férus de grattage de sous-sol, d’interprétation des vestiges, je les invite à lire l’excellent livre de Jacques Berger ( Alésia­­- Chaux de Crotenay . Pourquoi? 2004 chez yvelin édition; il indique aussi les autres bonnes références) .Il dit tout, même un peu plus . Sauf une ou deux erreurs c’est complet, même si c’est un peu fumeux à force de détails et de cartes qui s’accordent mal avec le texte. Il était pressé par le temps; c’était son testament.

Les autres références que nous allons retenir sont la thèse d’André Berthier et les documents de 2008 suscités par Frank Ferrand, ainsi que le livre de Pierre Aymard sur Alésia (2009). Je ferais une mention spéciale pour les conférences de Philippe Gavet, chez C.F.P/ TOTAL , publiées en interne et qui m’ont convaincu et fait rejoindre l’Institut Vitruve en compagnie de Georges Donat.

Je me dois aussi de parler du livre ALESIA de Michel Réddé, directeur du monopole de l’archéologie française :

Ce monsieur est très décrié dans nos sphères d’amateurs, d'autant que les  associations adeptes du site jurassien ne comprennent pas de fonctionnaires monopolisant la discipline, et adeptes de la pensée unique.

Je me permets cette parenthèse car le premier chapitre du livre de M.Réddé est excellent. Ses écrits y commentent l’environnement et les préliminaires de la bataille d’Alésia, Mais, avec en tête que celle-ci a eu lieu en Bourgogne, à Alise. Et bien ce chapitre me va très bien, moi qui ai le Jura en tête. Cela sous entend que les textes latins ne sont pas riches en informations sur le trajet, même pour les érudits latinistes qui brillent d’imagination lorsque le latin de César leur pose problème pour justifier leur thèse.

Napoléon III a écrit une histoire à la gloire des grands hommes de l’Humanité ( César, Charlemagne, Napoléon ), dont il voulait paraître le successeur. Pour César il fut servi par Eugène Stoffel, son attaché militaire, polytechnicien, chef d’escadron dans l’Artillerie, aimant l’Histoire et féru de Jules César. S’ il connaissait bien l’art militaire, il s’était proclamé archéologue en premier lieu pour servir l’Empereur . 

Il fallait à l’empereur un site pour Alésia. A l’époque étaient en lice: Alise Ste Reine en Bourgogne, Salins et Alaise dans le Jura. Aucun ne convenait, chacun avait ses défenseurs et détracteurs, universitaires qui ne voulaient pas s’entendre. Voulant un résultat et conseillé par Stoffel, il choisit Alise, le plus facile des 3 à maquiller pour être crédible et Stoffel en fut chargé au grand dépit des universitaires, dont Quicherat. Le maquillage fut réussi et a perduré.

Les erreurs de Soffel furent nombreuses mais son action inspira les recherches archéologiques du XIX et XXème siècle et quand un mécanisme est embrayé, on ne l’arrête pas facilement car chaque spécialiste se refuse à admettre une autre hypothèse que la sienne en même temps que riquer de perdre les crédits de recherche afférents. Il s’y enferre profondément surtout s’il s’ agit d’un professeur ayant chaire et élèves thésards.

Cela est entrain de prendre l’allure d’un petit désastre économique à Alise Ste Reine où il y a un projet touristique coûteux, d’envergure régionale, fondé sur une détermination fausse.

Nous reverrons nous dans 50 ans après la faillite du site?

Je reviens à mon sujet en rappelant que les légionnaires de César venaient en majorité de la Gaule cisalpine c’est à dire qu’ils étaient ‘cousins’ des Arvernes, Héduens, Bituriges, Séquanes qui formaient le gros des troupes gauloises et qui parlaient des patois similaires. Le légionnaire normal avait été jeune recrue vers 16 à 18 ans, pendant environ 2 ans avec un entraînement intensif se rapprochant en plus sévère et routinier de celui de la Légion Etrangère. Le bon légionnaire, lorsqu’il était encore vivant, bon pied, bon oeil, avait 8 à 10 ans d’une pratique, immuable y compris dans la nourriture. Les centurions étaient choisis parmi des plus obstinés et compétents. Ne pas oublier que c’étaient des combats à l’arme blanche, au corps à corps, alors que plus tard ces mêmes combats se feront, sauf pour les aristocrates, avec des armées d’enrôlés, plutôt de force, soldats qui avançaient la peur au ventre, dans les batailles et se débandaient facilement à la première reculade ou mauvais commandement.

La force des romains résidait dans la pratique disciplinée et routinière du combat en ligne alors que le Gaulois préférait le combat singulier. Dans le même esprit la cavalerie romaine n’avait pas une réputation d’excellence car le cavalier est plus autonome que le fantassin .

