Nous allons donc continuer notre exposé, sans faire d’archéologie mais de l’histoire ancienne, en nous référant aux textes de César, en nous souvenant ( voir l’Introduction ) qu’il n’écrit pas comme un historien du XXI siècle, mais comme un lettré de son époque, certes chef de guerre et général d’armée, mais aussi journaliste sous contrôle, et politicien ambitieux. L’environnement d’il y a plus de 2000 ans nous est souvent difficile à saisir après toutes nos révolutions industrielles récentes y compris la destruction des sites anciens, grâce aux bulldozers.
Après ses déboires à Gergovie selon le Bellum Gallicum , César regroupe ses effectifs et après avoir reçu des renforts de cavalerie germaine, décide d’aller dans la Province’en passant par Genève?’ ce qui n’est pas écrit mais c’est la cité/pont la plus directe sur la route de Rome (où il est impatient d’être acteur?) . La route par Besançon, capitale des Séquanes, pas vraiment amis, sera récusée.
Mais il n’est pas seul: il va voyager avec ses 11 Légions plus ou moins complètes et ses bagages légers et lourds, dont son précieux butin, d’autant plus précieux que sans lui il risque d’arriver à Rome la tête basse, sans possibilité de rebond . Il y a en plus ses auxiliaires; cela fait un convoi de 100 000 personnes qui doivent dormir, se nourrir, se soigner etc, des problèmes que le Maréchal Berthier réglait pour Napoléon comme le ‘chef d’Etat Major’ de César devait les régler. C’était peut-être Hirtius, celui qui a rédigé le livre VIII, qui remplissait ce rôle.
Les récits nous montrent qu’en l’absence de moyens modernes, César a toujours su se déplacer sans se perdre et au plus rapide. Il avait d’autres moyens pour se diriger que les nôtres mais bien adaptés aux réalités de l’époque et que, comme nos érudits, nous ne connaissons pas bien.
Le plan de situation page précédente, illustre nos propos sur l’itinéraire. C’est un fond simplifié de carte Michelin, la matérialisation de la vallée de la Saône- Rhône jusqu’à Valence, la toponymie utilisée. Nous avons fait figurer la ligne droite qui joint Langres à Genève.
N’ayant pas plus de compétence que d’autres pour nous mettre à la place de César qui indique seulement qu’il veut aller secourir la Province, avec son armée, invaincue mais ayant subi un sérieux revers à Gergovie, voici notre version:
La route directe, le long de la Saône et du Rhône, comme il le dit, lui étant interdite, il lui faut gagner la Province donc via le pont sur le Rhône, ce qui deviendra Genève, detenu par les alliés Allobroges ce qui n’est contesté par personne. Mais il ne parle pas du trajet jusqu’aux environs d’Alésia, signe qu’il n’a rien à dire de particulier à ses lecteurs.
Alors quand et par où?
César sait, depuis Gergovie, que le Massif Central est le fief de Vercingétorix et passer à l’Ouest de la Saône et du Rhone constituerait un détour plein d’inconnues et d’embûches. Nous pensons qu’il s’est mis en marche dès la moisson et l’arrivée des cavaliers ubiens, et qu’il a choisi la ligne droite comme thème de parcours.
Mais il y a 2 obstacles à franchir:
Le système fluvial Saône – Rhône
Les zones montagneuses du Jura et des Alpes
La route que nous allons décrire est Langres- Auxonne ou Gray- Arbois+Poligny- Montrond – Chaux de Crotenay/Alésia, dans le Jura.
Elle suit de près la ligne droite mentionnée ci-dessus, qui est de bon aloi.:
César indique que Vercingétorix voulait exploiter sa victoire de Gergovie et éliminer les Romains ou au moins s’en débarrasser avant qu’ils aient pu gagner la Province et revenir en force l’année suivante. Pour cela il faut à Vercingétorix un terrain propice, chez des amis. Et il faut arrêter César ou au moins saigner sérieusement une armée toujours redoutable. Mais il ignore l’itinéraire de César. Il ne le devinera qu’après la traversée de la Saône.
