2010-2013
Ce texte
comporte 2 versions de cette bataille navale avec l’hypothèse classique puis l’adjonction d’une nouvelle
hypothèse pour le combat naval concernant un autre lieu, hypothèse que nous estimons plus réaliste
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L’affaire de
la défaite des Gaulois -Vénètes se situe en 57 et 56 avt J.C. selon le
calendrier grégorien des historiens et -56 et -55 selon celui des astronomes, mené
par l'astronome de Louis XV,Jacques Cassini qui introduit la
notion du zéro et donc de l’année zéro pour les besoins de ses calculs
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Le texte a été écrit par Claude Delas et ses collègues , Marc Terrasson, Georges Donat, Yves
Texier avec l’assistance de Gilles Rocher, Jean Louis Roger pour les
questions maritimes, autour de Jules
César assisté de Dion Cassius (né en-60 ; mort en +20) et autres (le
géographe grec Strabon -58 ;+24---le latin Pline l’ancien - 59 ;+17 enfin Tite Live né en Vénétie-Padoue en- 59, mort en +17, dont
une partie des écrits a été perdue mais dont parle Velleius Paterculus ). Ils
s’inspirent tous du B.G. déjà reproduit sur papyrus et ne sont pas ou très peu,
allé sur place. A noter que Strabon traite les Vénètes de Belges.
Le récit comporte quatre parties plus deux annexes concernant les textes et un supplément.
1 Introduction :
Une étude attentive de l’ancienne
géographie nous indique comme plus probable une version Sud vers La Turballe
pour la Bataille Navale, que l’emplacement classique vers Port Navalo
2 un
tronc commun pour mettre les 2 version en place
3; 4 2 volets 3 et 4, relatifs aux 2 lieux
possibles pour le combat naval, qui s’appuient sur le texte du B.G.
5 LES TEXTES LATINS qui débutent avec Le B.G. de
Jules César
6 Un petit Supplément
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Le texte du B.G. (III,7,8,9,) impose et cantonne cet épisode de la Guerre des Gaules sur
notre côte bretonne sud et au nord de l’estuaire de la Loire.ceci sera précisé en fin de texte, juste après les textes latins
Nous présenterons également, une série d’images puis enfin les textes latins débutant par le B.G. pour alléger le récit proprement dit.
L’Ensemble sera suivi par un Petit Supplément destiné aux lecteurs
plus curieux et que les légendes ou historiettes intéressent.
Théâtre des
opérations
Je vous livre ci-après une photo Google prise
à 100 km d’altitude en l’an 2 000 qui présente le théâtre des opérations de 57
B.C.
O indique les 2 emplacements possibles
du combat naval.
Je ne peux
résister à vous raconter un morceau de l’histoire de La Loire : Il y a 1,3
million d’années la Loire qui jusqu' ici ne servait qu’à drainer le bassin de la
Mer des faluns, capte le cours inférieur
de la Loire- Seine, des eaux qui
venaient du Massif central, au niveau de Briare. Ce nouveau cours d’eau devient
un fleuve impétueux qui roule du sédiment. Le temps s’écoulant, à la fin de la
glaciation du Würms : l’océan se met à monter ; la mer des faluns a
rétréci, le fleuve Loire prend progressivement son allure paisible et n’est
plus ce superbe cours d’eau qui faisait la joie des marins mais un fleuve majestueux que Mme de Sévigné aimait emprunter; de nos
jours la navigation n’est que touristique. Du coup le lecteur peut comprendre
que l’estuaire actuel depuis la terminaison
du fleuve vers Donges ne reflète guère ce qui existait du temps de César et on
devine que la côte pouvait être en contre-bas de la côte de Guérande, sur les
cartes qui vont suivre.
Tronc Commun aux versions Nord et
Sud
Avant d’aborder le sujet qui est d’essayer de remettre le contexte de
la bataille de Jules César contre les Vénètes en termes du XXI ème siècle, nous voudrions dire deux
mots :
Le premier sur
nos motivations par rapport à la thèse officielle qui fixe la bataille navale
au large de Port Navalo et qui, bien que très plausible, laisse une sensation
d’à peu près, comme si le site pouvait être ailleurs.
C’est ce que nous avons tenté de faire en la localisant au large de ce qui sera La Turballe..
Le deuxième
est de dire un mot sur cette population qui fit son apparition dans l’histoire avec César en
57 BC et disparait en 56.
D’ abord on ne sait rien sur eux, à
part ce que dit le B.G. au sens large.
César écrit que ces gens étaient, à
son époque, les premiers des Armoricains car les premiers dans la maîtrise des
choses de la Mer, et que les rares ports de cette côte (au nord de la
Loire) étaient sous leur contrôle. Ils habitaient des villes, généralement
situées à l’extrémité de langues de terre dans la zone de marnage. Il évite
soigneusement d’expliquer simplement sur
ce qui s’est passé là ou ailleurs durant l’été 56 BC, il préfère indiquer les
difficultés qu’il a rencontrées. Etre plus complet ou plus clair ne doit pas être à l’avantage de César et pouvoir le
glorifier. Le Rouleau Compresseur Romain n’a pas pu être efficace et n’a pas pu
réduire au silence une poignée de
Gaulois. C’est du vrai Astérix chez les
Bretons .
Strabon qualifie ces Vénètes de Belges, population
avec lesquels César a eu des contrariétés l’été précédent et qui continuent ?
On sent que l’auteur a de la peine pour
commenter le sujet, alors que dès que la roue de la chance lui sera redevenue
favorable avec ses galères, il redevient plus disert.
I Positionnement historique
L’Histoire du pays, peut
être schématisée en 5 actes :
1er
Acte au début du Néolithique supérieur, juste après
la disparition des glaciers 2 à 3000 ans avant César, l’Armorique est peuplée
par les constructeurs des mégalithes qui habitent surtout les côtes tant au
Nord qu’au Sud, le niveau des eaux étant 5 à 6 m plus bas que de nos jours.
2ème
Acte Les Celtes, des terriens, arrivent et
supplantent les anciens occupants ou les assimilent. Au sud de l’Armorique, la
région de la Baie de Quiberon est prise en main par des hommes que César
appelle les peuples de la mer, les
Vénètes.
3ème
Acte
Les Romains qui ont de la peine à maîtriser les Gaulois, se heurtent aux
Vénètes, difficiles à dominer et que César va sous-estimer ? C’est le
clash que César va gagner par un coup de
poker et il fait disparaître les Vénètes du globe. Rome va régner sur
l’Armorique jusqu’ au IV ème siècle avant de s’écrouler.
4ème
Acte C’est alors que les Grands
Bretons débarquent au nord de l’Armorique et submergent les autochtones, peu
nombreux, d’autant plus facilement qu’ils sont celtes du même bord et
catholiques. C’est le pays du Léon. Ils
s’étendent vers le Sud mais doivent composer avec les habitants.
5
ème Acte La royauté française avale
l’ensemble, puis la République lisse les aspérités ; On est dans l’
univers actuel où des intellectuels essayent de reconstituer le passé.
Notre
propos se situe au début du 3ème
acte ? Que le lecteur soit conscient que nous avons dû romancer pour
rendre le texte moins austère.
A la lecture des textes, tout concorde
pour que les Vénètes aient habité aux alentours du Golfe du Morbihan au sens large. Ils avaient 2 types
d’activités : le commerce maritime et la pêche ainsi que le travail de la
terre où ils cultivaient les céréales
dont l’épeautre ou blé gaulois. La limite Sud de leur territoire est importante
pour situer la Bataille Navale ? La tradition est de la fixer sur la
Vilaine et de mettre au Sud les Namnètes, ce qui est pure supposition. Une
autre possibilité, vraisemblable en ce qui concerne la région côtière, est de
descendre cette limite sur la Loire dont l’estuaire avait une géographie assez
différente de l’aspect actuel mais qui devient possible aux temps du B.G. .
II
Positionnement Géographique
Documents : Cartes de l’IGN et cartes de la Marine dont celle de 1916 ; carte
géologique du BRGM, cartes de Cassini datant de 1750, photos diverses.
Remarque générale : comme le niveau relatif moyen des mers était sous César 6 à 7 m plus bas au moment de l’érection de menhirs, 2 m plus bas
qu’actuellement , cela modifie, aux temps de César, le dessin de la zone de
marnage qui nous concerne. En outre les apports sableux de la Loire ainsi que
les déforestations du temps des Carolingiens qui se sont poursuivies ensuite
ont profondément modifiée le paysage de cette zone. Les modifications dues à la
fonte des glaciers du Würms d’il y a 7000 ans s’étaient passées bien avant.
La
mer des faluns se réduit à la Grande Brière et l’estuaire de la Loire se façonne. Le Croisic
semble encore être une île aux temps césariens et les dunes de La Baule sont en
gestation.