Voici comment chez le Président Mitterand, on a imaginé nos Gaulois, sans moustache, petits et bruns.

Musée du Mont Bibracte

Un cavalier dit Dumnorix chef héduen ( Cf César livre V §7 ), habillé selon la tradition

Son petit cheval harnaché; Son valet avec la trompe.

Les Héduens étaient de redoutables cavaliers, assez romanisés à l’époque et versatiles. Ils jouèrent un grand rôle en 52 avt J.C.

Notre idée directrice est de montrer que, logiquement, Alésia se situe plus aisément dans le Jura qu’en Bourgogne et que cette proposition est conforme au texte de César. N'étant pas un excellent latiniste je me suis contenté de la traduction de L. Constans. Cependant nous nous sommes appuyés pour les points délicats sur des latinistes chevronnés dont Pierre Aymard et le professeur Yves Texier et quelques spécialistes des chemins du Bas-Jura. Pour ce qui est du site lui même, nous avons adopté le choix de A Berthier à Chaux des Crotenay .



Plan de l’Itinéraire de César ?

 ci-après

 
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OU METTRE ALESIA?

et aussi

Comment y aller  ?
 
    Avant d'entrer dans le vif du sujet nous allons  préciser ce que dit César après le camouflet de Gergovie :
 

                                                                                                                                    Nov 2009

Entre Gergovie, Lutèce  puis Alésia

 

César  donne quelques précisions géographiques sur ses déplacements entre Gergovie et Alésia:

 

Après 3 jours de réparations de ses pertes, le même délai que celui donné pour la bataille contre les Helvètes, César s’en va  ( VII, 53 ) vers le pays des Héduens. Il atteint l’Allier en 3 jours, rétablit les ponts ( Constans insiste sur ce point) et le franchit. Il est vraisemblable que  les Gaulois ont les mêmes problèmes sanitaires et restent  à Gergovie.

En VII, 54,  César rencontre des chefs Eduens. Là il y a un épisode sur la trahison des Héduens ( ? ce doit être une relation à usage interne car César semble  se faire berner et perd pour le moins, ses réserves de nourriture entreposées à Noviodunum, Diou sur Loire pour certains dont nous faisons partie).

En VII, 56  il n’est pas question pour César de se diriger vers la Province. Il atteint la Loire à marche forcée ( Arvernes occupés, Héduens en train de s’organiser dans un climat de division) .       Il  trouve le fleuve en crue . Il le fait néanmoins passer à ses troupes par au moins un gué mal fichu ( eau jusqu’aux épaules) sous les yeux médusés et non préparés des Héduens. Il trouve le blé et le bétail dont il avait besoin et file vers le pays SENON, i.d. Sens où il a laissé sa base.

         Où est cet endroit de traversée ?         

       Vers Decize-trajet 2- selon L. Constans et cela semble une hypothèse plausible car il y a une plaine à blé juste au N.E., après la Loire traversée

       Vers Bourbon- Lancy vers Diou sur Loire  trajet 1 suivant le croquis, d'après le Général Terrasson, car le franchissement à gué de la Loire sera catastrophique s'il est effectué en présence de l'ennemi.   Il lui faut donc prendre les Héduens de vitesse, et mieux vaut traverser le plus en amont, avec moins d’eau mais  de façon raisonnable .Mais alors se pose le problème des approvisionnements, enfin  pour un seul jour car César n’a pas pris pas le temps de s’approvisionner dans la Limagne, pays des Arvernes dit fertile. Mais comme il n’y a pas encore eu l’épisode de la trahison à Noviodunum, et  même si la campagne vers Bourbon Lancy est bonne pour l’élevage elle ne l’est pas pour le blé . C’est cornélien ,
 Si le mieux est de s’éloigner au plus vite de Vercingétorix, c’est la solution, car les Héduens , après l’affaire de Noviodunum, vont prendre quelques jours pour s’organiser.

En VII, 59 César rapporte les ragots des Gaulois qui le disent coupé de ses liaisons avec Labiénus . Le lecteur trouvera dans  LUTECE 1 le commentaire sur le curieux mot  coupé  de Constans en fin du Chapitre sur le texte de César..

En VII, 62 Labiénus retourne à Sens puis va retrouver César avec toutes les troupes restées dans ce camp.

En VII 66 César est en route vers le pays des  Séquanes par l’extrémité du pays des Lingons.

 

 

COMMENTAIRES

 

Il y a de nombreux avis favorables pour traverser l’Allier à Vichy dont celui de Napoléon Bonaparte ( 3 jours, soit environ 50 km pour aller chez les Héduens, avec une armée encombrée de blessés. Le site de Vichy paraît favorable..