Je me déclare incompétent pour imaginer l’organisation du voyage et son exécution au quotidien, mais nous allons évoquer, après avis militaire, 3 problèmes posés pour imaginer le voyage:
- les cantonnements du soir.
Comme l’indique le Général Terrasson, chaque légion gardait son identité et autonomie dans le cadre de l’ordonnancement du convoi et donc, chaque fin d’après-midi, chaque légion faisait son camp et le démontait tôt le lendemain; ainsi la colonne restait flexible, et le légionnaire conservait ses repères. Les Gaulois en ont fait (VII, 74) autant en se regroupant par cités lors de leurs déplacements.La colonne de César devait en plaine avoir 20 à 25 km de long.
- le passage d’une rivière? :
Les Gaulois passaient les petites rivières par des gués, les plus grosses par des bacs ou des ponts de bateaux, sauf exception comme à Vienne sur le Rhône, et peut-être à Gray ,. Les Romains eux étaient forts dans la construction des ponts mais redoutaient de passer une rivière d’importance même moyenne en territoire hostile: Il y avait d’abord une tête de pont qui prenait position de l’autre côté puis le reste suivait, mais c’était un moment de faiblesse. Dans notre cas les passages furent facilités par le manque d’adversaires présents.
- L’organisation de la marche.
Par rang de combien d’hommes marchait la troupe de César et les convois et dans quel ordre? Quel changement de dispositif en fonction de l’environnement?. Nous avons opté pour la souplesse, surtout en montagne.
Une fois énoncées les considérations qui précèdent
On se doit de contempler la carte en relief au 1/500 000 de l’IGN, et la carte en relief, toujours de l’IGN du secteur de Champagnole ; si vous ne les avez pas, sachez que nous les avons méditées: César est pressé et a des moyens amoindris par la technique dite de la terre brûlée de son adversaire. Il a cependant attendu l’arrivée des cavaliers ubiens, pris le temps de leur donner des chevaux gallo-romains équipés, pour partir. On ne connaît pas le contenu de l’accord passé entre eux ni de leur organisation, mais il semble qu’il avait sur eux toute autorité.
S’il veut aller par la route la plus directe possible, il doit quitter Langres s.l. par la Chaussée Romaine (cf Cassini) route gauloise pour Besançon et arriver à Gray ou bien il va suivre le futur trajet du canal de la Marne à la Saône ( exécuté beaucoup plus tard mais sans bulldozer).
Hypothèses sur la traversée de la Saône.
La Saône avant de rejoindre le Rhône à Lyon est la rivière la plus importante de France une fois faite sa jonction avec le Doubs. Elle devient alors navigable au sens actuel, avec les grosses péniches.
Il semble que Gray était le port gaulois le plus en amont pour la navigation; mais je n’en ai pas trouvé le nom. Cette rivière avait le nom d’ARAR à partir de ce port de navigation. Aujourd’hui la Saône en amont de Gray se dit la Petite Saône. En aval, avant l’arrivée de l’Ouche, la Saône est encore petite mais n’a pas su s’extraire des marécages liés aux soubresauts de la terre un million d’années auparavant . Gray est un passage fréquenté; plus tard sous Louis XV, la route de Paris à Besançon passera un peu plus au nord, car les techniques avaient évolué et les marais asséchés. Mais en 52 avt J.C. on passait à Gray ou un peu plus au Sud où on retrouve des vestiges de l’époque. C’était un nœud de communication situé entre 2 zones plus marécageuses . César étant sorti des collines du bassin parisien et arrivant dans la vallée de la Saône a pu passer la Saône à cet endroit car c’était , semble-t'il , la grande route, vers Besançon, soit sur un pont soit par un gué de 30 à 40 cm de profondeur dont nous avons trouvé men ou un peu plus au sud, là où on a retrouvé un gué possible et des restes gallo-romains.
En suivant la carte de Cassini qui a le mérite d’avoir été établie avant les perturbations industrielles modernes on observe une Saône plus forte après Gray, au lit tortueux mais mieux défini, avec des affluents qui à chaque fois la renforcent, avec des marécages de bordure, comme à Pontaillé alias Pontiliacus du temps des Romains.