Quiberon est une île qui ne sera
rattachée au continent qu’après l’an 1000. Le cordon sableux de La Turballe est
à venir.
2 exemples pour illustrer la montée du
niveau de la mer avec l’aide des mégalithes :
Dans le Golfe du Morbihan sur l’îlot de Er Lannig à une encablure au sud de
Gavrinis la photo montre le Cromlech ou cercle funéraire, qui est à l’altitude
zéro sur la photo (bien que je ne connaisse pas l’état de la Marée)alors qu’il
a été construit vers 6 à 7 m d’altitude (foi des historiens) plus de 2000 ans
avant César. Cela confirme la montée des
eaux.
De même sur la côte de la Bretagne Nord, à l’Ouest de
Morlaix, Gilles Rocher en 2011 a photographié à marée basse l’Allée couverte mégalithique de Kernic près
de Plouescat qui est dans la zone de marnage actuel.
Photo Gilles Rocher en
2011 de L’Allée de Kernic
Cette construction a été sabotée, de
mémoire des habitants, par des entrepreneurs indélicats qui ont barboté les
plaques de l’allée couverte.
A la fin de l’indépendance, l’eau de
l’Océan était montée depuis l’époque des mégalithes d’environ 5 m selon les
historiens et va encore monter de 1 à 2 m juste qu’ à aujourd’ hui. On s’y retrouve
en lisant une carte marine en mettant le niveau moyen de la mer à la place de la laisse des basses eaux.
C’est ce qui a été fait sur la carte ci-après. On voit que cela simplifie le
dessin et réduit la surface des eaux de marées
Fixons quelques points :
Quiberon est une île qui ne sera
rattachée au continent qu’à la fin du Moyen Age et les îles de Houat et Hoedic sont quasi
jointives. La presqu’île de Guérande est une île puisque les marais de Mesquer
correspondent à la passe de St
Lyphard. La Grande Brière est une mer peu profonde avec des chenaux( il faut contempler les cartes de Cassini
ci-après et en fin de présentation , qui le laisse deviner) et le système
dunaire de La Baule qui est en début de formation. Cela amène à montrer que notre estuaire de la
Loire a une forme différente de la terminaison de ce même fleuve à l’époque, comme
le montre la Carte du trajet des romains, décrit plus loin.
Un autre élément de compréhension réside
dans la force des courants ; de nos jours, suite à la diminution de la
pente moyenne, la Loire a ralenti sérieusement et s’est ensablée. Le Golfe du
Morbihan a vu le volume des eaux de marées quasi divisé par 2,ce qui a entrainé
un ralentissement des courants :
Quelques valeurs lues sur les cartes
actuelles :
Passe de Port Navalo : 4 à 5 noeuds,
avec un pic à 8 ; 24 m de profondeur, sur plus de 100 m de large.
Gavrinis : 9 nœuds dans le chenal
d’Er Lannig et 23 m de profondeur.
Les platiers actuels dits à huîtres avaient
moins de 2 m de profondeur et devaient être émergés en bonne partie.
Ces valeurs justifient que nous ne
retiendrons pas Port Navalo comme le port au sens romain du terme dans le B.G. pour
le rassemblement de la flotte vénète.
En reprenant les cartes marines
actuelles et en modifiant le niveau des eaux et en estimant l’ensablement
récent on peut redessiner les 2 cartes qui suivent et qui illustrent les
2 emplacements, remis en version d’époque :
La première carte sert de soutien à
l’hypothèse Nord avec la bataille navale en « 2 ». Le graphisme vers
l’Ouest est imparfait car l’île de Quiberon est indépendante du continent mais
cela est oblitéré par la limite du dessin.
La carte suivante illustre
l’hypothèse Sud ; la ligne noire continue figure notre
interprétation du trajet suivi par la flotte de Brutus ; Brutus, ce général sénateur romain que César a nommé
chef de la flotte est celui qu’on retrouvera encore et surtout lors de
l’assassinat de César au Sénat.
Nous avons ici un aperçu de la version Sud, avec la forme ancienne de l’estuaire
compliquée de la Loire, La grande Brière ; la passe de Guérande et de St Lyphard et l'entrée de St Nazaire.
Nous présenterons plus loin quelques
cartes de Cassini faites vers 1750 sur l’ancien fief vénète, mais quelques
précisions sont à donner auparavant:
Baie de Quiberon ( dans le cadre de
l’hypothèse Nord):Le golfe du Morbihan, avec toutes ses îles a de nombreux atouts pour être le sanctuaire vénète.
A noter : la Trinité sur mer qui se confond
avec Locmariaquer, et qui un vrai port commercial et militaire
.L 'isthme de Quiberon n'existait pas et les aspects anciens des cartes incitent à admettre pour la Baie du Morbihan un rôle de repaire pour corsaire sous César(
voir le petit supplément ).
Ce
que nous présentons comme la plage de Brutus, convient pour avoir été au droit de
l’engagement naval soit que les Vénètes
y aient surpris Brutus soit que ce
dernier ayant perdu ses repères , ne
sachant pas où est l’ennemi et voyant les légionnaires sur la colline, se soient
arrêtés, ne serait-ce que pour un repos comme dit Dion Cassius (flotte au
mouillage).
cette baie est bien un site
privilégié, qui convient.
C’est le moment de préciser nos
connaissances sur le territoire vénète
A l’ouest ils ont les Osismes comme
voisins; Ostimes comme le signale Pythéas, via Strabon ; pour la frontière
on pense au fleuve la Leïta avec la ville de Quimperlé un peu au SE de Lorient,
leur capitale est Carhaix, le Vorgium des Romains.
Au nord les Corisolites, sur les côtes
du Nord , capitale Courseul , le Fanum Martis des romains.Ils en sont séparés
par la forêt des légendes.
Au sud de la Loire il y a les Pictons,
capitale Poitiers, qui participent à la construction de la Flotte romaine.
Au sud de la Vilaine c’est la fin du
territoire vénète proprement dit. Avec ce qu’étaient La Grande Brière et l’île
de Guérande, avec cet énigme des Namnètes
leur capitale étant à Nantes sur la Table de Peutinger et ils devaient
s’étendre jusqu’à Ingrandes limite avec l’Anjou d’aujourd’hui ; il y a une
obscurité, les Vénètes semblant avoir tenu la côte et les îles du Croisic
Il semble vraisemblable que l’île de Guérande
ait été occupée par les Vénètes et que Guérande existait comme un de leur pagus. Mais
cela ne résout pas la question de la Grande Brière
Les Vénètes auraient eu une première capitale
avec Locmariaquer qui jouxte La Trinité sur mer ; cette capitale a été
ultérieurement remplacée par Vannes.
carte de la Gaule au moment des évènements
La ville de Brest s’est créée sur un
camp romain du III ème siècle ; Les Monts d’Arrée n’étaient que forêts et
siège des légendes celtes. Ils forment
la vraie séparation entre les Armoricains du Nord et du Sud. Au IV ème siècle la dernière invasion britannique ira
jusqu’à Guérande. Ces celtes bretons parlent la même langue, pratiquent la même
religion catholique s’installent facilement tant au Nord qu’au Sud, peu
peuplés.
Un argument à ne pas négliger : la
densité inhabituelle des monuments mégalithiques tant au Sud qu’au Nord et
proches de la Côte, souvent élaborées en font des marqueurs spatio-temporel
tant vers Carnac qu’autour de la Grande Brière, bien qu’à un degré moindre du
Néolithique moyen à Supérieur. Ces constructions, jalonnent également le domaine
vénète. Coïncidence ? En tout cas
c’est le sujet du § suivant. Ne nous faites pas dire que Mégalithes= Vénètes
mais lisez que ces derniers occupent des
lieux que les anciens avaient appréciés
Carte de Cassini du Golfe du Morbihan
Je laisse le lecteur réfléchir : l’
île de Quiberon est déjà devenu une presqu’île et Houat est à peine séparé de
Hoedic.
L’ estuaire de la Loire :
Admirer le cordon de sable qui borde la
Loire sur sa rive Nord et la complexité
de St Nazaire
Rive nord de l’estuaire de la
Loire : on voit qu’entre Guérande et le Croisic on est dans une zone de
marnage de plus de 4 m d’amplitude et que La Baule est une dune complexe,
fabriquée par la Loire. Au nord c’est un peu pareil entre Mesquer et St
Lyphard. Le cordon sableux de la Turballe se détache de la falaise de Guérande
un peu au Nord. On peut admettre que du temps des romains le passage était
ouvert entre Donges et St Nazaire et que, au gré des marées, la mer pouvait circuler entre Donges et Mesquer. Le graphisme de Cassini pour représenter les
marais salants de Guérande donne une étrange impression.