C’est notre position.

La traversée de la Loire est moins facile à préciser, comme le site de Noviodunum.  Le lecteur pourra préférer la traversée vers Bourbon- Lancy, la plus en amont et atteinte la première, ou Decize juste à la porte de la plaine à blé ; ce qui équivaut à choisir de faire remonter César par la rive gauche ou droite de la Loire. Dans les deux cas, la suite de la remontée vers Sens est directe après Decize. Cela n’a pas d’influence sur la suite. 

 César avait plus de chemin à faire que Labiénus pour arriver à Agédincum-Sens et était retardé par ses blessés même si la traversée de la Loire avait été fatale à un certain nombre. Mais même si on peut estimer que les deux batailles se sont passées au même moment, la précision n’est pas hebdomadaire et nous penchons pour ce scénario.

  En effet il est écrit que ( VII,62) Labienus va à Sens puis rejoint César. Notre idée est qu’il le rejoint en pays lingon sinon il serait resté à Sens attendre César. On peut estimer que César , une fois passée la latitude de Nevers a pu restaurer ses communications avec son lieutenant. En outre comme le pays senon s’agitait, autant mettre ses bagages en lieu plus sûr.

Où ? . Nous croyons que c’est vers Langres où César non seulement remodèle ses effectifs mais surtout s’occupe de recruter  des Germains avant de partir pour la province. Cela est commenté  dans la page Alésia avec César .

Après Gergovie, les érudits fixent le dernier rassemblement de l’armée romaine avant le départ pour la Province, vers Langres . On n’a pas mis en évidence à ce jour, ce qui a pu être un camp permanent, mais l'armée de César n'y a probablement pas séjourné dans sa totalité pendant les 2 mois d'attente de la moissson et des cavaliers germains.

Une parenthèse:: dans les terres non meubles où on ne creuse que très lentement au pic, les fortifications provisoires ne devaient pas être les mêmes que dans les plaines, mais faites surtout à base de bois ou de murets. Du coup 2000 ans après il ne reste rien d’interprétable et les pierres ont été réemployées plus tard, ailleurs. .

Je note toutefois qu’à 19 km au NNO de l’ancienne cité de Langres se trouve Faverolle et à 2,5km au N.E, sur le rebord d’un plateau assez vaste de 8 à 10 km² bordé du coté Est par la Marne et à l’Ouest par la Suize, on a retrouvé un monument funéraire appelé Mausolée gallo­-romain du Ier siècle, réplique en un peu plus petit du monument en Provence ( Le Glanum de St Rémy ) , et donc de la même époque. Il est longé, à l’Ouest par une voie romaine NNO- SSE . Il y a à proximité vers le Sud une belle source; il est situé sur une éminence vers 457m d’altitude. Les décorations du Mausolée en sont plutôt civiles, les pierres des inscriptions n’ont pas été retrouvées. Sans que cela soit une preuve, ce monument atteste que l’endroit était romanisé. La superficie, la topographie, l’environnement conviennent pourun cantonnement des légions de César, avec occupation tournante.

Ci-dessous, pour illustrer ces propos nous présentons une carte initialement au 1/ 25 000 ième du NO de Langres où se situent des ruines romaines du 1er siècle après J.C., sur le plateau de Langres . On y trouve de l’eau, des zones assez plates pour accueillir 11 légions. C’est également une zone fertile. Selon le responsable en charge, le mausolée aurait été construit pour un ancien légionnaire ou dignitaire de l’armée au bord d’une voie romaine qui allait vers Langres.

Ce site ferait l’affaire pour le camp de César chez les Lingons.

Nous vous en présentons , sans plus nous étendre , l’extrait de la carte de l’IGN

Lieu favorable pour le campement de 11 légions

On ne sait pas si Labiénus après Lutèce, a rejoint César à Langres puisque le lieu de la jonction n’est pas mentionné dans les textes; mais bien que les Lingons aient été des alliés pour les Romains, abriter entre 10 et 12 légions était alors une lourde charge comme cela serait aujourd’hui. César, conscient, n’avait pas pour habitude de rassembler autant de légions en un seul point , autrement que contraint , et pour une brève période.

Comment Labiénus et ses 4 légions ont-ils retrouvé César?: Nous pensons qu’il n’a pas eu de problème sauf pour ceux qui veulent faire aller César dans le Morvan. Il suffit à Labiénus d’emprunter le futur itinéraire de l’autoroute A5 qui d’Agédincum le mène droit à Langres. Et puis après les batailles de Gergovie et de Lutèce, l'arrivée des cavaliers germains qui ne parlaient pas latin, il y avait un besoin de former une seule armée romaine.

 
 
 

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