Nous avons 2 hypothèses pour cette portion du trajet:
Hypothèse 1
César longe la Saône jusqu’à Auxonne, empruntant le trajet du futur canal de la Marne à la Saône en pays lingon où on trouvait du temps des Celtes, un passage guéable sur cette large rivière, connu et hors marécage et hors d’une cité ayant un nom, avec des profondeurs d’eau actuelles qui varient entre 25 et 50 cm, hors crues et une île au milieu mais cela fait faire un petit détour.
Aujourd’hui c’est un nœud routier et une ville de garnison, avec un pont banal car les berges de la rivière sont plates et il y a une île au milieu .
Ensuite il peut aller passer le Doubs au gué de Tavaux ou vers ce qui sera Dôle, cité n’ayant existé que vers le Xème siècle mais alors il lui faudra traverser la Loue.
Auxonne n’est pas une cité mais un passage. Comme à l’Ouest de Dôle, il y a le jugum du Mont Roland choisi par certains pour être le lieu du premier combat de cavalerie de la bataille d’Alésia, César l’évite , selon nous , car il ne cadre pas avec le texte.
La route, ensuite reste simple et plate et dégagée.Je note , mais sans m’y attarder , que de ce gué , il peut suivre la vallée de l’Orain qui le mène à Poligny. Cela amortit le détour ( voir la ligne droite mise sur l’esquisse ci-dessus).
Hypothèse 2
César passe la Saône à Gray dont le franchissement avait sûrement été équipé par les Gaulois, peut-être avec seulement un pont de bateaux . Il réaménage le passage et se dirige, en pays séquane, vers Pesmes droit au Sud. il passe alors à l’est de Dôle,traverse le Doubs mais il doit en plus traverser la Loue encore peu importante , ce qui lui fait gagner une étape .La première falaise du Jura est en vue; et Il est toujours en plaine.
Note 1:César est encore en pays non-ennemi, ce qui facilite les traversées des rivières mais on peut imaginer que ces traversées ne se sont pas faites sans bruit et que ces nouvelles sont venues aux oreilles de Vercingétorix qui est en train de rassembler son armée d’élite et fait alors surveiller la plaine à l’Est de la Saône.
Note 2:Aller vers Besançon puis chez les Helvètes via Pontarlier par un chemin assez facile à barrer à la cluse de Joux était devenu peu envisageable suivant ses informations car il est situé en pays hostile; il prend la décision à Gray de ne pas poursuivre la route de Besançon .
César, qui ne sait pas ou ne veut pas savoir qu’ Alésia se trouve sur l’oppidum d’Alise Ste Reine dans les monts de Bourgogne ( Michel Reddé dans son livre Alésia et l’Imaginaire) continue vers le SUD EST, vers Genève et non vers le SUD-OUEST vers en direction du Morvan, pays accidenté et inamical,
ou alors il ne va pas à Genève.
Il a toutes les raisons de penser que le défilé de Nantua, qui ne sera pas une route répertoriée par Peutinger, plus au sud est bloqué par les amis de Vercingétorix, de même que le défilé de Vienne qui ferme la plaine de comblement au sud de Lyon . Notons que aujourd’hui coincés entre le Rhône et la montagne on retrouve dans ce défilé la route, l’autoroute, le train, le TGV (merci Mr Nobel pour les travaux d’aménagement qu’il a fallu faire). A l’époque c’était un vrai verrou,facile à interdire.
N.B :Pour évaluer ce temps de trajet , en été : Dans les comptes-rendus de Richelieu au roi Louis XIII on trouve cette relation que l'Armée royale , forte de 35 000 soldats et 5000 cavaliers , alla de Paris à Grenoble en UN mois du 15 janv au 15 fevrier 1638, donc par grand froid, d'une traite + les arrêts réglementaires; et se reposèrent une semaine à Grenoble. Cela donne un ordre de grandeur.
Suite de la route, après la traversée de la Saône
Regardez les croquis.