Logiquement ce serait le moment de
rappeler les textes latins.
Pour des raisons de présentation et de
longueurs nous les avons mis en fin de
chapitre, et nous présentons nos commentaires
qui introduisent ou justifient les 2 versions ;
En fin du texte, pour diverses motivations le lecteur trouvera en italique d’abord le B.G. de Jules César qui est notre
référence, puis les autres auteurs cités au début.
Auparavant nous avons inséré quelques
images supplémentaires pour faciliter la compréhension de l’ancien paysage
gaulois.
COMMENTAIRES
sur le B.G. et ses dérivés
1) D’ abord ces informations données
par ces textes sont de l’ époque et concordent assez bien ou se complètent bien
mais introduisent parfois des complications ; Comme ces
hommes vivaient à la même époque, ils avaient les mêmes informations de base. La carte que dresse Strabon au niveau de
l’Armorique est très fausse, je ne la reproduis pas ; à la différence de
la Table de Peutinger qui n’est pas une carte mais un plan de routes, celle de
Strabon est une carte basée sur une
terre conforme à la théorie d’Aristote
i.e une galette qui flotte sur l’eau. Si on regarde, sur
notre secteur géographique, la carte de Ptolémée faite un siècle plus
tard, contemporaine de la dernière
édition de la Table de Peutinger et qui
est basée sur un modèle sphérique, présente les mêmes défauts. Ces cartes
composent l’arsenal dont César disposait, hors ses guides-informateurs.
2 Les autres
erreurs comme celles de Strabon qui confond les cordages des voiles avec les
chaines des ancres ne sont pas des discordances.
Il reste les
célèbres silences de César ou ses raccourcis lorsqu’un sujet ne le glorifie
pas ou ne correspond pas à son objectif. Voilà les points obscurs qui sont à
l’origine de problèmes de compréhension et
qui conduisent à 2 versions pour
le combat naval :
1 La
Constitution de sa flotte : En plus des navires réquisitionnés, elle est construite sur la Loire, écrit César, et ce sont des navires longs, j’imagine
genre galère modifiée pour aborder l’océan et adaptée aux bois du pays. Il fait
venir les équipages de Provence. Dion Cassius écrit que César fait construire
ses navires à l’intérieur des terres et que Brutus les lui amène de la mer
intérieure par la Loire ; ce que tous nos latinistes ont interprété comme
venant de la Méditerranée et non de la Mer des Faluns l’ancêtre de la Grande
Brière ?.
2
Son quasi mutisme sur les évênements de
l’Eté :
Il a divisé, à son retour en Gaule, son armée en 3. Il ne dit guère de mots sur Crassus qu’il
a envoyé pacifier, avec succès, mais sans gloire semble-t-il, l’Aquitaine, pas
plus que sur les 2 autres généraux qui s’occupent des Belges . César en
personne, avec 3 légions probablement, est allé pacifier les Vénètes. Après un
commentaire sur les villes vénètes au
bout de langues de terre, il se met à raconter des anecdotes civiles mais est
plutôt silencieux sur son action. Au moment du combat naval, les Vénètes
peuvent rassembler plus de 200 navires à la barbe des Romains qu’ils ont repérés alors que ces derniers semblent
être dans l’inconnu. De tout l’été ses 3 légions n’auraient rien fait d’autre
que de s’emparer de quelques petites villes mal fortifiées humainement ?
C’est bizarre. Je pense à des grosses erreurs
de géographie- voir plus loin- et qu’il s’est fait berner par les Vénètes, qui
étaient à l’aise dans leurs pays tortueux De là va naître sa vengeance terrible
indépendamment du fait qu’il souhaitait faire main basse sur le commerce des
matières premières.
Et Il y a quelque chose dont il
ne veut ou peut pas parler ?
Le
sujet s’éclairera en partie au III-18 du B.G.
où il dit qu’en même temps qu’il gagne son combat naval, Sabinius, son
légat timoré, également en sous-effectif arrive par la ruse à battre en
Normandie actuelle la coalition dirigée
par Viridorix, le chef des Unelles, qui était une menace sérieuse pour César .
Ceci était incertain. Puis enfin en III-20, il mentionne Crassus en Aquitaine,
ce jeune homme très en vogue mais qui cumule les ennuis en Aquitaine, manquant
de fantassins ; Ils sont eux aussi dans la panade. Le B.G. va vite passer
puisque le combat naval a eu lieu et qu’il est victorieux et que Crassus est à
ménager.
Comme il n’a pas pu ne rien dire au Sénat et
que notre B.G. écrit après coup, ne doit
pas contredire les informations initiales, comme souvent il opte pour le
brouillard et le remplissage. Il n’a pas du maîtriser la topographie, au moins
au début et son fameux rouleau compresseur n’a pas pu s’appliquer;
Il y a cette remarque de Dion Cassius que
César ne croyait pas véritablement à la réussite de sa marine. En imaginant que
les Vénètes l’aient vaincu, quelle aurait été la suite ? Les Romains n’ont pas l’habitude de
s’obstiner : ils avancent et gagnent ou meurent ou battent en retraite
pour revenir. César devait méditer cette éventualité.
Nous
sommes dans le brouillard. Notre sujet est d’expliquer le B.G. non de
refaire l’histoire.
VERSION NORD
C’est
l’hypothèse qui vient naturellement à l’esprit : Le pays vénète est au
Nord de l’embouchure de la Loire, avec des îles, des langues de terre, et c’est
un peuple de marins; cela convient au Golfe du Morbihan actuel . Si on
fait l’effort de transposer l’aspect du pays aux temps gaulois, le relief y est
moins ensablé qu’ aujourd’hui, l’isthme de Quiberon n’existe pas et la forêt
armoricaine bien présente. Et il ne semble pas incroyable de mettre la limite
Sud de leur emprise à La Vilaine. Les cartes du Tronc Commun l’ont visualisé..
Photo du petit Mont et de la Plage de Brutus, suivi de la reconstitution du temps de César
On voit bien l’observatoire du Petit Mont qui domine
la plage de Brutus , laquelle est la plage à droite. Il y a à gauche la
passe de Port Navalo qui bifurque encore plus à
gauche . Au loin le Golfe du Morbihan et le Tumulus de César, un
amer pour les cartes marines.
.
Voilà pour le site : Si le combat naval s’est
passé là, il est temps de passer au
B.G., puisque César « reprend » son récit à cette occasion.
Il aligne donc ses légions sur les hauteurs peu importantes, pour
assister Brutus qui arrive vers la quatrième heure de ce jour proche de
l’équinoxe –lecteur ,faites attention on est encore au calendrier précésarien ,
seul compte que le début de la troisième heure est à midi –Le vent de galerne souffle
toujours et les romains, paumés, font une halte réparatrice sur ce que nous
nommons la plage de Brutus
Les plus- de-
200 navires gaulois jaillissent de leur port et leur tombent dessus. Les
responsables ont le temps de se concerter et se mettent en position de repli.
1 S’ils
sont sortis par la passe de Port Navalo, c’est l’hypothèse classique. C’est quasi
à portée de voix de Brutus. Les courants moyens dans la passe y font plus de 5
noeuds – on rêve ?- Gilles Rocher, skipper expérimenté qui a bourlingué dans ces eaux, toute chose égale
par ailleurs, propose que le port permanent de La Trinité sur mer banlieue de
Locmariaquer la vieille capitale vénète
comme étant ce fameux port. Nous
sommes de cet avis. Pour le reste du Combat, les textes des latins sont
très explicites.
La version Nord est terminée ainsi que la défaite des Gaulois ---- sauf
que :
Commentaires :
1
Comment arrive la flotte de Brutus ?: la
mer est forte et le vent contraire ; en analysant le trajet dans le
système Jarno , Brutus a du faire une escale nocturne vers l’embouchure de la Vilaine limite du pays vénète. Cela
implique que Le pays ne peut qu’être
pacifié de chaque côté de la Vilaine ? Il n’y a plus de guerrier vénète
dans les parages, et les légions sont là en réserve. César est muet
sur ce fait.
2
En
employant la méthode de J.Y. Jarno ,après son arrêt nocturne qui suit une
journée de rame, et qui l’amène probablement vers l’estuaire de la Vilaine (mais
César n’en parle pas) Brutus repart de bonne heure . Vu la forme de l’estuaire
de Mesquer et de la Vilaine , il n’a pas du oser franchir de nuit cette partie
échancrée du littoral. Toujours avec une mer contraire il s’arrête avant la
passe de Port Navalo ou bien est arrêté par la flotte vénète. C’est le Combat et les Romains ont été surpris alors que du petit Mont ils
voyaient l’autre côté ?
3
Un sujet étrange : Vox Populi a fixé la
frontière Sud du pays vénète sur la Vilaine et y a logé au sud les Namnètes, métallurgistes vers Nantes.
César ne mentionne ces gens que dans une énumération de voisins et plus
jamais ensuite? Probablement comme nous l’avons déjà dit, la presqu’île de Guérande était un pagus
vénète qui contrôlait la mer Intérieure et qui a donné tant de fil à tordre à
notre cher Général Romain et qui a mis
du temps pour y voir un peu clair. C’est de là qu’il a conquis ces villages
d’où s’échappaient ses proies pendant l’été soit par le sud soit par le Nord en
restant hors de portée des arcs et des balistes. Rien ne s’oppose à ce qu’il
ait pris Vannes et fait des raids en vrai pays vénète.
4 les collines et hauteurs d'où on voit la mer de près fait bizarre sous le stylet de César.
Alors on arrive à se dire qu’il y a
quelque chose qui cloche, il y aurait donc faille ?comme à chacun fois,
que un site n’est ou n’était pas le bon. ?
Voilà pourquoi nous en arrivons à
notre Version Sud :
C’est
une remise en question des tabous, terme à la mode chez les politiciens
d’aujourd’hui, basée sur une lecture pendant un séjour vers Mesquer à l’été
2012, par le Général Terrasson d’un livret écrit par Jean Yves Jarno , natif et pilote
retraité du port de Nantes et dont nous avons apprécié le sérieux.
En outre nous avons récupéré un petit chapitre
du livre du guide sur le tourisme de la presque île de Guérande,écrit par B Viguetti. Il nous donne une version
césarienne du paysage qui nous convient
et complète la nôtre et que je vous livrerai plus loin.
Que
quoi s’agit-il :
La carte postale ci-dessus laisse deviner les
formes antiques qui ont été comblées. La géographie du temps de César est la
base de la carte de J.B. Viguetti, et complète la carte géologique pour donner
la carte du trajet de Brutus :
Ce qu’il faut regarder à marée haute = le fossé
d’effondrement qui donne les marais salants dits de Guérande, bordés par les
hauteurs du Croisic, coté Océan et les hauteurs de Guérande coté Terre ;
au fond les vastes cordons dunaires de la Baule et St Nazaire. En comparant
avec la carte géologique qui met en blanc les sédiments récents et celles de
Cassini , le lecteur peut comprendre ce qui va diriger notre interprétation du
paysage césarien.
Jusqu ’ici nous avions admis la limite de la
Vilaine, un fleuve normal, guéable par endroit, comme la limite Sud du
territoire vénète et nous n’avions pas analysé la géographie dans les
terres situées entre cette Vilaine et la Loire. La lecture du Livret « Nos Ancêtres …Les Vénètes » de
J.Y. Jarno, dans le bulletin de la société académique de Nantes , en 1979 nous
a apporté du grain à moudre en 1980
aux éditions des Paludiers 44300. Nous allons donc l’exploiter.
La
grande particularité de ces terres est que, outre les éléments géotectoniques
qui ont affectés le Golfe du Morbihan, il y a le phénomène de la Loire avec un
estuaire en cours d’établissement et la mort de la mer des faluns, la grande
Brière d’aujourd’hui.
C’était encore, comme le montre la carte de
J.B. Viguetti, à partir d’un peu en amont de Donges, un site aussi complexe que
celui du Golfe du Morbihan d’aujourd’hui et
navigable au moins dans les chenaux. La Loire de cette époque avait
encore un profil jeune qui roulait pas mal de sables et avait un bon courant.
Ce sont ces sables qui vont fabriquer le système dunaire de La Baule, fermer le
passage de Guérande, rattacher les îles du Croisic au continent puis fermer la
passe de St Nazaire et l’agglomération va en profiter pour s’étaler en amont.
La passe de St Lyphard se comble et donne les Marais salants de Mesquer pendant
qu’au pied de Guérande sont constitués ceux de Guérande. Bien sûr cela est
difficile à dater par des moyens géologiques et il y a peu de données
historiques. Avec la création du cordon de La Turballe, post –césarien, les
ingrédients du marais salant se mettent en place.
On
sait qu’en 1050 l’évêque de Nantes octroie une charte à des moines pour créer
le prieuré d’Escoublac au nord de La Baule et qu’il y a un châtelain en 1070
dans ce pays marécageux et sableux. J.Y. Jarno mentionne aussi un petit
chantier naval au pied de Clis avec les restes d’un bateau romain.
Avec la carte de Cassini de l'estuaire de la Loire où les dessins
montrent encore quelques empreintes ou souvenirs des remblaiements récents, on
a l’essentiel. Pour mémoire, on a également trouvé dans la Vilaine vers Guipry
un pile-mil qui serait vénète, selon internet.
Nous
voilà avec assez de constatations pour notre présentation du Combat naval au sud : nous tirons comme
enseignement du B.G
1. la construction des bateaux a du se
faire en amont de Paimboeuf, chez les Pictons .
2 l’ancêtre de la Grande
Brière correspond à la description du B.G. ; il en est de même pour le Golfe du Morbihan Mais la forêt armoricaine
est moins oppressante dans l’île de Guérande et les Romains y sont plus à
l’aise. Ils ont du se débarrasser des Vénètes qui y étaient ou ceux-ci ont
décampé.
3 César se rend compte de ses méconnaissances géographiques, que ses méthodes sont inadaptées et que le temps va lui manquer.-- Il va jouer son joker marin sans y croire.ce qui pourrait expliquer son laconisme sur ses activités de septembre pendant lequel, il aide Brutus à mettre sur pied une armée embarquée et entraînée, ce qui n'est pas une spécialité romaine. Il doit avoir un camp vers St Nazaire en plus de celui vers Guérande et la veille du jour du départ la flotte doit se rassembler sur la rive Nord pour l'embarquement. Lui ne partira qu'après
La Vilaine a un rôle important. Comme pour les Nerviens
et la Sabis, il s’agit pour les Vénètes, d’empêcher l’infanterie romaine de
pénétrer au cœur du pays, ce qui a été réussi jusqu’ici, avec des Romains peu actifs en ces temps là. Bien renseignés,
les Vénètes apprennent l’imminence de l’entrée en lice de la flotte
romaine : ils la traitent par le mépris mais il faut la détruire et vont à l'attaque avec un rassemblement naval dans le golf du Morbihan En même temps que les Romains embarquent , eux font passer leur flotte dans la Vilaine. Ils attaquent dès que possible les Romains soit qu'ils se reposent ou attendent des ordres car le vent continue de souffler.
Pour éclairer le débat, nous plagions le
texte de J.Y Jarno en adaptant notre texte à notre paléogéographie sur les
temps de rame :
César ayant
dû donner l’ordre d’arriver le plus tôt possible, comme Napoléon le fera avec
l’Amiral de Villeneuve avant Trafalgar,
Brutus n’attend pas une bonne météo, il doit partir vers 6h du matin, dès qu’il le peut
Estimations du voyage:.
De Paimboeuf à St Brévin on peut
estimer que le courant de la Loire est porteur et que les 12 km ou 7 nautiques
se font à 5 nœuds soit prennent moins de
2 heures. De St Brévin à la pointe de Chémoulin
10 km ou 5,5 nautiques pas de ralentissement et on bénéficie encore du
courant de la Loire et de l’abri des côtes, les rameurs se sont échauffés.
Encore 1h de plus. Puis c’est l’océan, le vent de Noroit (galerne en celte)
souffle généreusement et les vagues ne sont plus le clapotis du début surtout
après le dépassement de la protection de l’île du Croisic. Pour arriver vers
Piriac après la Pointe du Castelli il y
a 24 km soit 13nautiques à parcourir
avec des galères inadaptées, avec vent de face donc sans voile et un courant
côtier allant probablement vers le Sud. Cela prend 3,5 à 4 heures et les
rameurs, même en se relayant, fatiguent. Vers midi il est de bon ton de faire
une halte et la côte au sud du Castelli est bien située, d’autant que les Romains
sembleraient avoir occupé le coteau de Guérande, Brutus n’a pas de repère autre
que la présence de troupes terrestres.
Ceci pour montrer la pertinence de situer le combat vers la
Turballe. La reconstitution de la côte est possible mais entrer dans le détail
est délicat : un menhir à La Turballe souligne la fin des récifs vers le sud ; c’est un point fort. C’est une côte pas encore ensablée, au pied
de la falaise de Guérande, qui convient au
combat naval des Vénètes, là où se trouve l’agglomération de la Turballe,
inexistante à l’époque, laquelle côte est faite des débris de la falaise située
juste au N.E. La distance entre les
Blockhaus de Clis et la mer à l’époque
était de l’ordre du km et l’altitude de
40 m.
Le B.G. écrit que l'armée occupait les collines et les hauteurs d'où on voyait la mer de près mais ne parle pas d'un observatoire.