La carte IGN et la carte géologique montrent, pour aller à Genève, l’existence d’un passage médian dans le Jura par le col de la Savine et St Cergues. C’est assez rude mais praticable et l’ l’Héduen Dividiacos ami de César a dû lui en parler. Il y a de nombreuses inconnues pour nous et entre autres en ces mois d’Août et de Septembre: l’état des moissons, la hauteur d’eau dans les rivières, le nombre d’ habitants mâles et guerriers restés sur place. De fait on est en pleine incertitude sur le climat de l’époque; je pense que la végétation devait être assez similaire à la nôtre mais qu’ il y avait très peu de résineux dans le Jura, ce qui laissait les hauteurs dégagées et cultivées en alpage comme le confirme un dessin du XVIIème siècle du Baron de la Chaux et l’étymologie de Chaux au voisinage de Champagnole .
César a une hantise: aller vite de façon à devancer Vercingétorix et minimiser les effets de la tactique de la terre brûlée et des embuscades qui en fontpartie L’Armée Romaine est toujours en plaine, les troupes de Vercingétorix ne se montrent toujours pas . Le Doubs (comme la Loue le cas échéant) se traverse sans histoire car ce sont de petites rivières en dehors des périodes de crues. Vercingétorix, certainement au courant de l’arrivée de César en pays Séquane, après la traversée de la Saône, n’est pas inactif et se prépare à rencontrer son adversaire dans le Jura plutôt que dans la plaine.
Il est vraisemblable que les 2 ennemis sont peu ou mal informés de ce que fait l’autre. C’est en tout cas l’impression que nous retirons du texte. César ne sait rien des intentions de Vercingétorix ni de sa position, mais ce dernier est au courant de la fuite de l’Armée Romaine ses renseignements deviendront plus précis lorsque César atteindra le premier plateau du Jura.
Après le passage du Doubs en aval de Tavaux ou de la Loue s’il s’était déporté plus à l’Est, César a une décision à prendre pour monter la première falaise du Jura:
Le passage à Lons le Saunier est plaisant mais très au sud, ce qui rallonge le trajet et accroît le risque de se heurter à Vercingétorix et son armée. Comme cela sera redit plus loin, César doit savoir que Vercingétorix rassemble des troupes chez les Héduens ( on peut dire pour le lecteur: vers Autun) et plus César ira au sud, plus il augmentera son temps de séjour en fausse plaine et risquera de se faire prendre en embuscade.
Il reste ARBOIS et Meslay ou POLIGNY et Plasne car le chemin de fond de vallée de Poligny dans la culée de Vaux est peu praticable à l’époque et ne commencera à être aménagé que sous Louis XVI .
Les routes dans les avant monts du Jura, après la première falaise?
Les tables de Peutinger, les plus anciennes, ont été établies après l’occupation romaine, 200 à 300 ans plus tard.Ce sont des cartes faites pour les marchands ambulants qui indiquent plus les points de haltes que la géographie au sens actuel. Elles sont bien pauvres dans le secteur qui nous concerne, mais elles indiquent qu’il y avait un chemin commercial médian qui traversait le Jura avant que la région n’ait été dévastée par les Burgondes vers 275. Les seules autres données disponibles sont bien postérieures et datent du moyen âge tardif . Bien que certains vestiges cités dans les chroniques ( en particulier celles de Lons le Saunier) peuvent s’interpréter comme romains , on peut en qualifier un ou deux de gaulois ( vers Crotenay , voies à 2 écartements d’essieu , l’un de 1,16 m de large, l’autre de 1, 50m, plutôt gaulois )
On peut se raccrocher aux rares vieux vestiges: Sur le raidillon de Plasne il y a les traces de chars romains dans les calcaires du chemin qui fait alors 3 ou 4 m de large, bordé par un rocher coté pente et par le talus en calcaire, coté montagne, ce qui empêche de se croiser; vers Crotenay, mêmes choses; vers St Laurent c’est pareil. Vers Picarreau il semble bien qu’il y ait une section de ligne droite sur 3 km qui évoque une voie romaine de 8m de large, bordée par 2 fossés et 2 murettes mais c’est à peu près tout ce qui reste en surface, concernant les chemins.