En 1944 la vue devait être bien dégagée comme du temps de
César où on avait affaire à cette végétation rabougrie lié au vent et au sol
pauvre. La côte n’est pas la même. Nous surnommons ce lieu Observatoire de César, comme le champ
et la fontaine l’ont été au même endroit depuis fort longtemps.
Les
Vénètes sortent en masse de l’estuaire de la Vilaine, un bon abri que la marine
de Louis XIV utilisera plus tard et se ruent sur les Romains. Ils ont 20 bons
miles à franchir avec bon vent arrière. Partant à midi , ils arrivent sur les Romains vers la quatrième
heure ; Cela est pertinent. La description de César diffère un peu de
celle de Dion Cassius, comme si il était arrivé après le début de l’engagement.
La carte qui précède est un essai de reconstitution
paléogéographique avec les trajets supposés des marins qui sont ce que nous
avons adopté avec l'aide le la carte géologique et la reconstitution de J.B. Viguetti
La côte
indiquée correspond à la reconstitution
paléogéographique sous César. On peut comprendre la perplexité de ce
dernier devant un pays aussi découpé. Cette remarque est également valable pour la Version Nord et le Golfe du
Morbihan
La carte géologique qui suit
montre le sous-bassement de notre
reconstitution ; elle est à l’origine de l’extrapolation dans le passé de
la carte actuelle. Elle est bien sûr un peu technique pour un lecteur non
géologue mais c’est une donnée actuelle et issue de travaux scientifiques.
Pour le lecteur non averti
l’essentiel est : il faut bien
distinguer le vieux socle hercynien en couleur, des sédiments du quaternaire
peints en blanc ? Une série de
failles émaillent le paysage, pour
encore le compliquer. La carte de Cassini de l’estuaire de la Loire qui éclaire
la rive Nord, qui ferme la Grande Brière
mise plus haut en fin du Tronc Commun peut aider à visualiser
l’embouchure alors complexe de notre Loire.
On se reportera aux cartes du
Tronc Commun pour cadrer cette version Sud.
Revenons au B.G.
puisque c’est notre sujet : Suite à ce combat naval, César, qui n’espérait plus, vient de gagner.
Les Vénètes n’ont plus de flotte, plus de
guerriers. En un rien de temps César
décide que cela ne se reproduira plus et applique les lois de la guerre en
vigueur à Rome. Il élimine cette
population hostile, fait exécuter ce qui reste des hommes et vend le reste. Il
n’hésite pas à transcrire ce fait de guerre, admis en ces temps, dans le B.G.
Commentaires
On notera la différence d' atmosphère avec la Bonace.
Nous ne parlerons pas
du combat naval, la description de César, hors les erreurs des traductions,
étant limpide. Mis à part quelques points de détail sur les coupures des
drisses par des faux de siège et le fait que soit par insouciance soit par
manque de temps , les Vénètes n’avaient pas de grosses pierres à faire tomber
sur les galères et les crever.
La position des ports est peu discutable alors que celle des
plages de recueil est plus vague.
La suite de la guerre avec les Vénètes est plus floue puisque
selon César, ils n’existent plus en tant que peuple et quelques soit la version
choisie, l’histoire de cette période restera floue.
Comment conclure :
L’Alternative est simple pour vous : Nord ou Sud ? C’est
votre choix.
_________________________________________________
Images supplémentaires
suivies des textes latins avec pour débuter le B.G.de
César traduction L Constans
1 Images
Nous allons citer le Cairn de Barnenez , ou plutôt le reste d’ un
monument funéraire en Bretagne du Nord, qui date d’avant les pyramides d’Egypte
et qui forme une illustration que ce que les hommes du Néolithique moyen
pouvaient accomplir.
Comme on retrouve en réduction un tumulus
similaire à Gavrinis en plein Golfe du Morbihan mais à faible altitude, cela
fournit une aide à la datation. Pour ampliation aller dans le Petit Supplément, en fin de texte
La carte de Cassini
relative à la version sud, l’ancienne passe de St Lyphard, devenu le
marais salant de Mesquer, le passage au large de Guérande, bloqué au sud par
les dunes de La Baule- Escoublac. On voit bien le résidus de la passe, le rentrant sud/nord de la côte dure et la création des marais salants
Illustration de l'ensablement :
Ci -dessous en premier plan, l’isthme de Quiberon avec le Fort de Penthièvre construit sous
Louis XV sur le vieux socle lorsque le Tombolo qui forme l’isthme est devenu permanent. On voit
son étroitesse, il fait 30 m de largeur,
puis sur le bord gauche de la photo il y a le début de la plage de Brutus.
Cette esquisse
a été construite à partir de la carte marine actuelle modifiée en imaginant que
le niveau des eaux est monté de 1,5 m et que l’ensablement a déposé 1 m de
sable.
Reconstitution par J.B.
Viguetti du paysage de l’Estuaire aux temps de César, on notera
la similitude des 2 reconstitutions.
Clis et César :
Cette carte visualise la différence entre le paysage actuel ( fond de carte IGN) et le rivage lors de la bataille navale de César, matérialisé par la ligne violette, en bordure de la falaise, ainsi que les blockhaus de 1944; on se rend compte des changements Le Menhir de la Turballe était vers la fin du trait violet juste sur le quai du port. Il a fallu attendre quele sable ait booché la rive Nord de la Loire avec La Baule et St Nazaire puis St Lyphard pour que la Barre de la Turballe puisse se développer en donnant vie aux marais salands
2 Textes latins comme annoncés à la fin du chapitre Tronc commun .
Le
B.G. de Jules César
Livre II,
57 av J.C. chap 34
... dans le même temps, P Crassus , qu'il
avait envoyé avec une seule légion, chez les Vénètes ... peuples maritimes qui
habitent les rivages de l'Océan, l'informa que toutes ces nations avaient fait
soumission au peuple romain. ....
...
Comme il était pressé de partir pour l'Italie et l'Illyrique, César les
invita à revenir au début de l'été ... il partit, lui-même pour l'Italie.
Note C.Delas : César cite ce personnage
Crassus, son second, plusieurs fois. Crassus va devenir consul de Rome avec
Pompée l'année suivante, ce qui confirme
son importance.
livre III
chapitres 7 à 16
... Parmi eux se trouvaient, se
trouvaient T Terrasidus, qui fut envoyé
chez les Essuviens, M. Trebius Gallus chez les Coriosolites, Q. Velanius avec T
Silius chez les Vénètes.
8 C'est cette nation des Vénètes qui exerce
sur toutes les régions maritimes de l'Océan, la plus grande autorité parce
qu'ils possèdent des navires très nombreux au moyen desquels ils font du
commerce avec la Bretagne. Ils l'emportent sur les autres peuples par leur
connaissance et expérience des choses de la mer. Sur une côte exposée aux rages
de l'Océan et découverte il y a peu de ports: ce sont eux qui les tiennent si bien que tous les peuples qui
naviguent dans ces parages sont leurs tributaires.
Les Vénètes prennent l'initiative de retenir Silius et Velanius, pensant
recouvrir ainsi les otages qu'ils avaient donnés. Et comme les décisions des
Gaulois sont subites et irréfléchies, leur influence entraina leurs voisins à
retenir pour le même motif, Trebius et Terrassidus. Rapidement, ils s'envoient
des députés; leurs chefs se prêtent le serment mutuel de ne rien faire sans
délibération commune, de supporter ensemble ce que leur réserve le destin; ils engagent les autres nations à rester dans
l'état de liberté qu'ils ont reçus des ancêtres plutôt que de supporter
l'esclavage des Romains. Tous les pays riverains de l'Océan se rallient à leur
décision.: on envoie à Crassus une ambassade commune avec mission de leur
remettre les otages s'il voulait qu'on lui rende ses officiers.
9 Crassus informa César de ces évènements.
Comme le proconsul était au loin il donne l'ordre en attendant son arrivée, de construire de longs navires sur la Loire,
fleuve qui se jette dans l’Océan,de lever des rameurs dans la Province, de
se procurer des matelots et des pilotes. Ces ordres sont rapidement
exécutés ; lui-même, aussitôt que
la situation le permit rejoint son
armée. Les Vénètes et les autres peuples, apprenant l'arrivée de César et
comprenant aussi quel crime ils avaient commis à son égard en retenant et
jetant dans les fers des députés, titre
dont le caractère est sacré et inviolable pour les peuples, commencent à faire
des préparatifs de guerre proportionnés à l'importance du péril; ils pourvoient
surtout à l'équipement des navires. Leur espoir de vaincre était d'autant plus
grand qu'ils avaient confiance dans la configuration de leur pays.: leurs
chemins de terres sont coupés d'estuaires. Ils savaient que l'ignorance où nous
étions des lieux et le petit nombre des ports gênaient notre navigation.