J’ai recherché ce qui pouvait être l’axe gaulois Tavaux – Col de la Savine, sans grand succès , ce qui m’a conforté dans le pressentiment que notre sélection de parcours ne pourrait pas s’appuyer sur des vestiges solides. Cependant nous pouvons faire les remarques suivantes:
au nord du Mont Rivel il y a les bourgs de St Germain en Montagne, Equevillon et leurs vestiges gaulois. Les habitants envoyaient leurs jambons fumés vers Rome ainsi que ceux de Sirod qui est réputé encore plus ancien; au total une route plutôt par Crans- Planches en M, Morillon ou Fort du Plasne qui est aussi la route du sel.
au Sud du Mont Rivel on passe par là où sera Champagnole puis Le Vaudioux, Chatelneuf où il y a un superbe Castellet ( cf la carte IGN ) qui protège le passage, et Morillon où les 2 itinéraires se retrouvent. Notre RN5, elle, passe aujourd’hui dans le défilé de la Lemme. Aux temps de Charles Quint, elle passait le long de la Lemme, avec un pont ou un gué à la Billaude puis continuait à mi-pente en suivant en gros le trajet du vieux petit chemin jusqu'au calvaire de Cornu. Là un embranchemen rattrapait au Pont de la Chaux la «RN5», L'autre entrait dans l'Oppidum . Cette portion prendra le dessus ensuite pour passer au pied du Chateau de Chaux de Crotenay. Ce n'est que plus tard que le Chemin des diligences franchira la Lemme juste avant le défilé et sur un pont. Pour rattraper le vieux tracé , le chemin fait une épingle à cheveux, impensable du temps des gaulois (dont les chariots , droits,étaient attelés en flèche) , mais également détestée par les conducteurs de diligence
Ces itinéraires de part et d’autre du Mont Rivel sont possibles mais il n’y a pas de vestige gaulois sur ces cheminements. ( voir le croquis un peu plus loin )
César, Vercingétorix, Vercassivellanos n’ont pas dû emprunter les mêmes chemins, ayant des objectifs différents; cela se comprend mais confirme que le secteur, accidenté, avait des solutions adaptées aux besoins et contingences de chacun.
Donc en schématisant:,, une route par le Nord du mont Rivel, une autre par le Sud, même si Champagnole est une agglomération augustéenne. Au Moyen Age, les abbayes, points de soutien des voyageurs, sont sur la route Sud. Les érudits se disputent sur l’origine de Champagnole qui n’a pas de nom à l’époque; c’était au mieux une simple petite bourgade sans commerce.
Une difficulté pour la route Nord comme route principale: après Equevillon on peut arriver facilement en été à Bourg de Sirod puis Syam , mais ensuite, pour continuer, il faut passer par la trouée de la Lemme et la Billaude, ce qui devait être risqué. On peut aussi en passant par la cluse d’Entreporte ( une trouée due à une faille, sans rivière) et en empruntant la route du sel, arriver à Lent puis Sirod puis Crans. Le tout est de contrôler les hauteurs de la cluse. Il faut oublier un passage par les pertes de l’Ain, superbe mais infranchissable. Aujourd’hui le tunnel de 1843 qui perce la lame calcaire juste au Nord du Bourg de Sirod a transformé la circulation.
L’examen de cet ensemble routier, fait surtout à partir d’observations actuelles et des vieux textes, incite à adopter un pluralisme de solutions et cela explique en partie la halte que César doit avoir faite, arrivé dans ce nouvel environnement du premier plateau pour regrouper, reposer, réorganiser ses troupes et réfléchir.
Par ailleurs au Livre VII § 66 il est dit que Vercingétorix s’établit en 3 Camps à 10 000 pas de l’armée romaine mais qu’il n’attaque que le lendemain alors que César a repris sa marche, ayant lui aussi réparti sa cavalerie en 3 groupes, hors les Germains. Cela doit correspondre à la bonne halte dont nous venons de parler.
César et Vercingétorix sont alors, chacun, mieux renseignés sur l’adversaire .Pour César, il y a eu un besoin de recentrage car le paysage a changé et la suite est problématique avec à ses trousses son ennemi . Les renseignements de César sur son ennemi sont probablement faibles et il se pourrait que ses prévisions se basaient sur l’idée qu’il avait pris Vercingétorix de vitesse et lorsqu’il donne le signal du départ de la halte, il pense plutôt à protéger son arrière garde que la tête de colonne où il a logé des bagages.