D'autre part, ils comptaient que notre armée, à cause du manque de blé ne
pourrait pas rester là longtemps et en admettant même qu' il en advint
autrement, cependant leur flotte était plus puissante que celle des romains qui
manquaient de navires et n'avaient aucune expérience des lieux où ils allaient
faire la guerre, des gués, des ports et des îles et la navigation était bien
différente dans une mer fermée que dans le vaste l'immense océan. Leur décision
prise lis fortifient leurs villes, y apportent les moissons, assemblent en
Vénétie, où chacun pensait que César ouvrirait les hostilités le plus grand
nombre possible de navires. Ils s'assurent pour cette guerre l'alliance des
Osismes, les Lexoviens, des Namnètes,
des Ambiliates, des Morins, des Diablintes, des Ménapes; ils demandent du
secours à la Bretagne , qui est située en face de ces contrées.
10 Telles étaient, comme nous venons de le
montrer, les difficultés de cette guerre. Cependant de nombreuses raisons
poussaient César à l'entreprendre: l'injure d'avoir gardé des chevaliers
romains, la révolte après la soumission, la trahison après la remise des
otages, la conspiration de tant de peuples; s'il ne châtiait pas ces crimes de
quelques-uns, tout le reste de la Gaule estimerait avoir même licence...
11 ...
Il envoie le légat Q. Titurius Sabinus avec trois légions chez les Unelles,
Coriosolites et les Lexoviens pour les tenir en respect. Il donne au jeune D
Brutus le commandement de la flotte et des navires gaulois fournis sur son
ordre par les Picton, les Santons et les autres régions pacifiées avec l'ordre
de partir au plus tôt pour le pays des Vénètes. C'est là qu'il se rend en
personne, avec de l'infanterie.
Les Villes des Vénètes
12 Presque toutes les villes de cette région
sont situées à l'extrémité de langues de terre et de promontoires. On ne peut y accéder à pied quand la mer
est haute- ce qui se produit deux fois en vingt-quatre heures, ni avec des
bateaux car, à marée basse, ils s'échoueraient sur des bas-fonds. C'était là un
double obstacle au siège des villes; et si par hasard nos énormes travaux,
venant à bout par des terrassements et de digues, de refouler la mer et
d'atteindre le niveau des remparts, amenaient les insurgés à désespérer de
leurs saluts, ils faisaient approcher du rivage de nombreux vaisseaux dont ils
avaient une quantité énorme. Ils transportaient tous leurs biens et se
retiraient dans les villes les plus proches: là ils trouvaient les mêmes
avantages. Cette tactique se renouvela une grande partie de l'été, d'autant
plus facilement que le mauvais temps retenait nos navires et que, sur une mer
vaste et ouverte où les marées sont fortes, les ports rares et
presqu'inexistants, la navigation était très difficile.
Les navires
des Vénètes
13 Les navires des Vénètes étaient construits et
armés de la façon suivante: leur carène était sensiblement plus plate que celle
de nos navires afin d'avoir moins à redouter les bas-fonds et le reflux; les
proues étaient très relevées ainsi que les poupes, ce qui convient à la
violence de vagues et des marées; les navires étaient construits entièrement en
chêne pour supporter n'importe quel choc, n'importe quel assaut; les traverses
avaient un pied d'épaisseur et étaient fixées par des chevilles en fer de la
grosseur d'un pouce; les ancres étaient attachées, au lieu de câble par des
chaines en fer; à la place de voiles, des peaux de cuirs minces et souples soit
par défaut de lins et ignorance de son usage soit, ce qui est plus vraisemblable
parce qu'on pensait que des voiles résisteraient mal aux tempêtes de l'océan et
à ses vents impétueux, et seraient peu capables de faire naviguer des bateaux
si lourds.
n.b. Strabon précise que les planches
n’étaient pas serrées mais que les jours étaient bouchés par des algues qui
gardaientl’humidité
. Quand notre flotte se
rencontrait avec de pareils vaisseaux leur seul avantage était la vitesse et
l'élan de nos rames; tout le reste était en faveur des navires ennemis, mieux
adaptés à la nature de cette mer et à ses tempêtes. En effet l'éperon était
impuissant contre leur coque, tant ils étaient solides - le trait atteignait
difficilement son but à cause de la hauteur et il était difficile de les
harponner. Ajoutez à cela que,
En filant sous le vent lorsque celui-ci
devenait violent, il leur était plus facile de supporter les tempêtes,
qu'ils pouvaient mouiller plus facilement sur les fonds sans craindre autant
d'être mis au sec, enfin que si le
reflux les laissait, ils n'avaient rien à redouter des rochers et des écueils,
toutes choses qui constituaient pour nos navires un danger redoutable.
La victoire
navale de Brutus
14 Après avoir pris plusieurs villes d'assaut,
César voyant l'inutilité de tant de peine - car la prise des villes ne pouvait
empêcher l'ennemi de fuir ni de rester invulnérable- décida d'attendre la
flotte. Dès qu'elle fut arrivée et que l'ennemi
l'eut aperçue, deux cents navires environ, tout prêts et parfaitement
équipés quittèrent le port et
vinrent se ranger face à nos vaisseaux; Brutus qui commandait la flotte, les
tribuns militaires, les centurions dont chacun avait la charge d'un navire,
étaient incertains sur la conduite à tenir et la tactique à employer. Ils
savaient que l'usage de l'éperon était impossible; on avait élevé des tours
mais la hauteur des poupes ennemies les dominaient encore : aussi nos traits,
lancés de bas en haut atteignaient difficilement leur but, et ceux de l'ennemi
avaient toute leur force. Un seul engin nous fut d'une grande utilité : des faux
très tranchantes, emmanchées de longues perches du type utilisé dans les sièges
( Strabon les décrits comme de perches munies de crochet)s.
A peine les cordages qui attachaient les vergues aux mâts étaient-ils happés et
amenés par ces faux qu'on les coupait en faisant force de rames; Après cela
fatalement les vergues tombaient et comme tout dans ces navires dépendait des
voiles et des agrès, ils devenaient inutilisables quand ils en étaient privés.
Le reste du combat n'était plus qu'une affaire de courage: là la supériorité de
nos soldats était évidente, d'autant plus que le combat avait lieu sous les yeux de César et de toute
l'armée, si bien qu'aucune action d'éclat ne pouvait rester inconnue: en
effet l'armée occupait les collines et les
positions dominantes d'où on voyait la mer de près.
15 Une fois ses vergues abattues, chacun de
leurs navires était cerné par deux ou trois des nôtres et nos soldats montaient
de vive force à l'abordage. Dès que l'ennemi eut remarqué la chose, comme déjà
un grand nombre de leurs vaisseaux étaient pris d'assaut, ils cherchèrent leur
salut dans la fuite. Et déjà leurs navires prenaient le vent , quand soudain ce fut une telle bonace que les
vaisseaux étaient immobilisés. Cette circonstance opportune acheva notre
victoire. En effet les nôtres attaquèrent et prirent d'assaut, un à un, les
navires ennemis si bien qu'il y en eu fort peu qui réussirent grâce à la nuit,
à gagner le rivage. Le combat avait duré de la quatrième heure environ jusqu'au
coucher du soleil.
Les Vénètes
font leur soumission
16 Cette victoire acheva la guerre des Vénètes
et de tous les peuples de la côte . En effet tous les hommes jeunes et mêmes
les gens déjà âgés que distinguait leur sagesse ou leur rang avaient été
rassemblés là avec tous les navires dont ils disposaient. Après les pertes de
cette bataille les survivants n'avaient ni lieu de retraite ni moyen de
défendre leurs villes. Aussi se rendirent-ils corps et bien à César. Celui-ci
décida de les châtier sévèrement afin de faire respecter désormais par les
barbares le droit des ambassadeurs. Aussi fit-il mettre à mort tous les
sénateurs et vendre le reste à l'encan.
Le Légat Sabinius, vainqueur de Unelles
17 Pendant
cette guerre des Vénètes, Q. TituriusSabinius arriva chez les Unelles avec les
troupes que César lui avait confiées. Ceux-ci avait à leur tête Viridorix. Il
exerçait le commandement suprême sur les peuples révoltés d'où il avait tiré
une armée fort nombreuse. Peu de jours après, les Aulerques, les Eburovices et
les Lexoviens ayant massacrés leurs sénateurs qui ne voulaient pas la guerre
fermèrent leurs portes et se joignirent à Viridorix.
Texte
de Dion Cassius
Historien grec né en moins 60 ; mort en plus 20
HISTOIRE ROMAINE
de DION CASSIUS, L.
XXXIX.
Firmin Didot. - Paris
1855.- Tome 4 (de 57 à 48 avant JC). Traduction Etienne Gros.
…… 40. Sous le consulat de
Marcellinus et de Philippe, César se mit en campagne contre les Vénètes, qui
habitent sur les bords de l'Océan : ils s'étaient emparés de quelques soldats
romains, envoyés sur leurs terres pour fourrager. Des députés vinrent les
réclamer : les Vénètes les retinrent aussi, dans l'espoir d'obtenir en échange
les otages qu'ils avaient donnés; mais César ne les rendit pas. Il envoya même
des détachements dans diverses directions, les uns pour ravager les terres des
peuples qui avaient soutenu la défection des Vénètes et les empêcher de se
secourir mutuellement, les autres pour observer ceux qui étaient en paix avec
les Romains, afin de prévenir de nouveaux mouvements; puis, il marcha en personne contre les
barbares, après avoir fait construire dans l'intérieur des terres des barques qui pussent, d'après ce qu'il
avait entendu dire, résister au flux et au reflux de la mer. Il les fit descendre par la Loire; mais
l'été presque tout entier s'écoula sans qu'il remporta aucun avantage. Les villes des Vénètes,
bâties dans des lieux fortifiés par la nature, étaient inaccessibles :
l'Océan, qui les baignait presque toutes et dont les eaux montent et
s'abaissent tour à tour, en rendait l'attaque impossible pour les troupes de
terre et même pour les vaisseaux, au moment du reflux, ou lorsque les flots
vont se briser contre le rivage. César fût dans le plus grand embarras jusqu'au
jour où Décimus Brutus se rendit de la
mer Intérieure auprès de lui avec des vaisseaux légers. Il ne comptait pas
sur le succès, même avec le concours de ces vaisseaux : heureusement les
barbares ne s'en inquiétèrent nullement, à cause de leur petitesse et de leur
mauvaise construction; et ils furent vaincus.
41. Nos vaisseaux
étaient légèrement construits et pouvaient voguer avec célérité, comme l'exige
notre manière de naviguer, tandis que ceux des barbares, que la continuité de
la marée exposait souvent à rester à sec et qui devaient être en état de
supporter le flux et le reflux, étaient beaucoup plus grands et beaucoup plus
lourds. Aussi les Vénètes, qui n'avaient
jamais eu affaire à de pareils vaisseaux, en conçurent, d'après leur apparence,
une mauvaise opinion et les attaquèrent pendant qu'ils étaient encore en
mouillage, espérant les couler bas sans la moindre peine avec leurs avirons.
Ils étaient poussés par un vent abondant et rapide, dont les voiles
recueillaient d'autant plus avidement toute la force qu'elles étaient en peau.
42. Tant qu'il souffla, Brutus
n'osa s'avancer contre les Vénètes, autant à cause du nombre et de la grandeur
de leurs navires qu'à cause du vent qui les favorisait, ou parce qu'il
craignait quelque piège. Il se disposa même à abandonner complètement ses
vaisseaux et à se défendre contre leurs attaques sur terre; mais le vent tomba tout à coup, les flots se calmèrent,
les navires des barbares, loin d'être poussés avec la même rapidité par les
rames, étaient en quelque sorte rendus immobiles par leur pesanteur. Brutus
alors reprit courage et fondit sur les
ennemis : tantôt courant autour d'eux ou s'ouvrant un passage à travers leurs
lignes ; tantôt s'avançant ou reculant, comme il voulait et autant qu'il le
jugeait convenable; combattant ici avec plusieurs vaisseaux contre un seul, là
avec autant de vaisseaux qu'en avaient ses adversaires, d'autres fois avec un
nombre moindre, il leur faisait beaucoup de mal, sans courir le moindre danger.
Avait-il le dessus quelque part, il les pressait sur ce point, brisait et
submergeait leurs vaisseaux, ou bien il les escaladait de plusieurs côtés à la
fois, attaquait les hommes qui les montaient et en massacrait une grande
partie. Craignait-il d'avoir le dessous, il battait facilement en retraite,
et, en définitive, il avait toujours l'avantage
43. Les Vénètes, qui ne
se servaient pas de flèches et qui ne s’étaient point pourvus de pierres, ne
.croyant pas en avoir besoin, repoussaient jusqu'à un certain point les Romains
qui combattaient de près; mais' ils ne pouvaient rien contre ceux qui se
tenaient même à une courte distance. Ils étaient blessés ou tués, sans pouvoir
se défendre : leurs vaisseaux étaient brisés par le choc des vaisseaux ennemis,
ou consumés par les flammes ;
quelques-uns même, dépourvus d'équipage,
furent attachés à ceux des Romains et traînés à la remorque. A la vue
d'un tel désastre, les soldats de la flotte barbare qui avaient survécu se
tuèrent pour ne pas être pris vivants, ou s'élancèrent dans la mer, afin d'y
trouver la mort sous les coups des vainqueurs en cherchant à escalader leurs
vaisseaux, ou de toute autre manière. Ils ne leur cédaient ni en courage ni en
audace, mais trahis par l'immobilité de leurs vaisseaux, ils furent réduits à
la dernière extrémité car les Romains, dans la crainte que quelque vent ne vînt
à s'élever encore et à mettre leur
flotte en mouvement, dirigeaient de loin contre eux des perches armées de faux
qui coupaient les cordages et déchiraient les voiles. Les Vénètes, forcés de
soutenir, pour ainsi dire, un combat de terre sur leurs navires contre les
Romains, qui pouvaient en toute liberté faire usage de leurs vaisseaux,
périrent pour la plupart : le reste fut pris. César fit mettre à mort ceux qui
occupaient le premier rang et vendit les autres.
44• Après cette expédition,
il tourna ses armes contre les Borins et les Ménagions, leurs voisins : il
espérait les effrayer- par le bruit de ses exploits et les subjuguer sans
peine; mais il n'en dompta pas même une partie……
Extrait
de Strabon
Géographe
et historien grec (né vers -56 , + entre
+20 et 25 ). qui n’a pas visité la
Gaule.
IV
4-1
… Après les tribus déjà nommées, viennent les Belges qui vivent au bord de
l’Océan. Ce sont tout d’abord les Vénètes adversaires de César au cours de
la Bataille navale. Ils voulaient en effet l’empêcher d’avoir des relations
maritimes avec la Bretagne, car ce pays était pour eux un lieu de commerce.
Mais César remporta facilement la bataille navale. Il ne se servit pas
d’éperons car la coque des Vénètes était épaisse, mais quand les Vénètes se
dirigèrent vers lui, les romains abattirent leurs voiles à l’aide de perches
munies de crochets. En raison de la violence du vent, leurs voiles étaient en
cuirs et maintenues par des chaînes au
lieu de cordes. L’importance des marées nécessite que leurs bateaux aient des
fonds large, des hautes proues et des hautes poupes. Ils sont construits en
chêne, qu’ils ont en abondance. Ils ne serrent pas trop les planches entre
elles, laissant ainsi des jours. Mais ils comblent ceux-ci d’algues pour éviter que le bois, par manque
d’humidité ne devienne sec une fois rentrés. Les algues sont en effet humides, tandis que le chêne
est un bois sec et sans résine
Ce sont les Vénètes, je pense, qui
établirent la colonie qui se trouve sur l’Adriatique. En effet presque tous les
Celtes qui sont en Italie viennent d’au-delà des Alpes comme les Boii et les
Senons. Mais, à cause de la ressemblance, on les appelle des Paphlagoniens. Je
n’affirme rien toutefois. Pour de telles questions, il vaut mieux se tenir à ce
qui est probable. Puis viennent les Osismes que Pytheas appelle Ostimes. Ils habitent sur une sorte de promontoire,
s’étendant probablement très loin dans l’Océan mais sans doute moins loin qu’il
ne l’a dit, lui et ceux qui se sont fiés à lui.
Pline
le jeune dans son Histoire Naturelle
mentionne dans son livre XXXII que l’Océan
dans le secteur des Vénètes avait de nombreuses îles dites vénétiques.
Petit
Supplément
Par C.Delas
Ces lignes traitent de questions qui
sont connexes à notre sujet mais sont susceptibles de satisfaire des esprits
curieux. On peut en qualifier certaines d’historiques, d’autres de folkloriques,
d’autres de farfelues mais peu importe.
D’abord un petit commentaire sur les 3 premières lignes de cette étude sur
la bataille des Vénètes au sujet des dates : elles sont en calendrier
grégorien ; elles sont la conséquence de l’importance du zéro en
arithmétique/ algèbre. Elles n’ont aucun rapport avec l’évènement. Jacques
Cassini, sous Louis XV, astronome du Roy, qui manipulait les nombres positifs
ou négatifs dans ses calculs, avait besoin du zéro pour compter entre 1 et -1
et donc de l’année zéro : avant le 1 jan 1 il ne met pas le 31 dec -1 mais
le 31 dec 0, comme dans toute énumération. Cela introduit un décalage d’une
année.
Le B.G. et le site de la Bataille Navale
Dans le livre III chap 7,8,9 César donne des informations indirectes sur la Géographie, selon son habitude, accentuée ici par ses connaissances sur le sujet plutôt vagues.
1 L'Affaire commence en Anjou, avec Crassus qui est à court de blé et veut en réquisitionner de force. Les Vénètes profitent de ce mécontentement pour se rebeller en entrainant leurs voisins Armoricains du Sud comme du Nord.
Les Pictons et les Saintons, 2 peuples alliés, habitants au Sud de la Loire, restent fidèles .
2 Dès le début César divise son armée en 4+1 morceaux :
Titurius part chez les Trévires bloquer germains et Belges
Crassus est expédié en Aquitaine au Sud des Saintons
T Sabinus va chez les Armoricains du Nord et ce qui sera la Normandie
Lui , avec 3 ou 4 légions s'attaque au centre où sont les Vénètes, adossés à l'Océan
3 Brutus est chargé dans un premier temps de constituer la flotte sur la Loire avec les Pictons puis ensuite , après avoir été renforcé par des légionnaires de détruire la flotte vénètes.
N.B. les différences entre les textes de César et Dion Cassius font penser que César n'était pas sur les lieux lors du début de l'engagement naval qui a (?) du se faire plus tôt qu'il l'avait estimé -- il devait avoir assisté à l'embarquement de ses légionnaires vers St Nazaire.
Ensuite un
petit rappel de la piraterie en ces temps et de la terreur
qu’’elle inspirait encore aux Romains :
la LOI du Sénateur
GABINUS, ami de
Pompée en 67 avt J.C. contre la
Piraterie qui sévissait dramatiquement en Méditerranée. Cette loi plutôt
rejetée par les Sénateurs mais votée par César, a permis à Pompée, avec 500
vaisseaux de guerre, de l’infanterie, de la cavalerie de venir à bout de ce
fléau: en 4 mois la Méditerranée était redevenu disponible pour le commerce. En
outre César devait se souvenir qu’il avait été prisonnier des pirates de
Mithridate pendant plus de 4 mois en 78 B.C., selon Suétone. Il est plausible
que César, dans sa tête, ait fait un amalgame entre les gens de la Mer dont les Vénètes et les pirates, quels qu’ils soient.
Contes et Légendes
Nous allons introduire ici les
célèbres silences de César et qui
émaillent le récit du B.G. quand les faits qu’il évoque ne l’arrangent pas et
ajouter quelques contes ou légendes
voire historiettes :
Dans le cas présent on part de cette homonymie
ancienne entre les Vénètes de Venise et ceux de Vannes, 2 peuples de la mer que
certains disent avoir une origine commune avec les polonais Wendes sur la Mer Baltique.
D’autres
disent que les Vénètes de Venise viendraient de Troie, comme les Romains
et vers la même époque et pour les mêmes raisons, entrainés par Anténor, un
chef troyen frappé d’exil, et donc, nos Gaulois
seraient également des exilés, comme les Romains.
Strabon, dont le texte est joint
ci-avant, fait partie de ces adeptes. Il a fait une carte fortement inexacte de la Gaule armoricaine et bâtie sur un mauvais
modèle( terre plate) et rapporte que les Vénètes de Vannes étaient sans
doute apparentés à ceux de Venise et d’origine troyenne ? avant de les
traiter de Belges ?
En fait nos Vénètes étaient des gaulois,
arrivés pendant les invasions celtiques et qui ont submergé les Ligures ou anciens habitants de la
Gaule comme l’écrit Camille Jullian( chap IV histoire de la Gaule), alliés des phocéens, autres grecs qui
habitaient là où il y a commerce. Vers 600, dit Camille Jullian, ils trouvèrent
le cuivre et le fer étamé.
Quelle langue parlaient nos
Vénètes ? sûrement le gaulois mais lequel ? Les gens des mégalithes
qui avaient proliféré 2000 ans plus tôt
avaient-ils laissé des traces ? Un de mes amis de Carnac m’a assuré
que le breton de Carnac/Vannes était assez particulier ?
Je ne reviens pas sur ces Ligures
puisque César ne les mentionne pas, pas plus que Corbilo, leur site métallurgique .Mais
je ne résiste pas à la tentation de mentionner
Pytheas, astronome phocéen de
Marseille qui, pour autour des années -340 -325 B.C. avec comme but officiel de
ramener de l’ambre, MAIS pour prouver
que la terre est ronde, est allé jusque vers Thulé au voisinage du cercle
polaire. Sans boussole , il connaissait l’Etoile Polaire
En route il a dû s’arrêter pour faire de
l’eau après sa traversée du Golfe de Gascogne, sans doute chez les Ligures, en
suivant la route de prédécesseurs, à l’embouchure de la Loire voire à Corbilo ?
car il dit être passé au large des Ostimes, les Osismes de César, au bout du
monde ( vers Quimper).
Ces remarques fournissent un jalon pour
faire remonter l’arrivée des Vénètes à ces temps là.
Les œuvres de Pythéas ont été détruites
ou perdues. Il faudra attendre Magellan via Pigafetta, un peu après l’an 1500
pour redémontrer que la terre est ronde,
ce qui nous semble évident aujourd’hui, avec nos satellites.
Erathosthène, qui admire Pythias, avait calculé le diamètre de la terre avec
les possibilités d’alors c’est à dire à peu près, mais quand même à 2% près.
Strabon très classique, le dénigre avec son école aristotélicienne et avec sa
carte du monde connu ; une carte très fausse à nos yeux parce que centrée
sur Rome et avec une vision plate, en 2D, flottant sur l’eau, dont je ne
présente pas la carte.
Mais du coup ces adversaires nous
ont rapporté des bribes de l’œuvre de Pythias .
La reproduction, si elle est juste, de
la galère de Pytheas ne ressemble pas à un bateau vénète selon J. Y.Jarno aux
temps de César , mais elle aurait
franchi le Golfe de Gascogne.
.
Galère de Pythéas dans les glaces du Groenland
Les AFFAIRES
La dernière remarque qui suit n’est ni un conte ni une légende :
César ne dit mot de ses ambitions commerciales, avec le commerce de l’étain
comme le reste tout au long du B.G. pour ses
affaires lucratives hors rapine et taxe. Il ne parlera pas de ses bonnes
affaires, pourtant comme le souligne Strabon (IV-4-1 ) c’est le nerf de la
guerre pour César. Elles sont à la base
de la Guerre des Gaules et le commerce de l’étain (s.l.) en est un, avec ses routes
par Boulogne, par la Seine-Vix qui est la plus ancienne et enfin par la Loire
où l’utilisation de ce métal se répand, surtout comme métal étamé,
spécialité biturige et namnète.
J.Y. Jarno est de cet avis c’est-à-dire
que César, c’est-à-dire que l’appropriation de ce commerce de l’étain était un
des motifs de cette guerre.
En outre il ne faut pas minimiser les écrits de Napoléon Ier qui trouve que la
vengeance de César s’apparente à un génocide
non justifié par ce que César a écrit. Si ce dernier voulait mettre la
main sur ce trafic juteux et stratégique, le plus simple était la disparition
des Vénètes. Cela fait partie des silences de César.
Une historiette pour illustrer les
progrès de nos connaissances bretonnes avec Gavrinis + Barnenez :
Nous allons
citer le Cairn de Barnenez ,mentionné
précédemment, invisible jusque dans les années 1950 dans un paysage de collines
couvertes de landes de genets et d’ajoncs, et découvert en 1955 par un
entrepreneur local qui avait passé un contrat de fourniture de caillasses pour
un chantier routier, mais qui fut ruiné
par cette découverte.
Il n’est pas chez
les Vénètes, mais en Bretagne du Nord, daté de 4500 avant JC (mille ans avant la pyramide de Chéops) , et,
avec ses onze monuments funéraires internes,
ses 3000 à 4000 t de pierres plates en dolérite et granit, et son
emplacement qui domine la Baie de Morlaix. Il présente une étonnante illustration de ce que les hommes du
Néolithique moyen pouvaient accomplir.
Il faisait partie
d’un ensemble de plusieurs constructions
similaires, presqu’entièrement détruites au cours des siècles, et
constitue avec les cairns de Geignog à Landéda (Finistère) et de l’ile Carn à
Ploudalmézeau les monuments les plus
anciens de France. L’ensemble de la
façade atlantique en aurait été couverte et il ne resterait qu’un cairn
similaire et aussi ancien, sur les bords de la Baltique
On retrouve en réduction un tumulus semblable
à Gavrinis en plein Golfe du Morbihan mais à faible altitude, mais cela
explique notre intérêt.
FIN